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Le plan Villepin : un catalogue disparate de recette éculées

5/9/05 Florin Aftalion
Quel est l'objectif du plan dit de " modernisation sociale " que vient d'annoncer Dominique de Villepin ? Plusieurs réponses à cette question sont possibles. Comme par exemple : donner confiance aux Français, assurer la croissance sociale, remettre le modèle social d'aplomb, toutes expressions tirées du discours du 2 septembre du premier ministre.
S'il s'agit bien d'objectifs, ils sont vagues (la confiance se mesure-t-elle autrement que par des sondages d'opinion ?) et mal définis (qu'est-ce que la croissance sociale ?). Un objectif plus pertinent et plus clair aurait consisté à viser un taux de croissance suffisant pour résorber une grande partie du chômage et produire du même coup les rentrées fiscales nécessaires au financement des déficits publics.

Les mesures annoncées permettent-elles d'atteindre cet objectif là ? Avant de répondre à cette question constatons que les dites mesures ne résultent pas d'une analyse des causes du chômage et du déficit de croissance, deux phénomènes qui minent l'économie française depuis un quart de siècle. Il s'agit plutôt d'un catalogue disparate de recettes déjà maintes fois essayées dans le passé et qui ne " marcheront " pas plus aujourd'hui qu'hier. Leur mérite, aux yeux du gouvernement du moins, est ailleurs : elles font tomber de l'argent dans les poches d'un certain nombre d'électeurs. Accessoirement, elles soulagent plusieurs problèmes pressants (logement), conséquences de la stagnation économique. En aucun cas elles n'agiront sur les causes de celle-ci.

Un illusoire " effet de relance "

Mais rappelons les principales mesures du plan Villepin :
La prime pour l'emploi, inventée par Lionel Jospin, va être étendue à de nouvelles catégories d'employés. Les primes versées par les entreprises seront (jusqu'à 1.000 €) exonérées de charges sociales. Leur coût n'a pas été annoncé.
Quelques grands chantiers concernant notamment les transports, tels qu'autoroutes et TGV, seront lancés pour un total de 4 milliards d'euros.
La fiscalité de l'impôt sur le revenu sera simplifiée ce qui, d'après le gouvernement, rapportera aux classes moyennes quelques 3 à 3,5 milliards d'euros (à partir de 2007).
L'intervention dans le secteur du logement social se manifestera de différentes façons : réalisation d'urgence d'hébergements collectifs et mises immédiate aux normes de sécurité du parc existant, primes et aides diverses (dont prêts à taux zéro) pour l'accession à la propriété, défiscalisations, etc. Coûts inconnus.
A ces diverses mesures s'en ajoutent d'autres concernant l'énergie et l'écologie. Elles concernent soit l'allègement de la facture pétrolière pour les ménages au moyen de l'" aide à la cuve " ou du " ticket transport ", soit la promotion d'énergies " propres " (réduction de la vitesse des voitures ou promotion des biocarburants).

Ce qui nous conduit à nous interroger sur le financement du plan Villepin. Il reste lui aussi entouré de mystère. Quelques ressources spécifiques lui sont affectées en laissant croire qu'elles ne devraient pas être comptabilisées. Les terrains du quartier des Batignolles sont mis dans le panier de la mariée ainsi que le produit des privatisations des autoroutes. Ce qui revient à tirer un trait sur de l'argent qui aurait pu servir à d'autres usages comme de diminuer la dette de l'Etat. Pour le reste on compte sur un illusoire " effet de relance " qu'exerceraient sur l'économie les grands chantiers publics et la distribution de primes et aides diverses (relance devant, en cas de réussite, produire des richesses génératrices de rentrées fiscales).

Les dépenses de l'Etat sortiront alourdies de l'application de ce plan. Comme le poids déjà excessif de ces dépenses est l'une des causes de la stagnation française gageons que le chômage ne baissera pas et que le pouvoir d'achat de la plupart des gens ne sera pas amélioré. Et, par conséquent, la confiance des Français n'en sortira pas grandie. Sauf peut-être celle d'individus reconnaissants au gouvernement actuel de les avoir privilégiés. C'est là peut-être l'objectif de M. de Villepin.

Florin Aftalion

 

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