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20/9/11 Maxime Tandonnet
          Quand les socialistes voulaient renvoyer
                                 les immigrés !

Au cours du long débat des primaires socialistes, jeudi 15 septembre, il ne me semble pas avoir entendu l’un des six candidats évoquer, même de manière allusive, un sujet qui préoccupe de nombreux Français, y compris dans leur électorat: l’immigration.

Pourtant, les socialistes français n’ont pas toujours fermé les yeux sur cette question. Il fut même un temps où certains d’entre eux ne mâchaient pas leurs mots. Jacques Attali, dans Verbatim, tome I, page 217, rend compte d’une discussion en Conseil des ministres le 28 avril 1982. Je cite ci-dessous le passage du livre de Jacques Attali :

« Gaston Defferre (ministre de l’Intérieur) : Ils apportent la délinquance, et la population va réagir, le racisme va se développer ; il faut expulser les clandestins.

Charles Hernu (ministre de la Défense) : Chez moi, il y a des gens qui s’arment…

Alain Savary abonde dans leur sens : L’école ne peut rester comme ça, ouverte à tous les vents.

Jean-Pierre Chevènement proteste : Ce qui est dit ici conduit à glisser sur la pente dangereuse d’un discours de droite.

François Mitterrand lit ostensiblement son courrier. En réalité il ne manque pas une miette de la conversation.

Laurent Fabius demande que l’on distingue les étrangers en situation régulière et les autres. Charles Fiterman ne veut pas d’un renvoi massif.

Algarade entre Gaston Defferre et Nicole Questiaux.

Gaston Defferre : Moi, je ne suis pas conseiller d’Etat et je n’habite pas Neuilly.

Remarque très injuste. Nicole Questiaux en est profondément blessée. D’autant plus que la plupart des ministres, et non des moindres, sourient.

Robert Badinter accepte l’idée d’un renvoi massif des immigrés en situation illégale et la création de parcs administratifs de transit.

François Mitterrand est choqué : Parcs administratifs ? Pas question ! Il faut intégrer les étrangers en situation régulière et être implacable avec ceux qui essaient d’entrer illégalement. Il faut certes expulser beaucoup plus les illégaux, mais pas de force

(Fin de citation)

Intéressant n’est-ce pas ? Ils étaient divisés mais, au moins, débattaient sans états d’âme. Par la suite, dans les années 1980 et 1990, une sorte de chape de pudibonderie est tombée sur le sujet, désormais le plus souvent ignoré par la classe dirigeante, diabolisé, refoulé aux extrêmes.

Or cette question est vitale pour l’avenir d’une nation. Je n’ai jamais compris, ni comment, ni pourquoi la question du contrôle, de la limitation de l’immigration avait été maudite, érigée en tabou, en interdit, délaissée aux seuls provocateurs ; et au contraire, la reconnaissance des bienfaits sans nuance de l’immigration, hissée au rang de dogme idéologique digne d’une société totalitaire.

Quand on fait venir, quand on laisse entrer à l’aveuglette des migrants sans que leur soient assurés un travail honnête, légal, des conditions de logement décentes, des infrastructures scolaires, sanitaires, sociales adaptées à leurs familles et à leurs enfants, sans qu’eux-mêmes ne disposent des bases linguistiques, culturelles, coutumières, nécessaires à leur adaptation à un nouvel environnement, on répand les germes d’une déstabilisation profonde de la société d’accueil.

C’est bien ce que voulait dire Gaston Defferre, entre parenthèses, un grand chef et authentique, de la Résistance française.
 

Evidence ? Peut-être. Mais il est du devoir de tout homme public responsable et courageux, qu’il soit de droite ou de gauche, intéressé par autre chose que sa bobine dans les medias et son auréole de pureté, de le dire malgré le risque de la diabolisation, et de tout mettre en œuvre pour en tirer les conséquences.

Maxime Tandonnet


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