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21/10/11 Ron Paul
                    La Fed, pompier pyromane !

La Fed ne parvient pas à saisir que le taux d'intérêt est un prix, le prix du temps. La tentative de manipuler le prix de l’argent est aussi destructeur que tout contrôle des prix par un gouvernement.

Pour savoir ce qui est faux avec la Réserve fédérale, il faut d'abord comprendre la nature de l'argent. L'argent est comme tout autre bien de notre économie qui émerge sur le marché pour satisfaire les besoins et les désirs des consommateurs. Son utilité particulière est qu'il permet de faciliter l'échange indirect, ce qui rend plus facile pour nous d'acheter et de vendre des marchandises, car il est un moyen courant de mesurer leur valeur. L'argent n'est pas un phénomène du gouvernement, et il n'est pas nécessaire qu’il soit géré par ce dernier. Quand les banques centrales, comme la Fed, gèrent l'argent, elles s’engagent dans la fixation des prix ; ce qui ne conduit pas à la prospérité mais à la catastrophe.

La Réserve fédérale a causé toutes les bulles et leurs éclatements qui se sont produits dans ce pays depuis la création de la banque en 1913. Il pompe de l'argent neuf dans le système financier pour faire baisser les taux d'intérêt et stimuler l'économie. Ajouter de l’argent augmente l'offre de monnaie, ce qui rend le prix de l'argent au fil du temps - le taux d'intérêt - inférieur à ce qu’il serait sur un marché libre. Ces faibles taux d'intérêt affectent l'allocation des ressources, faisant que le capital est mal investi à travers toute l'économie. Ainsi certains projets risqués, qui semblent profitables lorsqu'ils sont financés à un taux d'intérêt artificiellement bas, ne sont pas le meilleur usage de ces ressources.

Finalement, le boom économique créé par les manipulations de la Fed est jugé insoutenable, et cette bulle explose quand ces capitaux mal investis engendrent un surplus de biens et un inventaire pléthorique. Tant que ces ressources mal allouées ne sont pas redirigées vers une production rentable de produits en attente sur un marché libre, l’économie stagne.

La grande contribution de l'école autrichienne est sa description du cycle économique : les processus d'expansion et de récession, et leurs origines dans l'intervention monétaire du gouvernement en coopération avec le système bancaire. Pourtant, les décideurs politiquesde la Réserve fédérale ne comprennent pas encore les causes de notre crise financière de 2008. Aussi se trouvent-ils incapables de trouver une solution adéquate.

À bien des égards, les gouverneurs du Système fédéral de Réserve et les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) sont omnipotents comme tous les hauts fonctionnaires. Parce qu'ils prennent des décisions qui affectent profondément le fonctionnement de l'économie et parce qu'ils ont des centaines d'économistes brillants qui travaillent pour eux dans la recherche et la collecte de données, ils ont la prétention du savoir. Cette illusion est entretenue parce qu'ils ont toutes les ressources au bout de leurs doigts, et donc qu’ils ont la capacité de guider l'économie comme ils l'entendent.

Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Aucune attitude n’est plus destructrice que celle du prétendu savoir. Ce que les économistes autrichiens Ludwig Von Mises et Friedrich Von Hayek ont victorieusement affirmé dans le débat des années 1920 et 1930 concernant la macroéconomie socialiste, c’est l'idée que le marché, où les gens décident librement ce qu'ils doivent et veulent payer, est la seule façon efficace d'allouer les ressources. Cela paraît évident pour beaucoup d'Américains ordinaires. Mais cela n'a pas influencé les chefs de gouvernement aujourd'hui, qui ne semblent pas voir l'importance des prix pour le bon fonctionnement d'une économie de marché.

La façon de penser de la Réserve fédérale n'est pas différente de celle de l'ancienne Union soviétique qui employait des centaines de milliers de personnes pour effectuer des recherches et fournir des calculs dans une tentative d'imiter le système de prix de l'Occident. Malgré la leçon évidente à tirer de l'effondrement du système soviétique, les États-Unis ne l’ont toujours pas pleinement absorbée.

La Fed ne parvient pas à saisir que le taux d'intérêt est un prix - le prix du temps - et que tenter de manipuler le prix est aussi destructeur que tout contrôle des prix. Il ne voit pas que le prix des logements a été artificiellement gonflé par le pompage monétaire de la Fed au cours des années 2000, et que le seul moyen de rétablir la solidité du secteur du logement est de permettre aux prix du marché de revenir à un niveau durable. Au lieu de cela, les actions de la Fed n’ont eu qu'un but : maintenir les prix élevés au niveau atteint par la bulle en 2007, assurant ainsi que les cadavres demeurent dans les comptes des banques et que les entreprises non rentables restent en activité.

Les programmes d'assouplissement quantitatif (QE) de la Fed ont accru la dette nationale de trillions de dollars. La dette est désormais si importante que si la banque centrale haussait les taux d'intérêt, le gouvernement américain devrait payer des centaines de milliards de dollars en intérêts supplémentaires sur la dette nationale. Ainsi, il y a une forte pression politique sur la Fed pour maintenir les taux d'intérêt à zéro. La Fed s'est mise, par sa seule faute, dans une situation impossible. Même si elle voulait augmenter les taux d'intérêt, elle ne pourrait le faire. Mais il faudra faire quelque chose, nous le savons bien, parce que la pression dans ce sens l'emportera sur toute autre considération.

Qu'est-ce que la Fed fera exactement ? Nul ne le sait. Il n'est pas surprenant que les marchés soient en berne faute de perspective crédible. Si la Fed cessait d'intervenir et laissait le marché évaluer les profits et les pertes, notre économie pourrait se rétablir. L'existence d'une organisation qui peut créer des milliards de dollars à partir de rien pour acheter des actifs financiers et soutenir un système bancaire insolvable est un trou noir dans une économie qui prétend être libre.

Ron Paul


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