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3/7/10 Bernard Martoïa

Marée noire : Obama pompe lentement !

"Peu m'importe de mentir mais je déteste l'inexactitude" Samuel Butler

On sait que le puits de secours de Deepwater Horizon, foré à quinze cent mètres de profondeur dans le canyon du Mississipi, ne sera pas opérationnel avant le mois d’août. British Petroleum (BP) prend d’infinies précautions. Quel écologiste digne de ce nom pourrait blâmer sa lenteur en vertu du principe de précaution ? En revanche, une autre lenteur est injustifiable : il s’agit du pompage des nappes de pétrole qui dérivent dans le golfe du Mexique.

Qui n’éprouve pas de compassion envers le pélican englué de pétrole ? Cet oiseau est l’emblème de la Louisiane qui est l’État le plus durement frappé par la marée noire. Et pourtant, rien n’est fait pour le sauver pour les deux raisons suivantes.

1) Le blocage de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA)

Parmi les nombreuses missions de cette agence fédérale figure la protection de l’eau. Elle n’a pas donné son aval à une opération de grande envergure pour la raison suivante. Dans une opération de décantation du pétrole, il ne devrait pas y avoir plus de quinze particules rejetées par million dans l’eau de mer. Ce seuil s’applique en temps normal. Sommes-nous dans un temps normal ou dans la plus grande marée noire de tous les temps ?

Contre toute attente, l’agence fédérale penche pour la première option. Elle n’a pas jugé nécessaire de faire une dérogation à la règle. Lors de son audition du 17 juin 2010 à la commission de l’énergie à la Chambre des Représentants (1), Tony Hayward, le directeur anglais de B.P, est resté digne dans la torture. Il n’a pas avoué que si l’opération de récupération en haute mer du pétrole n’était pas menée, ce n’était pas la faute de sa société mais celle de l’agence fédérale. Il a simplement déclaré que le dossier était à l’étude…

Il est curieux qu’Henry Waxman (2), le représentant des ghettos d’Hollywood et de Beverley Hills qui préside ladite commission, ne soit pas au courant du blocage du dossier. Comme les Jacobins, il ne jure que par l’État. Il ne cherche pas à établir la vérité mais seulement comment il pourrait contrôler davantage l’immonde marché, coupable de tous les maux de la société parfaite qu'il veut construire !

2) Le blocage des garde-côtes américains

Une vieille loi fédérale de 1920, appelée The Merchant Marine Act ou également Jones Act du nom de son initiateur au Congrès américain, restreint considérablement le cabotage. Les seuls pavillons étrangers autorisés à entrer dans les eaux américaines sont ceux de Guam, des Îles Samoa et des Îles Mariannes pour la zone du Pacifique, et des Îles Vierges des Caraïbes pour la zone atlantique. Ces pavillons ne font pas beaucoup de concurrence aux Américains.

La loi cadre avait tout pour tuer le secteur naval américain. Les arsenaux américains, qui bénéficient depuis d’une protection absolue contre la concurrence étrangère, ne représentent plus que 1% des bâtiments commerciaux mis en chantier à travers le monde. Il en découle que les bâtiments capables de récupérer le pétrole sont belges, hollandais ou français mais certainement pas américains. Pour l’instant, l’administration Obama n’a pas daigné lever cette restriction. Comme pour le quota des particules rejetées, l’autorisation est à l’étude dans les arcanes de l’administration américaine…

Si le président Obama peut se retrancher derrière l’indépendance de l’EPA, il n’a pas ce prétexte pour les garde-côtes, qui dépendent directement du ministère de l’Intérieur. Il peut, à tout moment, faire une dérogation envers des bâtiments étrangers pourvus de la technologie nécessaire à la récupération du pétrole. Mais pour cela, il devrait surmonter la résistance des syndicats de marins qui défendent bec et ongle le Jones Act. Entre la résorption de la marée noire et le mécontentement prévisible des syndicalistes, on sait où balance le cœur du premier président socialiste des États-Unis.

Cette marée noire ne sera pas perdue pour tout le monde

Comme le disait en février 2009 le machiavélique Rahm Emanuel, l’actuel secrétaire général de la Maison Blanche que l’on dit sur le départ après les élections de novembre (il n’y a pas qu’en France où les rats songent à quitter le navire) et qui s’y entend en matière de coups tordus : « Vous ne voulez jamais qu’une crise sérieuse se termine à la poubelle. » (3)

Des associations écologistes, comme le Sierra Club ou Greenpeace, se délectent. Elles ont beau jeu de réclamer un moratoire des permis de forer en haute-mer qui sont délivrés par la corrompue agence fédérale MMS (Mineral Management Service). N’oubliez pas que les bobos sont le bastion de l’électorat d’Obama.

Ainsi va l’Amérique de l’après Bush, bien plus cynique qu’on l’imagine en France, alors même que l’immense majorité des Français vouait le précédent président aux gémonies. Plus que son obstination, les bobos de part et d’autre de l’Atlantique n’ont jamais pardonné à George son franc-parler qui écornait leur dogme du langage politiquement correct qu’ils veulent imposer à la planète pour favoriser le métissage des populations. Mais c’était sans compter avec l’équipe de France à la coupe du monde de football en Afrique du Sud. Sacrés Français !

Bernard Martoïa

(1) Archive du 18 juin 2010 : « Le pacte avec le diable ».

(2) Archive du 23 juin 2010 : « Le gouvernement fédéral américain est le grand responsable de la marée noire ».

(3) The Wall Street Journal du 2 juillet 2010 : “Why is the Gulf cleanup so slow ?” par Paul H Rubin.


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