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25/1/12 Wall Street Journal
          Les délires si français de Mme Lagarde !

Christine Lagarde a prononcé à Berlin un discours avertissant que, sans une action décisive, le monde risquait une nouvelle Grande Dépression. Le lendemain, le FMI a publié son estimation de croissance mondiale pour 2012 à 3,3% et averti que la crise de la dette de l'Europe pourrait faire couler l'économie mondiale. Son discours alarmiste est une façon détournée de demander une augmentation du Fonds.

«Un monde global a besoin de pare-feu mondiaux», a averti Mme Lagarde, un discours que son auditoire avait probablement entendu plusieurs années auparavant de la part des directeurs généraux du Fonds. (1) Mais ce qui l’a vraiment emporté dans son discours est un plaidoyer pour accroître le financement du F.M.I. «Nous estimons notre besoin global de financement potentiel à un trillion de dollars", a-t-elle dit. «Pour jouer son rôle, le FMI aurait besoin de mobiliser jusqu'à 500 milliards de dollars en ressources de prêts supplémentaires

Les conseils prodigués par Mme Lagarde et ses collègues ne sont pas ceux que l’on attendait. Elle a posé la question suivante : «Pourquoi l’année 2011 s'est-elle si mal passée ? », et elle a répondu en disant que c’était «un manque de détermination collective à parvenir à une solution coopérative.» C'est le contraire auquel on a assisté tout au long de la crise, tant au niveau du ministère des Finances français que maintenant au sein du Fonds.

La réalité est que les véritables efforts de l'Europe afin d’ «atteindre une solution coopérative» ont conduit à une succession de sommets dits de la dernière chance de l’U.E. - nous avons depuis longtemps arrêté de les compter - et qui ont produit des compromis mais jamais une résolution. Ces échecs sont le résultat d'un mauvais diagnostic et de mauvais traitements, tels que de confondre une crise de solvabilité avec un problème de liquidité. (2)

Le dernier remue-méninges du FMI est d'amener les pays qui peuvent encore se permettre de dépenser à le faire pour pallier les réductions des dépenses dans des pays comme l'Italie et la Grèce, une sorte de keynésianisme transfrontalier.

Mais comme la dégradation, la semaine dernière, par Standard & Poor’s du Fonds européen de stabilité financière (F.E.S.F.) l’a montré, il y a une limite pour les pays encore solvables en Europe. C'est d'autant plus vrai que l'austérité fiscale imposée par le F.M.I. à ses clients les plus démunis tue la croissance économique. Aucun plan d'austérité ne va résoudre les malheurs de la dette italienne si son économie se contracte de 2,2% cette année, comme le F.M.I. le prévoit à présent.

Dans son discours, Mme Lagarde a fait les hochements de tête obligés en faveur d’une « forte croissance » et de « réformes structurelles », mais elle est restée muette sur ce que ces réformes pourraient être (3), ou sur ce qu'elles peuvent signifier pour le modèle européen tant vanté de l’économie sociale de marché. Peut-être qu’un directeur général du F.M.I. avec des idées claires sur ce qui fait croître une économie mériterait de la remplacer. La première chose attendue d'un tel directeur serait de réduire de moitié la taille du Fonds, et non pas de le doubler.

Wall Street Journal

Notes du traducteur :

(1) La répétition du message en faveur de plus d’argent levé auprès du contribuable mondial n’est pas le fait du hasard avec la nomination de Français à la présidence de cette organisation. Sur les onze présidents de ce « machin » instauré en 1946 et qui sont tous européens par tradition, cinq sont Français : Pierre Paul Schweitzer (1963-1973), Jacques de la Rosière (1978-1987), Michel Camdessus (1987-2000), Dominique Strauss-Kahn (2007-2011) et Christine Lagarde (2011- …) Sur les 66 ans d’existence de cette organisation, 37 ans ont été sous l’ère d’un Français. Cela laisse forcément des traces dans la maison.

(2) Une allusion à la Grèce et à l’erreur de diagnostic des dirigeants européens que je n’ai cessé de souligner depuis le début de la crise européenne en 2010. La Grèce entraîne par sa faillite non déclarée la zone euro dans une longue période de stagnation économique.

(3) La crise européenne est une crise de l’Etat- providence financé à crédit. Il faut tout simplement diminuer de moitié les dépenses publiques et les réglementations pour relancer la croissance en Europe. Une chose dont ne veulent pas entendre parler les Français, qui pensent que l’origine de la crise provient d’une dérive de la finance. Tant que le diagnostic ne sera pas établi, il n’y aura pas de cure possible et les Français éliront toujours des présidents socialistes : qu’ils s’appellent Nicolas, Marine, François et consorts ne changera absolument rien à notre avenir glauque.


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