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20/1/11 Michel de Poncins
     Il faut faire tomber le tabou du droit de grève !

Le dimanche 9 janvier 2011 le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a fait une révélation tellement incroyable que l'on hésite à en rendre compte. Il était question de la pénible galère infligée aux 600 passagers du train Strasbourg-Port-Bou dans la nuit de 26 au 27 décembre, avec un retard de 13 heures. Une enquête interne à la SNCF a montré une suite de dysfonctionnements.

Cette enquête a révélé un odieux scandale, à savoir les « grèves réveillons ». Des préavis de grève sont déposés pour les soirs du 24 au 31 décembre sous des prétextes divers et ont en réalité un seul objectif : permettre aux agents censés travailler les soirs de fête de rester chez eux. Ce sont les « grèves réveillons ». La « malchance » a voulu justement que ces « grèves réveillons » autour du jour de Noël, à Dijon, ont aggravé le calvaire des 600. Combien de « grèves réveillons » ce jour-là, en France ? Nul ne le saura, le tout se perdant dans le puits sans fond d'un mammouth étatique en perdition.

M.Guillaume Pepy a commenté officiellement mais sobrement : « Ces grèves-là sont principalement déclenchées par le syndicat Sud Rail depuis plusieurs années. Elles sont constitutionnelles. Pour être légales, elles n'en sont pas moins extrêmement choquantes. Leur objectif est de perturber le service public au moment où les Français en ont le plus besoin ». Il a ajouté qu'il n'y avait pas eu de fautes individuelles demandant des sanctions.
Le président de ce véritable monstre en déroute technique et financière reconnaît simplement comme choquants ces faits odieux et s'incline tout en sachant qu'ils continueront.

Au même moment un autre fait s'ajoute ailleurs. A l'automne 2010, il y avait eu un blocage des ports, et cela recommence. La CGT a appelé le 12 janvier 2011 les dockers à des arrêts de travail invitant tous les salariés des ports à faire de même, ceci sous prétexte de la prétendue réforme des retraites. C'est évidemment un nouveau coup de massue sur l'activité des ports, et en particulier celui de Marseille, cela au détriment des salariés eux-mêmes.

Des grèves immorales

Le droit de grève est inscrit dans la constitution, on se demande pourquoi, et en plus il semble se situer dans l’opinion collective à un niveau supérieur à tous les autres droits comme le droit de consommer, le droit de travailler, le droit de circuler, le droit de se soigner, qui devraient lui être supérieurs.

Sa justification repose historiquement sur l'idée que la grève aurait été la source des progrès sociaux, notamment au 19e siècle. Si le tabou n'existait pas, des recherches attentives montreraient que les progrès sociaux ont été bien davantage le résultat de progrès techniques sous l'aiguillon du marché, ces progrès ayant suscité l'amélioration considérable et rapide de la condition économique de toute la population.

Dans une économie peu diversifiée, comme elle existait encore il y a de très nombreuses années, le conflit social ne touchait pratiquement que les patrons sans que le reste de la population n'en souffre davantage. Dans l'économie extraordinairement enchevêtrée et diversifiée que nous connaissons actuellement, la grève, surtout quand elle est utilisée dans des nœuds économiques, touche des milliers ou des millions de personnes. Les grèves sont, très souvent, des grèves de riches. L'exemple des contrôleurs aériens est emblématique car leurs conditions tout à fait exceptionnelles d'emploi en France sont très supérieures à celles qu’ils connaissent dans d'autres pays. En revanche, dans les PME et les TPE, les grèves sont fort rares, le personnel étant solidaire des patrons et sachant fort bien que la richesse de l'entreprise conduit à la richesse des salariés.

Beaucoup de ces grèves sont parfaitement immorales et les « grèves réveillons » en particulier le sont tellement qu’on se demande comment des cheminots ne sont pas honteux de se livrer à de tels mensonges : la dégradation de la morale courante est, hélas, un fait.

La guerre des cheminots

Ces évènements dramatiques sont à mettre en parallèle avec la véritable guerre déclenchée, avec un succès qui ne se dément pas, par les cheminots contre le peuple français. Depuis des décennies, la vie quotidienne de 10 millions de Français utilisateurs des trains de banlieue est empoisonnée par des grèves à répétition qui ont pour résultat que brusquement les usagers sont cloués sur le quai. Aux grèves à répétition s'ajoutent les retards permanents, car jamais personne n’est sûr de trouver son train à l’heure, même hors de toute grève.

Il est certain que l'économie de marché implique la liberté des contrats et le respect de tous ces contrats, y compris le contrat de travail. Ces deux aspects sont un élément essentiel de la richesse générale.

Le prétendu droit de grève est un tabou qu'il faudra bien faire tomber un jour ou l'autre, d'autant plus qu'une information honnête montrerait que son usage se retourne contre l'intérêt bien compris des travailleurs. Une loi nouvelle serait sans doute inutile comme tant d'autres lois, et une information correcte serait d'un plus grand secours. Le peuple tunisien vient de chasser un pouvoir immoral. Est-ce trop demander que le caractère immoral de beaucoup de grèves, qui correspondent seulement aux intérêts précis et illégitimes des chefs syndicalistes, soit clairement fustigé.

D'autres pays

De grands pays n'ont jamais de grève ou presque, comme l'Autriche ou la Suisse. Au Japon, les grévistes mettent un brassard pour indiquer qu'ils sont en grève, mais ils continuent à travailler. Ces pays ont néanmoins bénéficié des progrès sociaux aussi bien et même souvent mieux que les autres, ce qui condamne l’idée que les grèves étaient nécessaires à ces progrès sociaux.

Michel de Poncins


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