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30/11/09 Michel de Poncins

L’argent du grand emprunt va être investi dans un trou noir !

Je dépense donc je suis : ce pourrait être le portail d'entrée de la folle perspective du grand emprunt.

Son histoire est encore un de ces contes fantastiques auxquels le sarkozysme en majesté nous a habitués. Suivant la rumeur journalistique, l'idée est venue tout à fait par hasard ; elle aurait été soufflée à Sa Majesté par un de ses innombrables et coûteux conseillers, qui jouent le rôle de ministres, faute que les vrais ministres exercent leur pouvoir. Ajoutée au dernier moment dans un discours, la fusée s'est aussitôt envolée vers les hauteurs.

Dans cette idée, il est facile de reconnaître tous les défauts de l'étatisme auquel nous sommes maintenant, hélas, asservis.

D'abord, par imitation du capitalisme, se trouve le concept que l'État pourrait investir pour créer de la richesse. C'est évidemment faux : j'ai montré souvent comment et pourquoi l'État n'est jamais en mesure de créer de la véritable richesse.

Ensuite, s'ajoute le mépris de l'endettement. Alors que même les plus fidèles parmi les fidèles pleurnichent sur l'endettement démesuré de l'État, celui-ci rêve d'un endettement supplémentaire.

Et, merveille parmi les merveilles, l'idée de l'endettement est lancée sans savoir ce qui va être fait avec de l'argent qui n'existe pas encore. Chez les entrepreneurs privés, qui résistent encore à l'assaut destructeur du gouvernement, la question de l'endettement éventuel n'est posée que si l'on se trouve en face d'un projet déjà structuré et porteur d'avenir, c'est-à-dire annonciateur de profits.

Après réflexion, l'emprunt va être placé dans les marchés financiers et non pas dans le public. La raison avancée, qui n'est pas fausse, est que si l'emprunt était placé dans le public il faudrait prévoir un taux d'intérêt tout à fait excessif pour éviter le crash : dans toutes les mémoires, il y a encore la ruine que l'emprunt Giscard d'Estaing avait infligée au peuple français, il y a déjà longtemps. La musique de cette ruine résonne encore dans l'économie française, car l'argent une fois détruit ne se reconstitue jamais.

De même, une salutaire réflexion a conduit progressivement à diminuer l'importance de l'emprunt. Le pouvoir n'aurait pu imaginer faire marche arrière en avouant qu'il s'était trompé. Il amoindrit donc le drame en diminuant le montant initialement prévu.

Dès le début de l'aventure, il a fallu ouvrir l'ère des parlottes.

Le deuxième trait de génie prétendu fut de confier la réflexion à une commission co-présidée par deux anciens premiers ministres dont le titre de gloire fut de créer deux impôts destructeurs de l'économie française.

La mission, qui leur fut octroyée et ce n'est pas un rêve, est de « dessiner la France de demain ». Les enarchos-gauchos au pouvoir ignorent que la France de demain ne peut être dessinée que dans le cadre de la liberté d'action de chacun des Français et en particulier des créateurs d'entreprises et de projets.

Aux dernières nouvelles, les 35 milliards d'euros prévus pour « investir sur l'avenir seraient attribués grosso modo comme suit.

16 milliards iraient dans les universités, c'est-à-dire dans un gigantesque trou noir, dont l'argent ne sortira jamais. Les universités, contrairement aux prétentions du pouvoir, n'ont pas été réformées et ont reçu simplement un tout petit début d'autonomie sans vraie signification. Seul pourrait être rentable l'argent placé dans les universités par des capitalistes privés ou des associations libres ; ils ne porteraient leur fruit que dans des universités tout à fait indépendantes dans leurs décisions et dans leur gestion : choix des professeurs, choix des disciplines, choix des diplômes, choix des élèves, choix des locaux, ceci sous la houlette d'une direction ferme et efficace dans une ambiance concurrentielle ; l'exemple des USA est parlant à cet égard.

Il est prévu 4,5 milliards, pour « faire émerger la ville de demain ». Indépendamment de cette phrase idiote, il est facile de reconnaître dans les détails de ce prétendu investissement le salut donné à la chimère du réchauffement climatique : la ruine est au bout du chemin.

Il y a plusieurs petits milliards consacrés aux techniques récentes : accélérer le passage de la France au très haut débit et développer les contenus numériques innovants. S'il est une industrie qui n'a nul besoin de l'Etat pour se développer, c'est bien l'industrie de l'informatique qui grandit toute seule dans tous les pays du monde. L'on se garde de rappeler la catastrophe provoquée par l'intervention d'un général dans l'industrie informatique française, il y a déjà très longtemps.

Il n'est pas d'action étatique sans la création d'organismes spécialisés et nouveaux, porteurs de succulents fromages. C'est pourquoi il est prévu la mise en place auprès du premier ministre d'un comité de surveillance composé à parts égales de parlementaires, de personnalités qualifiées et de représentants des ministères concernés. Également, il est préconisé que l'argent récolté ne soit pas placé dans le budget général mais dans un compte spécialisé : ce sera donc une petite principauté vivant à part, ce qui est bien commode pour ne pas être trop contrôlé.

Mais la parlotte, qui s'étire en longueur, n'est pas finie. Les projets seront soumis aux chefs syndicalistes et aux partis politiques, à savoir, bien sûr, seulement ceux que le pouvoir quasi totalitaire agrée à cette fin.

Parvenu à ce point et dans l'attente des prochaines évolutions, il est permis
de tirer certaines conclusions.

Dans le privé, les parlottes sont réduites au maximum. Nous savons, certes qu'il y a des débordements mais c'est le rôle des gestionnaires d'éviter la réunionnite. Dans le public ce n'est pas le cas mais juste le contraire, à savoir le foisonnement des parlottes avec des coûts gigantesques.

En plus des coûts, il s'ajoute les délais. Dans le privé, l'on économise le temps car la juste gestion du temps et des délais fait partie des profits. Or le pouvoir, embarrassé par son idée folle, met du temps à sortir le bébé et personne ne sait quand il sortira vraiment. Il avait été indiqué que ce grand emprunt devait
« sauver la France » et ce devait être urgent ! Au chapitre des coûts ne pas oublier les grasses commissions des banquiers.

Au titre des dégâts collatéraux, personne ne connaît les effets de l'assèchement proportionnel des crédits aux entreprises privées, seules aptes à créer de la richesse pour sortir de la crise.

Enfin, pour terminer, il faut compter avec les pertes considérables et les combines qui résulteront de l'attribution artificielle des aides et des investissements. Les couteaux sont déjà tirés pour profiter du butin pris par la force sur les futurs contribuables français.

Ronald Reagan avait dit un jour : « Les mots les plus terrifiants dans la langue anglaise sont : Je suis le gouvernement et je suis là pour vous
aider ».

Michel de Poncins

 

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