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21/4/08 Jean-Michel Aphatie
      Nous n’avons pas le fric, l’oseille, la pépète !

Hervé Morin, ministre de la Défense, a fait hier un terrible aveu. Citation puisée dans une dépêche AP de 19h57, éditée après le passage du ministre sur Europe 1: "Il est évident que la situation budgétaire de l'équipement de nos forces rend difficile la construction du second porte-avions."

Personnellement, je ne suis pas fana d'un second porte-avions, même si je sais que n'en avoir qu'un est ridicule car des périodes de maintenance obligatoire tous les dix-huit mois mettent l'unique exemplaire que nous possédions sur la touche pour six mois. Autant convenir que nous sommes ridicules avec un seul porte-avions et qu'en avoir deux est, sous cet angle, le moins couillon que l'on puisse faire. Convenons quand même que ceci n'empêchera personne de dormir. Mais ce que dit le ministre de la Défense retient l'attention pour une autre raison. Peu importe, dit-il en substance, que des raisons pratiques, stratégiques, ou bien des analyses liées à la sécurité du pays et aux missions des armées pour l'assurer, militent pour la construction d'un second porte-avions. Peu importe car nous n'avons pas les moyens budgétaires de le construire. Nous n'avons pas le fric, l'oseille, la pépète. Fauché, on le savait, ruiné, on le découvrira, l'Etat français.

Ce n'est pas par esprit militaire que j'écris cela, encore une fois. C'est l'impuissance de l'Etat devant son impécuniosité qui est terrible. C'est en ce sens que l'on peut parler d'aveu du ministre de la Défense. J’'ai lu ces derniers jours des papiers d'économistes qui disaient que le discours "anxiogène" sur la dette - le qualificatif était dans leur papier - émanaient de "libéraux" et donc qu’ il convenait de s'en méfier. Au contraire, écrivait même l'un d'eux dans un grand journal au début de la semaine dernière, il faut dire et répéter que l'addition des actifs de l'Etat conduit à affirmer que chaque petit Français, loin de devoir de l'argent, possède en fait un pécule. Et il chiffrait le pécule : des milliers d'euros.

Il vaut mieux, bien sûr, rire que pleurer devant ce type de démonstration. Effectivement l'Etat français, l'immense et majestueux Etat français, peut vendre la Tour Eiffel et l'Arc de triomphe. Mais il ne peut plus construire de porte-avions. Ou bien, pour dire les choses autrement, il ne peut plus financer des opérations qu'il jugerait, lui, garant de l'intérêt général, utile au bien collectif, en l'occurrence la sécurité du territoire.

Est-ce "libéral" que d'écrire cela? Ou bien est-ce légèrement sot d'écrire que c'est libéral?

Jean-Michel Aphatie
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