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7/12/10 Michel de Poncins
       Heureusement il nous reste la bonne chère !

Un fait stupéfiant vient d'intervenir le 16 novembre 2010 : le classement par l'Unesco au patrimoine mondial du « repas gastronomique des Français », ce classement étant réalisé au titre du patrimoine culturel et immatériel de l'humanité (sic). Les autorités françaises ne se tiennent plus de joie car c'est la fin d'un long processus. Pour arriver à leurs fins les autorités ont déployé les grands moyens. Une foule de démarches diplomatiques pendant quatre ans ont été entreprises pour décrocher cette décoration de pacotille à grand renfort de dépenses publiques, c'est-à-dire d'impôts qui ruinent les restaurateurs petits ou grands ainsi que leurs clients. Une « mission » spéciale fut créée avec à sa tête Jean-Robert Pitte, alors président de la Sorbonne. Mais la ruine vient aussi de l'existence de ce prétendu patrimoine mondial et de l'Unesco elle-même, qui est un échelon avancé du pouvoir totalitaire mondial en accroissement permanent.

C'est l'occasion d'analyser cette gigantesque arnaque internationale.

Comment et pourquoi le patrimoine mondial ?

L'origine remonte à 1972, date à laquelle l'ensemble des États ont donné à l'Unesco le droit exorbitant de classer des monuments dans un prétendu patrimoine mondial. C’était une atteinte grave au droit de propriété déjà très souvent réduit pour les monuments historiques par les interventions abusives des États. L'avidité des « unescocrates » pour l'extension rémunératrice de leurs pouvoirs voyait un champ illimité s'ouvrir à eux.
Après les monuments, vinrent les sites comme les rivages de la Seine ou le Val de Loire, et puis les « odeurs » : la fameuse place Djemaa El Fna à Marrakech fut « distinguée » pour son atmosphère et ses odeurs ; en fait il y a aujourd'hui beaucoup d'odeurs d'essence sur la fameuse place ! Et maintenant nous voici dans l'immatériel : le flamenco se met sur les rangs avec bien d'autres.

Comme dans toute entreprise publique le miroir aux alouettes est tendu savamment aux futures victimes. Pour les monuments, il est facile de séduire les élus locaux, ardents comme toujours à dépenser de l'argent enlevé par la force à leurs concitoyens : il leur est facile de faire célébrer par la presse subventionnée le supposé « honneur » que la ville recevra et d'annoncer de mensongers bénéfices pour les habitants !

Pour bien montrer l’utilité du classement de la Loire, les fonctionnaires viennent de planter tout au long du fleuve des panneaux dénommés « girouets » (sic). Quant aux propriétaires privés de monuments, il est facile de les allécher par la promesse de grasses subventions.

Du coté des « unescocrates », pas de problème pour exciter leur enthousiasme. Quoi de plus « grand et délicieux » que de se donner d'une façon illégitime le droit de juger d'un tel classement ? De multiples voyages dans de luxueux hôtels s'imposent pour apprécier de visu la valeur de tel monument ou de tel site. Notons que, dès lors qu'il s'agit de gastronomie, les fourchettes sont en état d'alerte maximum ; la régalade est générale au détriment de tous les affamés de la planète, ceci par une suite de conséquences bien connues des économistes.

La supposée goutte d’eau

La ruine vient inévitablement et d'abord par la richesse de l'Unesco, dont le budget est en accroissement constant. Dans ce budget, les salaires et avantages particuliers des 175 directeurs et 1000 consultants comptent pour une large part, comme dans tout dinosaure international conscient de sa dignité. La richesse fait dégouliner les impôts dans le monde entier. L'organisation, seule maîtresse de sa communication, montrera facilement que les frais sont minimes par rapport à la population mondiale : c'est le faux raisonnement de la goutte d'eau utilisé sans arrêt par les prédateurs publics, qui omettent de rappeler que des milliards de gouttes d'eau forment le torrent où s’engloutit la richesse générale.

Un collectif africain a écrit un mémorandum à Frédéric Mayor, directeur général de l'Unesco : « Les structures de cette organisation papivore sont ankylosées et garnies de personnel essentiellement carriériste au sens primaire de la déontologie administrative. Les États se contentent de meubler et de truffer les différents services de l'organisation d'éléments qui n'ont d'autres qualifications que celle des liens de parenté qui les attachent aux dirigeants ou ministres des gouvernements qui les affectent.

« L'organisation est, ainsi, gangrenée par une ignorance que nous n'osons pas dire cancéreuse, mais pour correspondre à l'actualité « sidéenne », parce que généralisée et paralysante, toute activité des départements de l'organisation se confinant en gestion administrative et en la reproduction de vieux documents non actualisés, en rejet systématique de tout document nouveau comportant des projets de renouvellement ou d'enrichissement de la réflexion et de la pensée créatrices... . »

S'agissant du prétendu patrimoine mondial, il s'ajoute, dans les causes de ruine, le choix arbitraire des lieux, des odeurs ainsi que de l'immatériel : pourquoi tel monument et pas tel autre ? Pourquoi pas la cuisine chinoise ou indienne ?

Les règlementations sont particulièrement nocives. Derrière le classement se cache une réduction grave du droit de propriété. En France le logement souffre épouvantablement de la règlementation ubuesque qui entoure le permis de construire. Le classement des rives de la Seine et de bien d'autres lieux ajoute une couche de délais et de servitudes propres qui renchérissent le coût des logements.

Pour la cuisine française il convient de s'interroger sur les futures règlementations : le bœuf bourguignon et le gratin dauphinois seront-ils soumis à des normes fixées pour l'éternité avec sanctions à l'appui ? D'autres perspectives ne sont guère encourageantes. La France s'est engagée, pour obtenir le classement, à « une politique de promotion, de sensibilisation, d'information et de transmission aux plus jeunes ainsi qu'à nos descendants ». Il nous est promis une « cité de la gastronomie », qui sera la source de fromages « succulents » dans tout les sens du terme !

La dérive idéologique

Quand il s'agit de dinosaures internationaux dans la mouvance de l'ONU, les dérives idéologiques ne sont jamais loin.

En 1984 les USA avaient quitté l’organisation pour deux raisons. D’abord la gestion était catastrophique, avec une foule de malversations à l’appui. En plus l’Unesco était un repère de marxistes et elle l’est restée.

Pour se distraire et illustrer en même temps le propos sur la ruine, voici un scoop. Quand les USA partirent avec fracas, l’Unesco avait de ce fait un gros problème financier, les malheureux contribuables américains contribuant à hauteur de 22 % au budget du monstre. Il fallait à tout prix revoir les dépenses, d’autant plus que la Grande-Bretagne et Singapour avaient suivi en 1985. Les 175 directeurs n'étaient pas capables de prendre les décisions d'économie nécessaires sans partir d'urgence en séminaire lointain pour les étudier. Où eut lieu le séminaire ? A Taormines, ce lieu parfaitement magique en Sicile d’où l’on voit les fumerolles de l’Etna sans risquer d'avoir trop chaud.

La Grande-Bretagne a pour sa part réintégré l’organisation en 1997. Les Américains sont revenus peu après sous le prétexte que depuis la chute du mur de Berlin le marxisme n’était plus dangereux, ce qui est évidemment faux. Quant aux malversations, il y a des chances qu'elles continuent de plus belle, car elles sont « monnaie courante », si l'on peut dire, dans ces organismes où les vrais contrôles n'existent pas.

Au titre des dérives idéologiques l'Unesco a innové d'une façon terrifiante en rendant public le texte des « droits de l’animal » :

« Considérant que la vie est une, tous les êtres vivants ayant une origine commune et s'étant différenciés au cours de l'évolution des espèces. Considérant que tout être vivant possède des droits naturels et que tout animal doté d'un système nerveux possède des droits particuliers »... . » Après avoir dit que l'espèce humaine n'est qu'une espèce animale parmi les autres, elle termine en exigeant que « la défense et la sauvegarde de l’animal aient des représentants au sein des gouvernements et organismes ».

Autre dérive à signaler le panthéisme. Un document de l'Unesco de 1991 condamne « La tradition judéo-chrétienne envers l'environnement...Les judéo- chrétiens ont soutenu que, selon la Genèse, l'Homme est créé à l'image de Dieu qui lui a ordonné d'assujettir la terre. La Genèse confère manifestement à l'homme un droit venu de Dieu d'exploiter la terre sans restrictions morales ». Le Secrétaire général de l'ONU, à l'époque Boutros Ghali, avait fait, à la conférence de Rio, l'apologie du polythéisme : « La nature est la demeure des divinités. Celles-ci ont conféré à la forêt, au désert, à la montagne, une personnalité, qui inspire le respect. La terre a une âme, la ressusciter, telle est l'essence de Rio ». Après les animaux, voici la forêt : pourquoi pas les druides ?

Sortir de l’Unesco ?

Si la France, en toute sagesse et logique, sortait de l'Unesco, les idiots utiles du prétendu patrimoine mondial se déchaîneraient. Parmi eux les intérêts conjugués signalés plus haut feraient barrage ; ils ne savent pas qu'en fait les intéressés paient par leurs impôts bien plus que ce qu'ils croient recevoir. Les prétentieux et les cuistres crieraient à l'attentat contre la culture. Il faudrait leur rappeler que la culture ne saurait être imposée par la force et qu'elle n'est valable que si elle s'exerce dans la liberté qu'offre l'économie de marché.

Il est vrai que les « unescocrates » ne peuvent comprendre un tel raisonnement. A force de se considérer comme des animaux, ils doivent voir se rétrécir leurs capacités cognitives, ce qui ne les empêche pas de partager avec leurs frères jumeaux une voracité bien connue.

Michel de Poncins

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