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21/12/10 Ivan Rioufol
        Choses vues aux Assises sur l’islamisation !

Plutôt que de diaboliser le messager, les politiques et les médias seraient plus avisés s'ils écoutaient le message. Ce qui saute aux yeux, dans les rares comptes rendus des premières Assises sur l'islamisation en Europe qui se sont tenues, samedi à Paris sous protection policière, est la volonté de ne pas vouloir entendre ce qui s'y est dit.

Au prétexte que l'un des organisateurs de cette rencontre, Le Bloc identitaire, est un mouvement classé "populiste", l'ensemble de l'assemblée a droit au qualificatif d'extrême droite. Or ce procédé de l'amalgame et de l'insulte, qui vise à décrédibiliser les intentions et les propos, est intellectuellement malhonnête.

Je suis venu observer ce rassemblement, une partie de l'après-midi, avec de nombreux autres confrères. Je n'y ai vu ni excités, ni intolérants, ni fachos, ni racistes, mais des gens s'inquiétant des abandons de la République sur la laïcité. Même Libération, ce lundi, rapporte la scène d'un participant raccompagné à la sortie par un videur et se plaignant : "J'ai dit qu'on était envahi (...) Voilà on n'a plus rien le droit de dire".

Je comprends, pour les partager, les réticences ou les doutes que l'on peut avoir sur le Bloc identitaire. Mais il a été aisé de mesurer sa maigre influence, samedi, lorsque l'un des intervenants, Anne Zelensky (Ligue du droit des femmes), a rappelé qu'elle avait fait partie des militantes pour le droit à l'avortement "libre et gratuit": elle s'est alors fait huer par la petite rangée militante, identifiable pour s'être alors levée, tandis qu'une autre partie de la salle applaudissait la féministe.

L'originalité de ces Assises a bel et bien été de rassembler, au delà des partis et des clivages, des citoyens venus de tous les horizons, et singulièrement de la gauche. Leurs mises en garde contre les empiètements de l'islamisme sur le domaine public feraient mieux d'être écoutées par ceux qui s'interdisent de se confronter à ce phénomène porteur de machisme, d'antisémitisme, de rejet du non-musulman. Le pays de Voltaire, salué par le suisse Oskar Freysinger, se réveillera-t-il? "La France est une vieille fille qui élève les enfants des autres", a fait remarquer l'écrivain Renaud Camus

J'écris cela en pensant à Jacqueline de Romilly, de l'Académie française, morte samedi à 97 ans. Je l'avais citée dans La fracture identitaire: "Je ne suis pas très optimiste, ni pour les chères langues anciennes, ni pour la française, d'ailleurs, ni pour les humanités en général et, pis, guère plus pour l'avenir de notre civilisation. S'il n'y a pas un sursaut, nous allons vers une catastrophe et nous entrons dans une ère de barbarie. Il y a un désintérêt et même un dédain pour la Raison et les Lumières". Sa passion de la Grèce m'a fait découvrir Thucydide. Dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse (Robert Laffont), ce contemporain de Périclès relate un de ses discours: "Notre ville (Athènes) est ouverte à tous et il n'arrive jamais que, par des expulsions d'étrangers , nous interdisions à quiconque une étude ou un spectacle qui, en n'étant pas caché , puisse être vu d'un ennemi et lui être utile: car notre confiance se fonde peu sur les préparatifs et les stratagèmes, mais plutôt sur la vaillance que nous puisons en nous-mêmes au moment d'agir (...) ". La France a-t-elle ce goût de se défendre ?

Ivan Rioufol


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