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22/2/11 Michel de Poncins

    Patrimoine de l’Etat : les profiteurs dansent sur
                          un parquet vermoulu !

Voici encore un sujet controversé, à savoir la vente de l'immense patrimoine public, sujet où abondent les faux raisonnements. Il y a un lien direct entre l'immensité de ce patrimoine et la paupérisation évidente du peuple français.

La vente très éventuelle vient de ressurgir à la surface à propos l'Hôtel de la Marine, ancien garde-meuble royal, place de la Concorde la mal nommée quand l'on pense aux horribles massacres qui y furent perpétrés il y a plus de deux cents ans lors de la révolution. Giscard d'Estaing, soi-même, a été nommé président de la commission chargé de proposer un usage après le déménagement du ministère de la Marine. L'historien Pierre Nora fait partie de la commission.

Nous allons montrer comment l'immense patrimoine de l'État pourrait, dans le cadre d'un gouvernement de salut public, servir à éponger les dettes incroyables résultant de la légèreté, la complicité et l'avidité des gouvernements socialisants que nous connaissons depuis des décennies et qui plombent l'économie française.

Le patrimoine public peut, grosso modo, se diviser en trois catégories : les palais et bâtiments, les appartements et les œuvres d'art. Laissons de côté les entreprises.

Dans plusieurs livres, dont « Parlottes et Fêtes, divertissements pour accompagner le désastre français », paru chez François-Xavier de Guibert, j'ai indiqué qu'un gouvernement de salut public mettrait en vente environ 500 palais, dès son arrivée au pouvoir. En fait, il y a bien plus de bâtiments à vendre. L'État détient 1750 monuments historiques.

Mme Nathalie Kosciusko-Morizet est ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement (sic). A ce titre, elle règne sur 100 000 fonctionnaires environ, dont le groupe central se trouve dans une tour de la Défense à Paris. La dame ne se voit pas franchement émigrer dans cette banlieue lointaine. Elle se trouve donc avec son cabinet et le train correspondant dans un somptueux hôtel particulier à Paris plus conforme à son standing. C'est un exemple parmi des milliers.

La liste des résidences réservées au sommet de l'État est à peu près connue : château de Rambouillet, fort de Brégançon, manoir de Soucy-la-Briche et bien d'autres. En regard, le président des États-Unis ne dispose que de la Maison-Blanche et de camp David, lequel est plutôt tristounet.

La liste des palais à vendre dépasse abondamment ce que l'on remarque au sommet de l'État et se démultiplie dans tous les échelons successifs : ministères et dépendances, millefeuille des collectivités territoriales, organismes publics et parapublics.

Il est estimé généralement que 12 000 châteaux appartiendraient à la puissance publique sous ses diverses formes. Tel conseil général que nous connaissons possède un magnifique hôtel particulier dans la plus belle rue de la ville pour les réceptions intimes, les réceptions plus « solennelles » ayant lieu dans la magnifique salle à manger du président.

Après les palais se trouvent les appartements d'État. Un rapport de l’Inspection des finances indique qu’il y en aurait 137 507 au total. Leur valeur locative est de 1,4 milliard d’euros et ils sont loués pour 30 millions d’euros seulement. Le profit moyen pour chaque bénéficiaire est donc de 10 000 euros environ par an. Comme ces bénéficiaires ne doivent pas payer d’impôts ni de charges sur cet avantage, cela fait en gros un bénéfice annuel de 20 000 euros. En Suisse, pays riche parce que libre, seuls le président de la Confédération et deux conseillers fédéraux ont un logement de fonction et, nullement, dans un palais !

Les œuvres d'art représentent un patrimoine considérable et, dans leur évaluation, il ne faut pas oublier les collections étatiques dont beaucoup dorment dans les caves des musées ou au mobilier national. La gestion de tout cet ensemble a été souvent critiquée par la Cour des comptes qui n'a pas manqué de signaler des disparitions inquiétantes. J'avais remarqué un très grand tapis de la Savonnerie qui, mine de rien, avait dévalé les étages pour que sa trace se perde dans les bas-fonds !

Dans le désordre des comptes publics, il n'y a pas d'inventaire car personne n'a intérêt à le faire.

Les objections

A l'idée de vendre, les très riches cavaliers de la dépense publique se lèveront en corps serré et inventeront de multiples arguments mensongers pour contrer le projet. Faire l'inventaire par exemple, ce qui veut dire noyer le poisson. Des Chinois pourraient racheter des palais : il faudra répondre que ce sera le prix à payer pour arrêter la paupérisation du peuple français et permettre au pays de retrouver les chemins de la prospérité perdue. Chacun des bénéficiaires abusifs s'efforcera de minimiser la valeur potentielle ou de cacher les biens dans des structures opaques : « pas vu pas pris » est un des principes de la « République Fromagère ». Une objection probable est que des lois interdisent la vente de ce patrimoine : certes, mais ce qu'une loi interdit une autre peut l'autoriser.

La seule vraie difficulté est la rapacité connue des prédateurs publics, qui sont toujours prêts à se saisir des proies passant à leur portée. Dans le niveau zéro de la morale publique, il y a le risque d'assister à la mélancolique histoire des oligarques russes qui ont capté la richesse étatique à leur profit au moment des grands changements. Dans les mêmes rapports de la Cour des comptes, il y a des exemples assez décourageants de vente de certains biens avec des pertes considérables, non sans des effluves de corruption.

Quel que soit l'immensité inconnue de l'endettement public, ce patrimoine est capable de le rembourser, ce remboursement étant le chemin nécessaire bien que non suffisant pour reprendre le chemin de la prospérité.

Les conditions

Il y a toutefois des conditions, et avant de les énoncer il faut faire justice d'une thèse mensongère. Il est des politiques qui prétendent que ce patrimoine serait en quelque sorte le garant des dettes, comme dans l'actif d'une entreprise qui équilibre et au-delà le passif. C'est un pur mensonge, d'autant plus que beaucoup d'éléments coûtent fort chers à gérer. Les tenants d'une telle théorie veulent tout simplement continuer les déficits à leur profit en justifiant la fuite en avant !

Quelles sont ces conditions ?

Il est impératif que les immenses fonds récoltés servent réellement au remboursement des dettes, et il faut pour cela qu'ils ne se perdent pas dans les méandres nauséabonds des déficits publics. A cette fin, il est indispensable qu'un nouveau pouvoir crée sans délai, non le simple espoir d'une faible réduction des déficits publics pour la Saint-Glinglin, mais que, dès la première année, il crée un surplus public, comme c'est possible et comme cela existe dans plusieurs pays.

Est-ce avec des pyromanes que l'on éteint l'incendie ? Évidemment non. Or, quels que soient les partis ou les personnalités dont les programmes encombrent abusivement les journaux pour 2012, il est clair qu'il n'y a que des pyromanes. Un gouvernement de salut public implique donc l'arrivée de personnalités nouvelles capables des plus grands sacrifices, principalement pour eux-mêmes : alors la rigueur au sommet s'accompagnera de la prospérité à la base.

La danse devant le buffet

Si rien ne bouge vraiment en profondeur, la danse devant le buffet va continuer avec la même allégresse. Les danseurs se cooptent, depuis des décennies, par de multiples réseaux communicants avec d'étranges transmissions familiales. L'orchestre médiatique, à la fois acteur et complice, chante la gloire des danseurs, non sans décrire parfois des entrechats très audacieux. Le tintamarre est tel que personne n'entend le bruit de la rue.

Pourtant, dans le village global qu'est devenue la planète, et pas loin du tout, des danseurs tout aussi endiablés ont vu des parquets réputés très solides s'écrouler sous leurs pieds avec fracas !

Michel de Poncins



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