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5/1/10 Michel de Poncins

Les acrobates de la taxe carbone se surpassent !

La dernière nouvelle de l'année 2009 est que la taxe carbone telle qu'elle était prévue par le gouvernement a été refusée par le Conseil constitutionnel. Cette taxe, extrêmement cruelle il faut le dire, est due à la « volonté d'un seul homme ». Cet homme n'est pas celui que l'on croit. En effet le pouvoir n'est, en la circonstance, que l'ombre portée d'un riche pollueur de la planète qui, par un miracle de la fausse démocratie, s'est emparé pour son usage personnel de l'illusion écologique. C'est pour lui faire plaisir que fut créé un ministère de l'écologie avec en conséquence le ridicule et coûteux « Grenelle de l'environnement ». Ce pollueur doit sa célébrité et son pouvoir abusif aux innombrables engins motorisés qu'il a utilisés dans les endroits les plus beaux du monde. Ce faisant, il s'est saisi du pouvoir écolo, lequel met en danger l'économie de la planète entière.

La cruauté vient de ce que, comme toute taxe, le nouvel impôt pèse principalement sur les modestes et les pauvres, qui sont atteints directement dans leur capacité de circuler. Les riches peuvent s'en accommoder. Les richissimes politiques et les gentilshommes de la Cour ne s'en occupent pas, car ils vivent dans une bulle où il échappent aux problèmes du vulgaire. Quant aux PME ou TPE qui forment les véritables forces vives de la nation, elles sont frappées de plein fouet n'ayant pas la possibilité de délocaliser ou sinon avec de grandes difficultés.

Pour se défendre de l'accusation de taxer pour ramasser des sous, le pouvoir a promis que la taxe carbone n'augmenterait pas les prélèvements obligatoires et, en particulier, un nouveau monstre bureaucratique est prévu à cette fin sous le vocable de « chèque vert ». Comment une promesse aussi monumentale peut-elle être énoncée sans que personne dans les médias ne souligne son impossibilité? L'enchevêtrement incroyable, inouï et fantastique de l'empilement d'usines à gaz que représentent les prélèvements obligatoires rend absolument irréaliste toute prévision dans ce domaine. En outre, le complexe énarcho-socialo aux affaires dépense au-delà du possible et cherche de l'argent de tous côtés.

Ajoutons, pour compléter la description, que le projet est tyrannique par définition, puisqu'il prétend nous faire dicter nos comportements dans tous les domaines de la vie par le pouvoir en place. Les écolos en se présentant abusivement comme les seuls amoureux de la nature exercent dans tous les pays ce pouvoir tyrannique. En outre, le projet de taxe combine le tout et son contraire dans un équilibre absolument impossible à trouver.

Le Conseil constitutionnel s'est bien gardé de critiquer le principe de la taxe. Oubliant que la presse le prétend abusivement composé de « sages », il ne voit aucun inconvénient à ce que le pouvoir ait voulu, par un impôt, lutter contre le soleil ou les effets de la nature.

Pour rendre sa décision, il s'est appuyé sur deux chimères. D'abord, paraît-il, la taxe ne respectait pas le principe d'égalité des citoyens devant l'impôt : c'est une pure chimère, car tout impôt, par nature, est contraire à l'égalité et il ne peut en être autrement. La taxe, d'autre part, tapait particulièrement sur les faibles et les pauvres, comme indiqué plus haut, et cela ne semblait pas émouvoir particulièrement ce Conseil constitutionnel, pourtant composé de personnalités généralement adroites dans la gestion et l'utilisation de la compassion.

Un autre prétexte fut invoqué : le pouvoir, par le mécanisme mis au point, ne pouvait pas atteindre l'objectif qu'il se donnait lui-même. Il était prévu, en effet, d'épargner les transports routiers de voyageurs, le transport aérien et 1000 sites polluants d'une foule d'industries. Le dispositif était, évidemment, un exercice d'équilibre dans une usine à gaz de plus, avec de multiples compteurs et de multiples contentieux en perspectives. Les prétendus sages savent du reste fort bien que les usines à gaz administratives ne peuvent jamais fonctionner en vue de réaliser des objectifs précis. En l'espèce, la lutte contre le soleil n'est de plus guère mesurable dans ses effets !

Compte tenu de cette analyse, le pouvoir a sans doute raison de laisser dire dans la presse que l'on pourrait soupçonner une opération politique dans ce rejet. Ce n'est certes pas pour nous rassurer, car les opposants ne rejettent nullement l'objectif en lui-même et rêvent seulement de mijoter une cuisine encore plus complexe. Pour ne pas avouer l'erreur initiale en retirant purement et simplement le projet, il nous a été annoncé le 31 décembre qu'une autre mouture du texte serait présentée le 20 janvier.

C'est alors qu'une réjouissante coïncidence s'est produite à la télévision le lendemain, 1er janvier 2010. Elle montrait le cirque de Monte-Carlo. Ce petit bout de territoire, qui offre un paradis aux étrangers voulant échapper aux enfers fiscaux, est également célèbre pour son cirque. Et chacun a pu voir en quelques minutes une ressemblance étrange avec le cirque indéfiniment répété de la « République Fromagère (R.F.) » en France.

Un équilibriste est arrivé et ce fut en un instant un merveilleux spectacle. Il se jucha à deux mètres du sol et disposa une seule roulette. Son épouse adorée lui jeta une première marche en bois et il monta sur cette marche, maintenant son équilibre en combinant les contraires, comme l’un quelconque des 40 ministres ou sous-ministres en fonctions. Et puis une deuxième planche, et puis une troisième … jusqu'à la dixième. A chaque nouvel étage, il prenait le soin de nettoyer en quelque sorte la nouvelle marche. Pourtant c'était son épouse qui lui lançait l'objet et elle ne voulait certainement pas lui « savonner la planche », comme cela se passe tous les jours entre politiques de haut niveau ! Après avoir nettoyé, il gravissait la marche, on ne sait comment, sans que tout s'écroule. En haut de la dixième marche l'ovation fut fabuleuse.

Vint alors un exercice encore plus périlleux. Ayant détruit le travail antérieurement bien fait, comme l’un quelconque des mêmes 40 ministres qui refait sa copie, il entreprit ce deuxième exercice et empila d'invraisemblables pièces roulantes les unes sur les autres, lesquelles avaient du mal à rester ensemble même sans lui. L'exercice précédent se renouvela avec l'adjonction de simples planches jusqu'à le conduire à se hisser jusqu'à un sommet. Ce fut alors tout soudain l'effondrement : le hasard le jeta par terre à la grande émotion du public et comme un quelconque Conseil constitutionnel l'aurait fait. Il avait du métier et put tomber avec grâce, comme le font nos politiciens qui savent chuter avec adresse, même devant les juges les plus exigeants pour les autres individus. Tout aussitôt il proclama qu'il remonterait, non le 20 janvier, mais tout de suite et finalement il réussit son nouveau pari, sous une ovation immense.

Les ressemblances avec la « République Fromagère (R.F) » sont nombreuses avec quelques dissemblances.

Mêmes applaudissements de la foule devant l'habileté des acrobates. Toutefois, dans le cirque monégasque, les spectateurs paient leur place avec leur argent. Dans le cirque français, ils sont conditionnés par la presse dont l'essentiel des recettes est dû à la publicité publique, comme si l'acrobate achetait lui-même les applaudissements.

L'acrobate du cirque privé ne peut réussir que grâce à un travail incroyable et permanent sur des années. Idem dans la « R.F » : le travail d'équilibre est gigantesque et ses échos entremêlés remplissent abusivement tous les jours les écrans, les journaux et l'ordre du jour des luxueuses, multiples et inutiles assemblées.

Sous l'angle des dépenses, du côté de Monte-Carlo, elles ne sont pas immenses : un ménage et sans doute quelques auxiliaires, avec en plus les dépenses propres au chapiteau. Dans le cirque français, d'innombrables acrobates sont embusqués pour dévier en leur faveur la rivière argentée que les esclaves-contribuables alimentent par la force de la loi. A ce sujet, personne, semble-t-il, ne met en lumière un fait important : au coût propre du cirque et à l'enrichissement fabuleux des acrobates, s'ajoute la destruction de leurs propres talents. Ces acrobates sont souvent intelligents, dynamiques et parfois diplômés : autodidactes ou diplômés, ils consacrent leurs talents à un travail totalement destructeur et négatif.

Enfin le cirque de Monte-Carlo réjouit les spectateurs. Le cirque étatique réjouit les seuls acrobates. Les millions d'autres subissent les délocalisations d'usines, le chômage, les salaires insuffisants, l'écroulement des retraites et la désolante prospérité des restos du cœur !

Michel de Poncins

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