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25/12/08 Claude Reichman

Pour sortir de la crise, commençons par renvoyer ceux qui nous y ont plongés !

Perte de confiance, paralysie, Grande Dépression : les mots sont forts, surtout dans la bouche du chef économiste du Fonds monétaire international, le Français Olivier Blanchard, interrogé par le journal Le Monde. Ils traduisent l’angoisse des dirigeants de toute la planète face à une situation qu’ils n’ont jamais connue et sur laquelle les recettes habituelles semblent sans aucun effet.

« Si réparer le marché du crédit privé prend trop de temps, indique Blanchard, il faut que les Etats soient prêts à se substituer, au moins partiellement et temporairement, au crédit privé. » Et d’ajouter : « Il vaut mieux que la relance intervienne par l’augmentation des dépenses publiques que par la diminution des recettes publiques. Autrement dit, les constructions de ponts ou les rénovations d’écoles risquent d’avoir plus d’effets sur la demande que des réductions d’impôts que les ménages sont tentés de transformer en épargne de précaution. »

Si telle est la voie choisie par les Etats, on n’est pas près de sortir de la crise. Les propos du chef économiste du FMI traduisent la formidable défiance des élites mondiales à l’égard du peuple. Celui-ci ne songerait qu’à consommer des produits dont il n’a pas vraiment besoin ou à arrondir sa pelote en prévision des mauvais jours. En réalité, le peuple agit avec beaucoup de rationalité quand on lui en laisse le loisir. C’est parce que l’Etat lui vend de force des produits qu’il n’a jamais demandés qu’il se réfugie dans une attitude d’expectative et de crainte pour l’avenir.

Certes les problèmes sont différents selon les pays. Les Etats-Unis ont souffert d’une formidable accumulation de crédits non gagés afin de maintenir un niveau de consommation que leur production ne permettait pas. Quant aux Européens, ils souffrent presque tous d’Etats providence surdimensionnés et destructeurs de richesses qui étouffent la production et la consommation.

Curieusement, les Etats-Unis subissent eux aussi, sans le savoir, le poids de l’Etat providence. Il est habituel d’entendre de prétendus spécialistes gémir sur la souffrance des Américains privés, selon eux, d’assurance maladie. En réalité, la plupart d’entre eux bénéficient d’une telle assurance, en théorie « offerte » par leur entreprise. Chacun devrait pourtant savoir qu’aucune entreprise n’offre quelque cadeau que ce soit mais ajoute aux salaires des éléments non directement monétaires tels qu’une assurance maladie ou un plan de retraite. Ces « avantages » ne sont en fait que des éléments du salaire – qu’on appelle « différés » dans la phraséologie collectiviste – et ils ne sont attribués qu’en fonction de la productivité du salarié. Autrement dit si les grandes entreprises peuvent « offrir » des avantages à leurs employés, c’est seulement parce que ceux-ci bénéficient en fait de salaires élevés auxquels ne peuvent prétendre ceux qui travaillent dans de petites ou de moyennes entreprises moins prospères.

Pour les Etats-Unis, la bonne solution, vers laquelle ne semble pas s’orienter M. Obama, consisterait donc à instituer le salaire complet et à laisser chacun s’assurer librement, ce qui dynamiserait le marché de l’assurance maladie aujourd’hui captif aux mains des sociétés d’assurance. Et il pourrait en être de même pour le marché des retraites, qui se porterait beaucoup mieux actuellement si chacun avait pu diversifier son épargne plutôt que de la confier à des fonds prédateurs dont les rendements mirobolants dissimulaient une fragilité essentielle qui leur a valu d’être fracassés par la crise.

En Europe, et surtout en France, la sortie de crise passe par le recul de l’Etat, des collectivités locales et des régimes sociaux. Etes-vous satisfait qu’on vous fourgue des écoles quand la natalité est en chute libre, des ronds-points quand vous n’avez plus les moyens de vous acheter une automobile, une assurance maladie qui protège surtout ceux qui n’y cotisent pas et n’y ont jamais cotisé, une assurance retraite qui ne vous sera jamais payée parce que ceux sur qui en reposera la charge sont de moins en moins nombreux et ont la possibilité de voter avec leurs pieds sans même quitter le territoire national, en s’assurant dans un cadre européen où toutes les frontières intérieures ont été supprimées le 1er janvier 1993, il y a exactement 16 ans ? Autrement dit, en seize ans, les gouvernants français et la plupart de leurs homologues européens avaient largement le temps d’intégrer la nouvelle donne économique et sociale et de l’utiliser pour le plus grand bien de leur pays. Ils n’en ont évidemment rien fait.

Alors si le traitement de la catastrophe actuelle doit passer par leurs mains, mieux vaut que chacun se prépare d’ores et déjà au pire. Tant il est vrai, comme le disait Einstein, qu’«on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés».

Ce dont le monde a besoin, c’est du renvoi des mauvais dirigeants et d’une prise de pouvoir des peuples. Il ne s’agit pas de prôner le populisme, mais au contraire de faire confiance à la sagesse des nations, qui n’est prise en défaut que lorsqu’on la trompe par des mensonges d’Etat et par les procédés d’illusionnistes dont les politiciens se sont fait une spécialité. Et le moment est venu où, plus que jamais, il convient de lancer à ceux qui ont massacré l’économie mondiale le mot fameux de Ronald Reagan : « Descendez de mon dos et enlevez votre main de ma poche ! »

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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