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21/2/12 Michel de Poncins
                    L’assassinat du peuple grec !

C'est à un véritable assassinat auquel le monde entier assiste médusé, accompagné d’une cruelle humiliation pour ce peuple, la police anti-émeute le matraquant sans pitié. Le meurtre est organisé et même célébré par un groupe de gens hétéroclites, réunis sous le vocable imprécis et abusif de « communauté internationale ». Ses membres ont toutefois des points communs, le plus important étant leur adhésion à la démocratie, ce qui ne les gêne pas du tout pour bafouer la démocratie grecque à l'occasion de ces terribles évènements.

Il s’ensuit qu'une fois encore, une rallonge, peut-être pas la dernière, va être accordée par l'Europe, qui a déjà déversé beaucoup de milliards dans ce trou sans fond. Personne ne connaît exactement les chiffres, qui bougent tous les jours au hasard des négociations. Il est question, pourtant, de 130 milliards, s’ajoutant à bien d'autres qui ont déjà été prêtés. C’est en fait une inondation d'argent qui n'existe pas et est créé ex nihilo pour les besoins de la cause.

Ces milliards quels qu'ils soient sont des prêts. Le pays exsangue se ficelle donc par des intérêts condamnant tout effort de redressement. Les prêteurs, États ou Europe, auront de faux bilans avec à leur actif des créances pourries aussitôt que nées.

Les coupables

En premier lieu se trouvent les politiques grecs qui, au sommet, appartiennent à quelques familles ennemies-amies se partageant le pouvoir depuis des lustres et exploitant le pays au profit de leur clan. Les privilégiés qui bénéficient de leur soutien échappent à l'impôt et placent leurs actifs dans des paradis administratifs et fiscaux. Le résultat est que l'État n'obtient pas d'impôts des riches et doit frapper les classes moyennes. Le pays est, simultanément, soumis à un socialisme extrêmement tatillon, quelle que soit la couleur apparente des gouvernements. Le produit de ces deux facteurs est que l'économie grecque se traîne depuis longtemps alors que l'ingéniosité des Grecs est célèbre dans le monde entier et ne peut s'épanouir normalement. Il en est résulté l'océan de dettes qui justement conduit au drame actuel.

Le FMI est largement responsable. Ce FMI, sous la direction de DSK, a bâti une méthode d'intervention qui a eu des effets médiocres et parfois désastreux dans beaucoup de pays faisant appel à lui. Christine Lagarde a suivi sans barguigner les mauvaises pratiques de DSK !

L'Europe, avec à sa tête le couple franco-allemand, porte une lourde responsabilité. N'oublions pas que les acteurs principaux de cette Europe ont l’œil rivé sur leurs échéances électorales, le sort cruel du peuple grec ne leur important guère.

Les prétextes

Les prétextes invoqués n'ont pas manqué. Le principal était que l'Europe ne puisse admettre qu'un pays de la zone euro et membre de l’Union européenne fasse défaut, quelle que soit l'immensité des dettes créées par les prédateurs locaux. Se trouvait aussi affiché le souci de protéger les banques européennes. Ces banques, qui ont accordé des prêts d'une façon aventureuse, ont d'ailleurs reconnu leur faute, ayant provisionné les mauvaises créances grecques. Ce raisonnement ne pourrait qu'encourager les mêmes à prêter avec légèreté à d'autres pays en danger.

Autre prétexte, la fausse idéologie européenne. La doctrine officielle est qu'il faut sauver l'euro, lequel n'est qu'un appendice de l'édifice européen. Lors de la création de cette monnaie unique, maints analystes avaient prévu qu'elle était vouée à l'éclatement et nous n'en sommes pas loin.

Derrière l'euro se profile l'objectif fondamental de sauver l'Europe. Selon la propagande, l'édifice européen, qui n'en finit pas de se bâtir, serait l'horizon indépassable d'un continent de 500 millions d'habitants. C'est vraiment de la propagande, car maints signes, s'exprimant parfois dans les urnes, montrent que les peuples sont très réticents.

Nous avons souvent montré que l'hydre européenne et son extension permanente ne s'expliquent que par la voracité financière des eurocrates, leur nombre étant si grand qu'il est impossible de les dénombrer vraiment. Le prix à payer pour cette cupidité est la ruine pour le continent par les impôts nécessaires et le déluge de lois imposées par l'Europe. Cette ruine se manifeste par la panne de croissance, même si de temps à autre une petite amélioration survient, ce qui est le cas pour l'année 2011 en France.

Un autre prétexte invoqué est le jugement des marchés. Ceux-ci ne supporteraient pas que la Grèce fasse défaut. Le plus surprenant dans ces péripéties est que les marchés saluent en général favorablement les actions engagées pour sauver la Grèce, comme les « hauts » et les « bas » quotidiens le montrent. Les politiques du sommet ne s'aperçoivent pas ou ne veulent pas voir que les marchés commencent toujours par porter un jugement hâtif. Ensuite vient le jugement définitif, et il risque d'être dramatique au vu du champ de ruines qui va en résulter.

Des effets dévastateurs

Les effets dévastateurs ne vont pas tarder à émerger.

Indépendamment de l'assassinat programmé du peuple grec, il y a la destruction de sa propre richesse : or, industrieux comme il l’est, il n'y a aucune raison que l'économie de l'Europe se prive de ses potentialités.

Derrière se profile le risque que d'autres pays, comme le Portugal et l'Espagne, soient à leur tour emportés dans la tourmente. Quant à la France, le premier ministre, François Fillon, a dit qu'elle était en faillite : la charge insupportable de la Grèce ne peut qu'aggraver sa situation.

Pour prétendument l'aider, les politiques creusent la ruine de l'Europe par les impôts ou l'endettement qui en résulteront.

L'Europe est jugée dans la planète économique mondiale comme un « homme malade », sans d'ailleurs que les analystes en perçoivent bien les raisons profondes. Or, dans des marchés de plus en plus élargis, la pauvreté relative des uns nuit à la richesse des autres. Le capitalisme veut que la richesse ne soit nullement un gâteau fini que l'on se dispute pour avoir une plus grande part : la richesse globale est une construction et la richesse des uns rejaillit sur celle des autres. La pauvreté fait de même dans l'autre sens.

Enfin, la Grèce affectant surtout l'Europe, nous observons avec tristesse que la Chine, pourtant encore communiste, vient à notre secours.

La conclusion est qu'il ne fallait surtout pas aider la Grèce. En l'aidant les politiques européens l’ont enfoncée, et l'Europe avec elle. Si elle n'avait pas été aidée, elle aurait fait défaut depuis longtemps. C'est arrivé à d'autres pays, qui ont brillamment rejailli de leurs cendres.

Michel de Poncins


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