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8/11/07

Claude Reichman

Sécurité sociale : Sarkozy n’a plus le choix !

A l’occasion de la révolte des marins pêcheurs, Nicolas Sarkozy a fait la démonstration qu’il n’a aucune autre marge de manœuvre que la réforme de la protection sociale. Qu’a-t-il promis aux travailleurs de la mer ? Une exonération totale des charges patronales et salariales pour une durée de six mois, reconductible si le pétrole continue à monter. C’est reconnaître avec éclat la responsabilité de la Sécurité sociale dans la perte de compétitivité des entreprises et dans le bas niveau des salaires, donc dans l’affaissement du pouvoir d’achat. Certes il est prévu des aménagements visant à compenser l’augmentation du prix du carburant, mais ils ne prendront éventuellement effet que plus tard, et rien ne dit d’ailleurs qu’ils puissent s’accorder avec les règles européennes qui interdisent tout ce qui peut s’assimiler à une aide d’Etat. En fait, pour le président de la République, il y avait le feu et il n’a pu l’éteindre en toute hâte qu’en taillant en pièces les charges sociales des intéressés.

Au départ, M. Sarkozy et ses conseillers ne voulaient accorder qu’une exonération des charges patronales. Mais les délégués des marins pêcheurs se sont récriés :
"
Cela ne suffira pas : il faut aussi exonérer les charges salariales pour que les gars voient un effet sur leurs payes." (Le Parisien du 7/11/07). Après avoir consulté deux conseillers, le président a donné son accord.

Ce n’est pas la première fois que des exonérations de cotisations sociales viennent au secours de secteurs en détresse. Mais cette fois-ci, la démonstration a été faite "dans sa pureté de cristal ", comme aimait à le dire Raymond Barre. Le pouvoir vient de reconnaître que faute de réformer de fond en comble la protection sociale des Français, il va précipiter la faillite économique de notre pays et le cortège de malheurs qui l’accompagnera.

Il se trouve que cette réforme est votée depuis le 19 avril 2001 et qu’il suffit d’une déclaration gouvernementale pour que ces lois soient appliquées. Cela va se traduire par de substantielles économies pour les assurés sociaux, qui pourront contracter une assurance auprès d’une société privée, d’une mutuelle ou d’une institution de prévoyance dans des conditions beaucoup plus avantageuses qu’auprès de la Sécurité sociale. Les Français verront leurs revenus augmenter, ils pourront consommer et investir, et l’économie retrouvera un dynamisme après lequel elle court depuis des décennies. Quant aux personnes démunies, elles verront s’exercer à leur profit - par voie fiscale - cette fameuse solidarité dont on nous rebat les oreilles et qui a eu jusqu’à présent - dans sa version collectiviste, qui est de règle chez nous - comme unique résultat la stagnation économique et l’installation de la misère dans un pays fondamentalement riche !

Bien entendu, il va être plus que gênant pour les politiciens français d’avouer qu’ils ont perdu - et nous ont fait perdre - tant d’années dans la mise en oeuvre de cette réforme. Mais ils sont tous impliqués dans cette scandaleuse carence. Et au cas où certains voudraient tirer par démagogie leur épingle du jeu, nous tenons à la disposition de Nicolas Sarkozy le compte bien tenu et parfaitement ordonnancé des refus d’agir, des mensonges et des non-dits commis par les uns et les autres - y compris par lui-même - et démontrant que pas un seul homme politique, pas un seul parti, ne peut se prévaloir de la moindre innocence en la matière. Ce n’est donc pas entre eux qu’ils auront un problème. Mais avec le peuple. Et cela, comme disait Kipling, « c’est une autre histoire ».

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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