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3/5/09 Bernard Martoïa

La Chine veut racheter tout le stock d’or du Fonds Monétaire International

« La connaissance peut être transmise mais pas la sagesse.» Herman Hesse

Une configuration « Island Reversal » se dessine

Contrairement à ma prédiction de la semaine dernière, l’indice Dow Jones a cassé la résistance à 8175 points. Il a clôturé la semaine à 8212 points. Cela représente un gain de 1,6 %. Depuis l’abysse à 6626 points qui a été atteint le 6 mars, l’indice vedette a progressé de 23,9 %. Cela représente un gain hebdomadaire de 3 % en huit semaines.

Le marché montre une surprenante résilience à l’avalanche de mauvaises nouvelles. En début de semaine, il a absorbé la menace d’une pandémie de grippe mexicaine, ensuite la régression de 6,1 % de la croissance américaine au cours du premier trimestre 2009, puis la faillite de Chrysler et enfin celle de trois banques régionales pour la seule journée du 1er mai, qui n’est pas fériée en Amérique (Labor Day est placé au premier lundi de septembre dans le calendrier américain). Il s’agit d’America West Bank à Leyton dans l’Utath, de Citizens Community Bank à Ridgewood dans le New Jersey et de Silverton Bank à Atlanta en Géorgie. On attend, la semaine prochaine, la publication du « stress testing » imposé aux dix-neuf grandes banques. Le docteur Bernanke de la Fed ne veut pas les laisser tomber selon l’adage en vogue dans les cercles keynésiens « too big to fail !»

L’analyse graphique de l’indice évolue rapidement d’une semaine à l’autre. Je vois à présent se dessiner une configuration « Island Reversal ». Dans ce vocabulaire technique emprunté à Wall Street, il s’agit d’une configuration dans laquelle après un gap haussier se forme un plateau. C’est le cas depuis quatre semaines de l’indice Dow Jones qui évolue dans un canal étroit. Il était à 7978 points le 2 avril, il est à présent à 8212 points. Mais une falaise succède à un plateau dans ce scénario. Que ce soit le cours d’une action ou d’un indice, la courbe amorce alors une descente qui se transforme en chute libre sur la fin. Il se forme un gap symétrique à la baisse de celui qui était haussier ; d’où le nom d’île renversée dont est affublée cette configuration graphique. Serait-ce le scénario en gestation ? L’avenir nous le dira.

La progression fulgurante du marché boursier rend-elle obsolète le débat entre une sortie du tunnel et un rebond technique ?

Charles Allmon est un vétéran de 88 ans qui a connu, dans son enfance, la Grande Dépression. Il a commencé à publier en 1965 la première lettre adressée à des investisseurs dans le Hulbert Financial Digest. Il a arrêté cette publication l’an dernier mais il reste attentif à l’évolution du marché. Le 15 avril, il a surpris d’aucuns quand il a investi 50 % de son propre portefeuille dans des actions. Cela ne lui était pas arrivé depuis le krach du 19 octobre 1987.

Bernard Madoff et Charles Allmon ont un point en commun. Ils ont gagné beaucoup d’argent, mais leur méthode de travail diffère sensiblement. Le premier a passé son temps à cultiver des relations avec des gens bien placés à Wall Street, mais aussi au parlement d’Albany, la capitale de l’Etat de New York, et au Capitole à Washington. Ses anciennes relations ne se bousculent pas pour le soutenir dans la dure épreuve qu’il traverse. L’esprit de cour se vérifie aussi bien dans une monarchie que dans une république. Dans le plus grand secret, Madoff a bâti une pyramide de Ponzi qui n’a profité qu’aux gens au sommet de celle-ci. Le second n’a pas cherché à nouer des relations. Il est resté discrètement à son bureau dans le Maryland où il a travaillé inlassablement sur des statistiques économiques et des bilans de sociétés. Contrairement à Madoff, Allmon ne gérait pas directement l’argent de sa clientèle. Elle était libre de suivre ou non ses conseils à travers sa lettre portant le nom de "Growth Stock Outlook".

Contrairement à la pléthore de lettres d’investissement qui promettent un rendement fulgurant, celle d’Allmon n’a jamais attiré de spéculateurs. Elle s’adresse à une clientèle voulant avant tout préserver son patrimoine. Mais sur le long terme, Allmon lui a fait gagner beaucoup plus d’argent que les autres. Au cours des dix dernières années, il a réalisé un gain annuel de 3,49 % alors que le Wilshire 5000 (l’indice le plus large de Wall Street) a enregistré une perte annuelle de 2,11 %. Voilà pour la carrière de l’intéressé.

Voyons à présent ce qu’Allmon pense du marché. Dans un récent entretien accordé à Peter Brimelow de Marketwatch, il a déclaré que la récente augmentation des actions dans son portefeuille est strictement dictée par ce qu’il considère n’être qu’un rebond technique du marché. Il pense toujours que l’indice Dow Jones va retomber entre 3200 et 4200 points à l’horizon 2011-2012. Le cours de l’or sera aussi à ce niveau là. Pour votre information, l’once d’or est à 885 $. Si Allmon anticipe un triplement ou un quadruplement du métal précieux, cela n’est pas de bon augure pour les épargnants.

Puisqu’il est question d’or, l’agence Xinhua News a annoncé, la semaine dernière, que la Chine a augmenté sensiblement ses réserves : de 600 tonnes en 2003 à 1054 tonnes aujourd’hui. Cela représente une hausse de 76 % en six ans. Excusez du peu ! Elle s’est hissée à la sixième place mondiale derrière les Etats-Unis, l’Allemagne, le Fonds Monétaire International, la France et l’Italie. Plus surprenant encore, elle a demandé au F.M.I de vendre entièrement son stock d’or. Cela représente la bagatelle de 3217 tonnes.

Pourquoi la Chine formule-t-elle cette demande aujourd’hui ?

Pour une raison simple. Elle ne veut plus être payée en une monnaie de singe que la décence empêche de nommer. La fourmi géante dispose de deux trillions de dollars de réserves en devises étrangères. C’est elle qui a le plus de réserves de change en dollars. Dans un langage imagé, elle se hâte de transférer une grande partie de ses œufs dans une fourmilière qui n’est pas prête d’être anéantie par l’hyperinflation !

Les Chinois ne croiraient-ils pas aux bienfaits du massif plan de relance de 885 milliards de dollars de l’administration Obama ? Cela laisse entendre que les pragmatiques marxistes de Pékin sont finalement plus proches des vues de l’école autrichienne que de celles de l’école keynésienne. Ne boudons pas notre plaisir de la conversion des édiles du Grand Timonier aux valeurs que nous défendons contre tout l’establishment français.

Comme la fourmi chinoise ne peut pas racheter tout l’or sur le marché sans provoquer une bulle dont elle serait la première victime, on comprend son appel pressant à la bureaucratie internationale, dont le directeur n’est autre que le Français Dominique Strauss-Kahn. Le récent réchauffement des relations diplomatiques avec Pékin n’est pas forcément celui auquel Paris aspire.

Bernard Martoïa

 

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