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4/9/13 Ivan Rioufol

Peillon accélère le désastre éducatif !

Désapprendre : tel est devenu l’objectif de l’école de la République, qui a fait sa rentrée mardi. C’est ainsi que les programmes d’histoire et de géographie en 3e et en terminale seront une fois de plus allégés, au détriment de la valorisation d’une mémoire collective.

Vincent Peillon, ambitieux ministre de l’Education nationale, ne voit d’urgences immédiates que dans une énième réécriture des programmes, une énième réforme des rythmes scolaires, une énième idéologisation de l’enseignement autour de l’égalitarisme et plus particulièrement de l’indifférenciation entre les filles et les garçons. L’enseignement public devient de plus en plus, singulièrement avec ce gouvernement, un outil politique destiné à dresser les esprits.

Dans « La fracture identitaire » (Fayard, 2007), je cite cette remarque d’Umberto Eco : "Tous les textes scolaires nazis ou fascistes se fondaient sur un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire afin de limiter les instruments de raisonnement complexe et critique". Ce chemin est suivi dès lors que l’école est laissée à son illettrisme, à son insécurité, à ses trous de mémoire. Quand Peillon parle de "refondation", il vise à consolider une machine à décerveler, dans le but d’obtenir l’Homme nouveau, docile, moutonnier, remplaçable.

Il suffit de lire Peillon pour s’en convaincre. Dans son dernier livre (La Révolution française n’est pas terminée, Seuil), il assigne à l’école non pas le rôle d’instruire et de transmettre des savoirs, mais "d’être la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la république". Balayant le rôle éducatif attribué à la famille, il estime au contraire : "L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Eglise, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi".

Comment attendre autre chose d’un tel idéologue qu’une école soumise aux priorités de cette nouvelle "Eglise" qui ne produit que des clones et divise la société entre une masse suiveuse et une minorité de rescapés de la déculturation ?

Un professeur de Marseille, Pierre Jacque, vient de se suicider dans l’indifférence des médias, en expliquant dans une lettre "son incompréhension face à l’évolution du métier". Les enseignants accepteront-ils encore longtemps de participer au désastre éducatif en cours ?

Ivan Rioufol



 
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