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15/6/11 Maxime Tandonnet
                  La fin des donneurs de leçons !

La plupart des éditorialistes, commentateurs, intervenants de tout poil disent toujours à peu près la même chose, accaparent la radio, la télévision, les éditoriaux des quotidiens et des hebdos, imposant une sorte de monopole idéologique. Sur l’Europe, l’immigration, la sécurité, la politique, la société internationale, leur voix est absolument monolithique, banale, interchangeable.

C’est étrange, nous sommes dans une société qui voue un culte à la diversité des origines, mais qui renonce , sans le dire, au pluralisme des idées, au débat, à la démocratie. Certes quelques voix dissidentes se font parfois entendre, gages de liberté d’expression, mais à titre d’exception, présentées comme marginales et non comme vecteurs d’une ligne crédible et respectable, voix d’ailleurs rapidement étouffées.

Or, le temps des maîtres penseurs est peut-être en train de prendre fin. Un jour, plus personne n’écoutera ou ne lira les experts moralisant, guides de la pensée, donneurs de leçon professionnels, s’exprimant à l’aune de leur intelligence prétendue supérieure. Internet est une fantastique invention, sans doute le vecteur d’un bouleversement aussi profond, aussi fondamental que l’imprimerie dont l’apparition a entraîné la Renaissance et bouleversé l’histoire de l’humanité. L’imprimerie a ouvert l’accès à la lecture, donc à la culture à la connaissance. Internet ouvre une nouvelle étape qui est celle de l’égalité dans le droit à l’expression, l’écriture.

Les sites et les blogs de tous ordres foisonnent où chacun dit ce qu’il a à dire. Moi, je ne supporte plus l’ironie des « grands », des puissants du monde politique ou universitaire ou médiatique qui parlent de Madame Michu ou de Monsieur Dugenou avec un sourire au coin des lèvres. Je suis intimement convaincu qu’il y a plus d’intelligence, plus de savoir et d’expérience personnelle dans les propos de tout un chacun que dans les commentaires savants de nos porteurs de vérité. Le rôle des universitaires, des chercheurs et des journalistes est bien sûr vital, fondamental, mais il consiste, à mon sens, à fournir des outils de réflexion en transmettant un savoir, une information, une méthode, mais pas à forger la pensée des autres, ni à donner des leçons, encore moins à fabriquer une morale.

Maintenant cette révolution n’est pas acquise. Je lisais, dans je ne sais plus quel journal que de grandes sociétés américaines voulaient remettre en cause l’égalité d’accès à Internet : les places sur Google par exemple seraient attribuées au plus payant, ce qui signifierait la fin du grand espoir que j’évoquais. Bien sûr on en est loin, mais c’est la preuve que la liberté nouvelle n’est pas gagnée une fois pour toutes et qu’il va falloir se battre pour la défendre. En dehors de la diffusion d’images ou de propos criminels, bien entendu, la liberté d’expression sur Internet et l’égalité d’accès à cet espace de liberté doivent être considérés comme définitifs et non négociables.

Maxime Tandonnet



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