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4/1/10 Ivan Rioufol
          La grippe A, symptôme du mal français !

Le fiasco de la campagne de vaccination contre la grippe A (94 millions de doses produites, 5 millions d'utilisées) est l'occasion pour le PS et le Nouveau centre de réclamer une commission d'enquête parlementaire. Il ne sera pas inutile, en effet, de s'interroger sur l'utilité du milliard d'euros investis dans cette politique de prévention. D'autant que la somme représente trois fois l'aide de la France aux pays en développement. Mais décortiquer les causes de cet échec, unique en Europe, revient à dresser l'inventaire des maux qui accablent la France. Les symptômes ayant produit alarmisme et inefficacité sont récurrents.

La première raison reste ce goût pour le centralisme étatique : la nationalisation de l'épidémie, voulue par le gouvernement, a reproduit une machinerie administrative alambiquée, contre-productive, dispendieuse. Pour n'avoir pas su faire confiance au secteur privé (les généralistes en l'occurrence), l'Etat se retrouve avec un stock colossal qui aurait gagné à être géré avec plus de souplesse. Nombreux sont ceux qui ont renoncé à se faire vacciner (je suis de ceux-là) devant la rigidité du dispositif construit sur d'incompréhensibles passe-droits.

Le rôle des experts est une autre constante qui se retrouve ici. Si le gouvernement a commandé autant de doses, c'est parce que l'OMS et les spécialistes l’assuraient de leur certitude sur la dangerosité du virus, au point de rendre inaudibles des personnalités comme le professeur Bernard Debré, qui parlait de "grippette" ou Marc Gentilini, ancien président de la Croix-Rouge, qui dénonçait "l'indécence" de la mobilisation alors que chaque année, un million de personnes meurent du paludisme. A ce jour, l'épidémie a tué 198 personnes en France.

Il faut aussi s'interroger sur les limites à apporter au principe de précaution, appliqué à la lettre. A l'évidence, il n'a pas été plébiscité par l'opinion qui a davantage gardé son sang-froid que Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. Même dans le domaine sanitaire, les élites n'ont guère su se faire comprendre des gens, ce qui pose un problème plus largement politique. L'anecdote retiendra aussi que l'hystérie anti-Sarkozy aura même trouvé, en septembre (pétition dans Libération), le moyen de déceler une atteinte à la démocratie dans la gestion de la pandémie. Mais il y a longtemps que le ridicule, lui, ne tue plus.

Ivan Rioufol

 

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