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29/3/08

Claude Reichman

Vivement la crise !

« C’est le moment de réformer », titre bravement Le Figaro Magazine, tandis que Marianne fait sa couverture sur « Le président impuissant ». Voilà un excellent résumé de la situation. Au conditionnel près. Ce serait en effet le moment de réformer si le président n’était impuissant. Et impuissant, il l’est depuis son installation à l’Elysée. Sarkozy s’est assis dans le fauteuil de Chirac avec pour seul programme politique la célèbre formule « Ôte-toi de là que je m’y mette ! » « C’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire …Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme », aurait répliqué Cyrano de Bergerac. Mais il n’y a plus de polémistes politiques, pas plus qu’il n’existe de presse libre en France. Et pourtant c’est depuis la campagne présidentielle de Sarkozy que les médias de droite - ou supposés tels - auraient dû mettre en garde le candidat, dont les discours enflammés n’étaient faits que d’idées générales (souvent bienvenues) sans qu’aucune proposition concrète ne vînt les appuyer : A tant promettre la rupture, ce serait avec ses partisans qu’elle se produirait si les actes ne devaient pas confirmer les paroles. Nous y sommes.

Pour dire les choses comme elles sont, la seule solution au problème français consisterait à organiser dès à présent une nouvelle élection présidentielle. Après avoir supprimé la barrière des 500 signatures pour permettre qu’entrent dans le débat et dans la compétition électorale des personnalités nouvelles issues de la société civile et non du petit monde politicien. Car il est inutile de se cacher la vérité : après moins d’un an de présidence, Sarkozy est carbonisé. Non parce qu’il n’a pas encore réussi. Mais parce qu’il n’est plus crédible. Il l’avoue d’ailleurs en tentant de verrouiller l’UMP pour résister à la montée en puissance du Premier ministre, François Fillon, qui, politicien des plus ternes, ne brille que par comparaison avec un président déconsidéré.

La France n’a pas le choix. Elle doit tailler dans ses dépenses publiques pour les ramener au moins au niveau de l’Allemagne, notre principal client et fournisseur. Nous dépensons 163 milliards d’euros de trop par rapport à notre voisin d’Outre-Rhin. C’est dire l’ampleur de l’effort à accomplir. Voilà plus de trente ans que notre pays accumule les déficits et ne boucle ses budgets qu’à coups d’emprunts. Vient un moment où il faut bien régler la facture. Ce moment est arrivé, en raison notamment de nos engagements vis-à-vis des autres pays de la zone euro. Chacun peut alors comprendre le terme de "faillite" employé par François Fillon pour caractériser la situation de l’Etat. Car la France est actuellement dans l’impossibilité de payer ne serait-ce que les intérêts de sa dette sans emprunter à cet effet.

Dans la classe politique, c’est le silence sur ce problème gravissime. Or si l’on veut faire accepter par les citoyens les sacrifices qui s’imposent, il faut leur expliquer les véritables raisons de cette situation, leur présenter un plan de bataille cohérent et leur faire entrevoir une issue moins désespérante que la dérive du chien crevé au fil de l’eau à laquelle s’apparente notre politique actuelle.

C’est parce qu’ils sentent bien qu’aucun des hommes politiques actuels n’est capable de concevoir, de diriger et de gagner cette grande bataille que les Français sont si pessimistes et si repliés sur eux-mêmes. « Les hommes, a écrit avec beaucoup de lucidité Jean Monnet, n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » Alors, « les choses étant ce qu’elles sont », vivement la crise !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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