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21/3/12 Michel de Poncins
                    Après la Grèce, le Portugal ?

Après la Grèce, le Portugal sera-t-il la prochaine victime de l'action conjointe, solidaire et « fraternelle » de l'Europe et du FMI ? La question se pose à la lumière des dernières nouvelles de ce pays. En écrivant, il y a peu, qu'il ne fallait pas aider la Grèce, nous ajoutions que l'Espagne et le Portugal risquaient d'être emportés dans la tourmente et les dernières nouvelles ne sont pas rassurantes.

La Grèce s'est enfoncée dans le malheur parce que, selon la propagande officielle, elle n'avait pas joué le jeu. Le Portugal, selon la même propagande, nous est présenté comme un « bon élève ». Il a obéi en tous points aux injonctions de l'Europe et du FMI. C'est pourquoi il a reçu en mai dernier 78 milliards d'euros d'aide. A la même époque, la dette publique représentait 107 % du PIB. En 2012, on vient d'annoncer que selon les prévisions, elle pourrait monter à 118 %.

C'est l'une des preuves de la nocivité des politiques imposées par la prétendue « communauté internationale ». En effet cette dégradation prévisible vient pour l'essentiel de ce que l'économie se réduit : les médecins de Molière étaient connus pour tuer le malade grâce à leur médecine.

Vitor Gaspar, le ministre des Finances, est apprécié de ses collègues : par des mesures dures il a réduit le déficit budgétaire de plus d'un tiers. Le résultat est que l'économie s'est contractée de 1,5 % en 2011, avec une tendance vers 3% en 2012. Les analystes extérieurs calculent que les mesures prises qui conduisent à l'étouffement ne permettront pas de rembourser les dettes même à long terme.

Début février, un échange entre Vitor Gaspar, ministre des finances, et son homologue allemand a fuité. Ils prévoyaient carrément qu'une rallonge serait nécessaire. C'est maintenant officiel, Bruxelles envisageant un deuxième sauvetage.

Les prévisions de Moody’s

L'agence de notation a abaissé le mardi 5 juillet 2011 de quatre crans la note de la dette souveraine du Portugal. Cette note signifie que le Portugal, un des pays de la zone euro touché par la crise de la dette, est considéré comme pouvant faire face à ses engagements, mais que l'investissement est jugé comme « spéculatif », donc risqué.
Il était indiqué déjà à l'époque que le Portugal aurait besoin d'un second plan d'assistance financière avant d'être en mesure de se financer lui-même sur les marchés internationaux. Moody's assortissait sa note d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle envisageait de l'abaisser encore à moyen terme.

Pour justifier cet abaissement, l'agence de notation faisait valoir qu'elle craignait que le Portugal ne parvienne pas à tenir les engagements qu'il avait pris envers l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), en matière de réduction de son déficit et de stabilisation de la dette

En échange du prêt de 78 milliards d'euros décidé en mai, le Portugal s'était engagé à mettre en œuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans.Cette nouvelle cure d'austérité devait permettre au pays de ramener son déficit public de 9,1 % du PIB en 2010 à 5,9 % cette année, puis à 3 % en 2013.

Moody's relevait toutefois le « risque croissant » de voir le Portugal avoir besoin d'un deuxième plan d'aide avant de pouvoir de nouveau emprunter sur les marchés. L'agence de notation pensait que le Portugal pourrait ne pas pouvoir emprunter sur les marchés financiers « à des taux supportables » avant le second semestre 2013, voire plus tard.
Il apparaît bien que l'agence avait vu juste dans ses prévisions, ce que les dernières nouvelles confirment. En clair, et bien que cela ne soit pas dit franchement, cela signifiait que le pouvoir portugais ne faisait pas assez souffrir son peuple pour le soigner vraiment !

Résignation et impatience

La différence, aujourd'hui, avec la Grèce est que les Portugais ne se révoltent pas encore : la rue ne s'est pas enflammée. Cela va-t-il durer ? Pour le moment les gens semblent accepter les mesures d'austérité imposées par la force. Il est envisagé une baisse des pensions de vieillesse, une dégradation des salaires, des hausses d'impôt. Les Portugais constatent, chemin faisant, que, comme ailleurs, la classe politique ne participe nullement aux sacrifices communs.

A qui le prochain tour ? Il est bon de s'interroger. L'Espagne avait une dette publique de 36 % du PIB avant la crise de la dette ; le coefficient devrait passer à 84 % d'ici à 2013. L'Italie se situait à 105 % en 2009 et devrait passer à 126 % en 2013 ; les riches Italiens, pendant ce temps, sont connus par les agents immobiliers à Londres pour leur capacité à acheter des biens de grand luxe !

Malgré la propagande, les experts reconnaissent que les exigences implacables du FMI empêchent, par leur austérité, une vraie croissance de s'installer. Ce FMI, sous la direction de DSK, a bâti une méthode d'intervention qui a eu des effets médiocres et parfois désastreux dans beaucoup de pays ayant fait appel à lui. Christine Lagarde a suivi sans barguigner les mauvaises pratiques de DSK !

La ruine

La ruine, à la fois pour les pays prétendument aidés et pour l'Europe, est au rendez-vous. Dans le cas de la Grèce, l'argent est versé dans un trou sans fond. Pour le Portugal, et demain pour d'autres, l'argent est déversé sans apporter aucune solution pratique. Pour les pays prêteurs, c'est la ruine par les impôts ou l'endettement nécessaire. Ces pays sont les membres de l’Union européenne, en un premier cercle, et tous les membres du FMI dans un deuxième : c'est donc la terre entière. La dramatique panne de croissance de l'Europe y trouve une partie de ses explications.
 

Quant à la France, le premier ministre, François Fillon, a dit il y a longtemps qu'elle était en faillite. Il faut, en outre, observer avec tristesse que, sauf chamailleries de détail, tous les programmes des candidats à l'élection présidentielle se ressemblent par l'organisation programmée de la ruine : impôts et taxes en folie, chasse aux riches, déluge de lois, bureaucraties foisonnantes, aucune mesure de véritables économies, tir sur les entreprises, etc.

Certains lecteurs de nos articles regrettent qu'il ne soit pas toujours proposé de solutions pratiques pour « sortir de l'auberge ». En fait, chaque fois que possible, il en est indiqué. Ici, le chemin existe et est à portée de la main. Il faut renoncer totalement au « tout-Etat », ce qui ouvrirait la voie de la richesse pour tous au lieu du partage de la pauvreté. A cette fin, il est absolument nécessaire de libérer les entreprises, seules créatrices de richesses. Les libérer implique de leur enlever le double boulet fiscal et règlementaire que les pouvoirs socialisants leur ont imposé depuis des décennies !

Michel de Poncins


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