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29/10/11 Maxime Tandonnet
          Le serpent de mer de l’Europe fédérale !

Fédéralisme, Europe fédérale, euro-fédération. Depuis quelques jours, la classe dirigeante et médiatique se déchaîne sur le thème d’une fédération européenne présentée comme inéluctable, produit de la crise de l’euro dans une fuite en avant précipitée. On a l’impression d’un serpent de mer qui rejaillit.

Ce qui est absolument sidérant, c’est l’unanimité absolue autour de cette solution : dirigeants politiques, savants, experts, professeurs, journalistes… Les grandes voix dissidentes républicaines se sont tues. Ainsi, la fédération européenne naîtrait d’une crise financière la rendant inévitable, et non d’un choix politique, démocratique, populaire. Je suis profondément choqué de constater que les partis républicains, les partis de gouvernements, sont écrasés de silence sur le sujet, comme terrorisés et que le monopole de la contestation de ce processus est abandonné aux deux extrêmes.

Le battage en cours, le chantage à l’effondrement général, au chaos, tout cela rappelle le climat détestable qui a précédé le référendum de 2005. Mais comment ne pas voir qu’un monstre étatique européen, une fédération fondée sur la peur, la peur de la crise, la peur de l’effondrement de l’euro, de la catastrophe universelle, sans l’adhésion profonde des peuples européens, est vouée à la déchirure et à l’échec.

Créer une fédération, des institutions fédérales intégrées, ce n’est pas si compliqué. Il suffit de réformer les traités comme on le fait tous les cinq ou six ans. Obtenir que les peuples se rassemblent, soient unis dans leur âme et conscience, s’aiment et soient soudés par une amitié et une solidarité profondes, c’est cela qui importe et qui est infiniment plus difficile. Or, c’est le contraire de ce qui se produit aujourd’hui, plus on intègre les institutions, et plus les sujets de frictions et d’incompréhension entre les peuples s’aggravent comme on le voit en ce moment avec la Grèce!

Des géants politiques composés de peuples différents, de langues nationales différentes, sans leur adhésion profonde, qui se sont achevés dans le désastre, y compris en Europe et alentour, l’histoire n’en manque pas, ne serait-ce que l’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman, l’URSS, la Fédération yougoslave… On ne fera pas d’Europe sans les nations, on ne fera pas d’Europe sans la démocratie, sans la volonté éclairée et affirmée de ses peuples. On fera peut-être une sorte de Léviathan fédéral aveugle, impersonnel, bureaucratique, mais qui n’aura plus aucun rapport avec l’Europe, son histoire, sa civilisation, la richesse de ses cultures nationales. C’est ce que Charles de Gaulle n’a jamais cessé de répéter. Quand le bon sens et le réalisme reviendront-ils?

Maxime Tandonnet



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