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6/1/10 Ivan Rioufol
        Pour Eric Besson, "il n’y a qu’une France
                              du métissage" !

Eric Besson, le ministre de l'Immigration, replonge dans le politiquement correct dont il tentait de se défaire. La violence des attaques menées contre lui (Marianne a titré en une: "Arrêtez-le !"; la gauche l'a comparé aux collaborateurs Déat et Laval) a eu apparemment raison de sa résistance. Mardi, lors d'une visite à La Courneuve, l'ex-socialiste a repris le bréviaire des idéologues de la diversité et du métissage en déclarant, selon l'AFP : "La France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France du métissage". Dans un livre qui sort ce mercredi, le ministre se dit également, ai-je entendu ce matin sur les ondes, favorable au vote des immigrés lors des élections locales.

Passons sur ce serpent de mer du droit de vote, ce mot de passe utilisé par ceux qui croient suivre l'air du temps. C'est la vision qu'impose Besson de la France, qu'il voit comme une nation ouverte additionnant des communautés, qui est contestable. Qui a décidé de ce choix, sinon ces élites culturelles et politiques dont le sociologue Raymond Boudon expliquait, hier dans Le Figaro, qu'"elles donnent l'impression d'être victimes d'une perte de repères"? Alors que le débat sur l'identité nationale n'est pas même clos, il est maladroit qu'un membre du gouvernement impose sa propre vision, copié-collé de surcroît du conformisme qui veut que seules les minorités issues de l'immigration soient porteuses de l'avenir de la nation.

L'histoire nous dit que le métissage culturel d'une nation peut déboucher sur son détissage. L'échec du Liban multiculturel, qui ne sut éviter la guerre civile, est là pour rappeler le danger qu'il y a à jouer avec les identités. La France n'est pas une religion, certes, mais c'est un peuple. Dans sa disparité, il s'est toujours reconnu dans une histoire et une culture communes. Laisser entendre que la France du métissage doit faire oublier celle des racines procède d'un relativisme peu compréhensible pour des Français attachés à leur passé.

Et où est la cohérence entre le chef de l'Etat, parlant hier "d'assimilation", et son ministre évoquant un "conglomérat de peuples"? Cette rechute dans le politiquement correct risque d'aggraver la défiance entre les citoyens et leurs représentants.

Ivan Rioufol

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