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8/11/09 Michel de Poncins

La France est devenue un cimetière industriel !

Le stress au travail est un phénomène relativement ancien qui brusquement surgi à la surface dans un gigantesque tam-tam médiatique. Bien sûr, les suicides à France Telecom ont joué le rôle de détonateur mais pourquoi la presse ne s'en était-elle pas occupée auparavant ? Mystère.

Un journal crie dans un grand titre : « Le salaire de la peur ». Il énumère des exemples absolument intolérables, dignes de Kafka, et fruit d'une immersion de deux ans dans des entreprises et à l'hôpital. Si cela dure depuis deux ans, c'est bien que le journal était au courant. Une caissière de supermarché a perdu tous ses cheveux à force de subir des humiliations. Un syndicaliste s'est plaint d'être menacé de mort par son supérieur hiérarchique. Un cadre supérieur d'une entreprise d'import-export songe à se jeter sous le train pour échapper à la pression. Et il précise que « la pression morale est devenue un moyen d'intensifier la productivité et la peur utilisée comme un levier de pression ».

A Thalès et à Peugeot il y a eu des suicides. Un professeur à l'université de Montpellier explique que les petits patrons sont aussi touchés : « Le stress, la solitude, la surcharge de travail et l'incertitude que mettent en exergue les psychologues et les médecins du travail sont également le quotidien de nombreux chefs de petites entreprises ». Dès qu'un incident se produit ou un accident, des cellules de soutien psychologique sont mises en place ; cela ne sert évidemment à rien, dès lors que les véritables causes de ce problème, que nous allons évoquer plus loin, continuent à exister.

Le summum du problème semble se trouver à France Telecom, bien que certains statisticiens remarquent que le taux de suicide, pour spectaculaire qu'il soit, n'y est pas finalement plus grand qu'ailleurs.

Bien entendu, les politiques fraternellement unis comme toujours en profitent pour diffuser leur idéologie coutumière. Le patronat est désigné comme le grand coupable. Dans la foulée, l'économie de marché est accusée de tous les méfaits ainsi que la mondialisation. Egalement, le développement de la planète Internet se trouve en ligne de mire. L'entreprise, seule créatrice de vraie richesse dans l'économie française, est mise en accusation par des gens qui ne savent pas ce qu'est une entreprise et, pire encore, ne veulent pas le savoir.

Les représentants qualifiés des patrons, comme le Medef ou d'autres organisations patronales, pourraient hausser le ton et désigner les vrais coupables ; complices objectifs, comme souvent, de toutes les calamités officielles, ils ne le feront pas.

Pour les observateurs et les économistes honnêtes il est clair que la responsabilité de tous ces événements retombe entièrement sur les Hommes de l'État.

Depuis des décennies, ils infligent cruellement impôts et réglementations à toutes les activités utiles de l'économie pour les étouffer et finalement chasser nombre d'entre elles à l'étranger, ceci à la faveur de la libération nécessaire des marchés. La mondialisation, dans la mesure où elle se réalise sans entrave ce qui n'est pas toujours le cas, est un bienfait pour toutes les nations et tous les habitants. Si elle apparaît insupportable, c'est justement à cause du poids destructeur des Hommes de l'État, pas simplement en France mais dans beaucoup d'autres pays.

La catastrophe est aggravée par le développement abusif de la construction européenne ; n'oublions pas, au passage, que ce développement est tout à fait antidémocratique puisqu'il se réalise en contradiction avec l'opinion négative, exprimée ou non, de la majorité des populations européennes. La structure nationale des Hommes de l'État est ainsi coiffée par l'hyperstructure de Bruxelles. Tout ce magma malfaisant fait régner l'incertitude juridique dans tout le continent : cette incertitude juridique est une des grandes causes de la pression sur les entreprises.

La France est devenue un cimetière industriel, la plupart de ses grandes industries ayant disparu pour être délocalisées et ces disparitions sont dues exclusivement au même phénomène. Maintenant, ô surprise, on assiste depuis un certain temps à la disparition des grandes activités de services. Faudra-t-il que nous gardions seulement les coiffeurs ?

Il s'ajoute un phénomène encore plus grave. Il reste heureusement des activités et même des activités industrielles sur le territoire national. Mais, pour subsister et ne pas être contraints de délocaliser, les patrons et leur entourage sont condamnés nécessairement à augmenter la pression sur leurs salariés : ils leur transmettent en quelque sorte la pression venant des politiques. Et, comme il est dit plus haut, les petits patrons subissent eux-mêmes cette pression intolérable.

Sur le plan salarial, le poids de l'Etat se traduit par une quasi stagnation des salaires, les cadres eux-mêmes n'étant pas épargnés ; seuls y échappent les fonctionnaires ou quasi fonctionnaires outrageusement gâtés. Que dire des retraites en déconfiture, les politiques offrant sans vergogne le spectacle de retraites scandaleuses ainsi que de parachutes dorés financés par le contribuable ?

Comme dans toute calamité d'origine étatique, les politiques et leur « cour » en tirent prétexte pour renforcer leur emprise. De nombreuses parlottes sont prévues prochainement en particulier avec les syndicats. Bientôt un nuage de lois va surgir avec, qui sait, une sorte de bonne conduite imposée aux hiérarchies avec risque de procès en embuscade. Il en résultera d'autres calamités.

Qui nous délivrera de cette situation cauchemardesque ? Qui redonnera aux travailleurs de toutes sortes la joie de travailler dans la paix ?

Dieu seul le sait.

Michel de Poncins

 

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