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6/3/09 Ivan Rioufol
     Après les Antilles, les banlieues ?

Attachez vos ceintures. "Toute l'année 2009 sera une année de crise", a prévenu François Fillon, mardi sur Europe 1. "Aucun plan de relance ne permettra de l'éviter." Ceux qui pensaient que le récent dispositif de soutien aux ménages modestes avalerait les trous d'air sont prévenus : les Français n'ont encore rien vu. L'ampleur du séisme systémique (l'assureur américain AIG vient de perdre 100 milliards de dollars !) va faire des ravages, à commencer dans l'Europe de l'Est. La France saura-t-elle passer l'épreuve ?

Le gouvernement fait croire que l'État-providence fonctionne encore, quand il prête les millions (qu'il n'a pas) aux banques et aux constructeurs automobiles, espérant réparer un mécanisme jugé grippé. Barack Obama a lancé le mouvement, dans une démesure qui tient du coup de poker : en combattant les excès de crédits et d'endettements par de semblables comportements interventionnistes (pour près de 800 milliards de dollars), il dit avoir "une confiance totale" dans le rétablissement de l'économie. Mais s'il se trompait sur la gravité du mal, et ses imitateurs avec lui ?

Au-delà des convulsions économiques, un essoufflement de la modernité, de son relativisme et de sa course à la croissance se devine. La chute des ventes d'automobiles (- 27 % en janvier, pour l'Europe) illustre ce goût des gens pour plus de simplicité, de valeurs sûres. L'indignation suscitée par Jacques Séguéla ("Si à 50 ans on n'a pas de Rolex, on a raté sa vie") est une anecdote qui a montré, malgré tout, un rejet collectif de la futilité. Un nouveau conservatisme semble prêt à émerger de cette crise de civilisation qui s'ébauche. Qui s'y prépare ?

Le risque existe de voir le pouvoir ébranlé dès le premier assaut. Les convulsions guadeloupéennes, répétition de ce que pourrait être un conflit né d'un système à bout de souffle, ont montré ses faiblesses. Quand Laurence Parisot explique, mardi sur RTL : "Dès le départ, l'État n'a pas tenu son rôle, n'a pas permis que les négociations se déroulent d'une manière normale", la présidente du Medef met le doigt sur une réalité occultée : un collectif autoproclamé, le LKP, s'est joué de l'État de droit et a imposé ses exigences. Tolérable ?

Dans la crise de confiance qui s'installe, les pouvoirs publics ne peuvent s'autoriser davantage ce genre d'accommodements avec un mouvement non élu, qui veut "instaurer un ordre nouveau" en Guadeloupe. Les périodes d'instabilité portent en elles de semblables tentations radicales ou totalitaires, qui excitent l'extrême gauche et ses alliés. Pourquoi les cités ne réclameraient-elles pas ce qui vient d'être accordé aux "banlieues" antillaises ? Plus que jamais, la France va avoir besoin d'hommes d'État.

Ivan Rioufol

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