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31/5/10 Ivan Rioufol

Le référendum, pour débloquer la société !

Pourquoi craindre les référendums ? Quand Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Sports, propose jeudi, à titre "purement personnel", d'en appeler à cette solution pour la burqa "si le projet de loi du gouvernement pose des problèmes juridiques", j'applaudis des deux mains. Quand Ségolène Royal (PS), se dit favorable, dimanche, à une consultation de tous les Français sur l'avenir des régimes de retraite, j'en fais de même. Comme elle, je suis persuadé qu' "il n'y a pas aujourd'hui de réforme durable qui n'est pas appuyée sur un mouvement démocratique et sur une prise de parole des Français".

Rien n'est plus grave que la désillusion des citoyens, qui ne font plus confiance aux partis, s'abstiennent de voter et regardent la vie politique en spectateurs indifférents. Pour contraindre l'oligarchie et ses technocrates à écouter les gens, il serait même utile d'élargir le référendum à tous les grands sujets de société (sécurité sociale, éducation, accès à la nationalité, immigration, etc.), bloqués par le conformisme idéologique, le terrorisme intellectuel et la lâcheté des élites.

Il faut dire que le niveau du débat politique a de quoi désoler quand on entend, ce week-end, Martine Aubry comparer le président de la République à l'escroc américain, Bernard Madoff. Alors que la France attend des réponses à d'innombrables problèmes, voir ainsi la gauche poursuivre dans un anti-sarkozysme sans nuance (procédé auquel François Bayrou a dit hier soir, au Grand jury RTL-Le Figaro-LCI avoir lui-même renoncé devant la gravité de la crise) donne une idée du vide qui persiste dans l'opposition, obligée d'avoir recours à l'insulte pour exister.

Face à ces faiblesses, l'opinion publique a sa place à prendre. La souveraineté nationale n'appartient-elle pas au peuple ? De ce point de vue, une réflexion devrait s'ouvrir pour rendre plus souple l'usage de la démocratie directe, que la réforme constitutionnelle de 2008 a timidement promue tout en la rendant très difficilement praticable. Pourquoi ce qui fonctionne en Suisse, en Italie, en Allemagne ou aux Etats-Unis serait-il impensable pour la France?

En revanche, là où Ségolène Royal se trompe probablement, c'est de croire que les Français refuseraient, s'ils étaient consultés, de toucher à la retraite à 60 ans. C'est d'ailleurs ce que craignent probablement les socialistes, qui se sont dits opposés à la suggestion royalienne. En réalité, les citoyens ont compris les données du problème. L'échec des manifestations de vendredi en témoigne. Dans L'Humanité du 25 janvier, un sondage montrait que 53% des jeunes de moins de trente ans étaient prêts à s'orienter vers la retraite par capitalisation.

Je suis persuadé qu'une campagne explicative sur la faillite du système actuel, qui ponctionne d'autorité la moitié du salaire d'un smicard pour financer ses cotisations (rappelons que son salaire complet est de 2.103 euros et qu'il n'en touche que 1.091), ferait rapidement réfléchir les plus récalcitrants à toute réforme. Dans cette société bloquée, la parole doit revenir aux citoyens.

Ivan Rioufol


 



 
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