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Notre " pacte social " exige une dictature

30/4/04 Claude Reichman
L'Etat-providence garantit la cohésion sociale en France. En l'affirmant dans son éditorial du 29 avril 2004, le journal Le Monde a au moins le mérite de poser la question fondamentale que les politiciens refusent systématiquement d'aborder. Car ils savent que leur sort est intimement lié à celui de ce mode d'organisation de la société et que si celui-ci vient à être changé, leur pouvoir disparaîtra. Il fallait que Jean-Pierre Raffarin fût au bout du rouleau et certain de devoir quitter Matignon à très brève échéance pour écrire aux parlementaires de son camp que l'Etat-providence figure au rang des impasses qui ferment l'avenir de la France. Mais aussitôt après, et sans le moindre souci de cohérence, voici que ressurgit sous sa plume l'habituelle litanie annonçant " de fortes initiatives dans les mois à venir, notamment concernant notre " pacte social " : financement de la dépendance, sauvegarde de notre sécurité sociale, mobilisation pour l'emploi et la cohésion sociale ". Pour n'importe quel psychiatre, M. Raffarin, s'il était un simple particulier, présenterait des signes évidents de schizophrénie. Mais comme il est premier ministre, c'est à cette aune que son cas doit être examiné. Le diagnostic n'a d'ailleurs nul besoin d'être modifié, à ceci près qu'il faut parler de schizophrénie politique, ce qui préserve la santé mentale du citoyen ordinaire que va bientôt redevenir M. Raffarin.

L'impasse politique actuelle en France est uniquement due au fait que les politiciens sans aucune exception, pas même celle du Front national, ne peuvent se résoudre à proposer la fin de l'Etat-providence et à prendre les mesures indispensables à cet effet. Or il s'agit, pour notre pays, d'une nécessité vitale. Nos déficits sont devenus intolérables et ne cessent de s'accroître en raison de la disparition des entreprises ou de leur délocalisation, et cela nous conduit tout droit à la faillite de l'Etat et des régimes sociaux. Il y a en fait une incompatibilité totale entre l'Etat-providence français et l'ouverture européenne et mondiale de nos frontières. La seule solution pour maintenir ce que M. Raffarin appelle
" notre pacte social " consisterait à quitter l'Union européenne et à interdire toute émigration aux Français. En somme, notre " pacte social " exige une dictature !

La responsabilité des médias de droite

On en voit les prémices dans le comportement de certaines organisations syndicales infiltrées par l'extrême gauche, qui ont déjà commencé à mettre en œuvre des méthodes terroristes susceptibles d'enclencher le cycle classique de la provocation et de la répression et d'embraser la société.
La faiblesse du pouvoir politique est telle qu'il ne parviendra pas à faire face à la situation lorsqu'elle s'envenimera vraiment, c'est-à-dire demain. On peut craindre que surgisse alors un démagogue qui, pour calmer la colère du peuple, lui désignera sans cesse de nouveaux boucs émissaires, jusqu'à l'apocalypse finale. Et qu'on ne compte pas sur l'Europe pour nous venir en aide. Elle n'aura pas d'autre souci que de se préserver et tendra autour de la France un cordon sanitaire aussi étanche que possible, ce qui, compte tenu de ses modestes capacités d'action, permettra sans doute à certains Français de sauver leur vie en abandonnant tout leur bien aux émeutiers du " pacte social ".

Il se peut que certains nous trouvent pessimistes. C'est qu'ils ignorent l'histoire. Les crises économiques graves et la détresse populaire qu'elles engendrent ne peuvent être surmontées démocratiquement que par des régimes pour lesquels les citoyens éprouvent quelque considération. Qui oserait affirmer que c'est actuellement le cas en France ? Quel est l'homme politique auquel nos compatriotes portent une estime suffisante pour vouloir le maintenir ou l'amener au pouvoir en cas de drame national ? Y-en-a-t-il un seul qui ait prévenu le peuple du danger et proposé - fût-ce dans l'indifférence générale, mais celle-ci n'est souvent qu'apparente - les solutions propres à redresser le pays ?

De cet accablant état de fait, les médias portent la responsabilité majeure. Il n'y a pas de débat en France pour l'excellente raison qu'il y a des sujets interdits. En ne considérant que celui qui a trait à la suppression du monopole de la Sécurité sociale, si la presse avait tout simplement joué son rôle, le mensonge d'Etat qui a consisté à prétendre que le monopole était maintenu alors même qu'on votait les lois qui le suppriment eût été évidemment impossible et l'on aurait évité la disparition de 400 000 entreprise en dix ans et la mise au chômage de deux millions de Français ! C'est évidemment la presse de droite - ou considérée comme telle - qui porte la plus lourde responsabilité. Que la gauche n'ait pas milité pour la fin du " pacte social " qu'elle a inspiré et imposé n'est pas pour surprendre. Mais que des organes en principe favorables à la liberté d'entreprendre aient pratiqué une impitoyable censure à l'égard de ceux qui voulaient informer les Français de la liberté sociale à laquelle les nouveaux textes leur permettaient d'accéder donne bien la mesure de leur sincérité libérale. Ils n'ont été en vérité que les desservants zélés du culte de l'Etat mis en œuvre par la coterie technocratique qui s'est emparée de tous les pouvoirs. Et tout cela en voulant croire qu'ils aidaient la droite à conserver ou à reprendre les rênes du pays ! Sans doute les retrouvera-t-on dans le camp de la dictature qui vient. Tout simplement parce qu'on ne se refait pas !

Claude Reichman

 

 

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