www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

5/12/10 Bernard Martoïa

« Laissez brûler les p’tits papiers » !

Depuis la publication, lundi 29 novembre, de la correspondance diplomatique américaine orchestrée par les journaux progressistes de la planète qui jouent contre les intérêts du camp occidental (New York Times en Amérique, El Pais en Espagne, Der Spiegel en Allemagne, The Guardian au Royaume-Uni et Le Monde en France), Bernanke Helicopter s’est vu ravir la vedette par Julian Assange, le patron de l’agence Wikileaks.

Alors qu’il avait opposé jusque là une fin de non-recevoir à la requête insistante de Ron Paul, le député républicain du Texas, de publier la liste discrétionnaire des récipiendaires des interventions de la Fed, Bernanke l’a balancée subitement, le mercredi 1er décembre, à la presse. Ne voyez pas dans cette soudaine volte-face de l’énigmatique barbu une corrélation avec le scandale qui éclabousse le Département d’Etat. Plutôt que subir l’humiliation infligée à cette pauvre Hillary qui doit se répandre en plates excuses envers toutes les personnalités froissées par les commentaires de la correspondance diplomatique américaine, Ben a préféré prendre les devants en jouant étrangement la transparence qui ne sied point à son personnage.

Ce que Ron Paul n’a pu obtenir en vingt-cinq ans de loyaux services à la Chambre des Représentants, Julian Assange vient de l’avoir sans rien demander. Il est vrai qu’après son scoop qui a laissé pantois l’Establishment, il a laissé entendre qu’il s’apprêtait à publier des informations fracassantes sur les banques américaines. La morale de cette triste « révélation », qui n’en est vraiment pas une selon Guy Sorman (1), c’est qu’il ne sert à rien de faire honnêtement son travail de député comme Ron Paul, ou de journaliste intègre, comme votre serviteur, en vous expliquant inlassablement que l’on ne sortira de la spirale de l’endettement que par un abaissement simultané des impôts et des dépenses. Comportez-vous plutôt comme un gangster à la mode Assange, ou en Robin des bois comme l’ancien footballeur Eric Cantona, en retirant votre argent de la banque en ce lundi 7 décembre qui est la date anniversaire de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor !

On vient d’avoir une preuve supplémentaire de l’efficacité de la méthode avec la déclaration empressée de la marquise de Bercy. Elle a rappelé, avec condescendance, à l’ancien buteur de l’Olympique de Marseille qu’il ne devait pas s’aventurer en dehors de la surface de réparation... Le même argument pourrait être retourné contre l’inénarrable marquise de Bercy qui a déclaré, dans la même semaine, que la zone euro n’est pas menacée. Rien ne sert de répéter que le problème numéro un de la France est son endettement à l'autiste qui gère si mal nos finances publiques.

Pour en revenir au sujet principal, la liste des récipiendaires de la Fed nous a laissés pantois. Comme les secrets de Polichinelle du Département d’Etat (Hugo est un dingue, Nicolas un agité, Vladimir se prend pour Batman), nous savions que les hélicoptères de la Fed avaient versé des tombereaux de billets fraîchement imprimés pour éteindre le gigantesque incendie qui a ravagé Wall Street le lundi15 septembre 2008. Mais ce que l’on ne savait pas encore, c’était la fréquence des rotations des hélicoptères pour éteindre les braises.

On apprend ainsi que la banque Goldman Sachs a été secourue pas moins de quatre-vingt quatre fois par la Fed pour un petit prêt « overnight » ! C’est dire à quel point les fonds propres des banques jugées « too big to fail » sont lamentablement bas, en dépit des résultats officiels des « stress test » de Timothy Geithner, l’actuel Secrétaire du Trésor, qui nous a sommés d’en faire autant avec le succès que l’on connaît en Irlande.

Celle qui est considérée par d’aucuns comme le diable de la finance en raison de son double-jeu (Goldman Sachs jouait à la baisse la note de la Grèce en même temps qu’elle lui prêtait de l’argent) est surclassée par sa consœur Morgan Stanley qui a sollicité, à 212 reprises, un prêt « overnight ». Normalement, les 19 primary dealers se refinancent entre elles ou, au pire des cas, par le guichet du taux de réescompte de la Fed. Comme l’écrit avec humour Alan Abelson (2) dans le Barron's, on se rend compte que la Fed n’est pas suspecte de chauvinisme. Elle a prêté 37 milliards de dollars à la banque suisse UBS, 10 milliards à la banque anglaise Barclays et 11,6 milliards à la banque allemande Commerzbank. Ces sommes rondelettes ont été remboursées entre temps.

Quel enseignement peut-on tirer des « révélations » de la semaine ?

Qu’Internet est un puissant outil qui a un sacré inconvénient. Afin d’éviter qu’un caporal de l’armée américaine, qui s’ennuie fermement dans un camion de transmission, commette une autre bêtise irréparable, il conviendrait de compartimenter les réseaux diplomatiques, militaires, policiers et autres, comme dans n’importe quel sous-marin. Les politiciens ne s’intéressent pas aux lois de la physique découvertes par Archimède. Ils s’intéressent davantage au carrelage de la piscine des grands hôtels et aux créatures de rêve qui s’y baignent. Autre recommandation de bon sens avec le retour au vieux papier pour préserver les vrais secrets d’Etat et non pas les appréciations portées par des diplomates sur des dirigeants que tout le monde connaît. On n’a pas attendu le « câble » de l’ambassadeur américain pour connaître le caractère de notre président de la République. Les téléspectateurs se souviennent de sa « sortie » au salon de l’agriculture.

Quant aux opérations discrétionnaires héliportées de la Fed, la seule façon d’y remédier est de supprimer cette institution créée, en 1913, par le progressiste Woodrow Wilson. Pourra-t-on éviter de « célébrer » son centenaire ? Telle est l’angoissante question pour les lecteurs avisés qui savent son rôle prépondérant dans la formation et l’éclatement des bulles. Les autres, gavés par la propagande keynésienne, croient que c’est l’ultra-libéralisme qui est la cause de la crise économique. S’il existe un autre secret à percer auprès de l'opinion publique française, c’est bien celui-ci de la dette de l'État qui pend au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. Les détenteurs d'assurance-vie l'apprendront à leurs dépens...

Concluons sur une note optimiste. Vous avez pu constater cette semaine qu’il n’y a pas de réchauffement climatique liée à l’activité humaine. EDF a dû faire appel à toutes les centrales thermiques pour éviter une rupture de son réseau de distribution. Il sera amusant de lire l’explication fournie par la secte verte au journal Le Monde. Si le froid tue quelques vagabonds, victimes de la politique sociale du logement, il ne tuera pas ceux qui se sont ridiculisés en épousant la thèse farfelue de la secte verte. Il est dommage que des innocents soient condamnés à la place des vrais responsables du désastre. Mais les rares fidèles qui vont encore à la messe le dimanche savent que la justice ne fait pas partie de ce monde. Les autres, qui se sont détournés de Dieu ou ne l’ont jamais rencontré de leur vie, n’ont à la bouche que le mot de « justice sociale », qui sonne étrangement creux auprès des victimes de ce grand gâchis provoqué par une idéologie totalitaire.

Bernard Martoïa

(1) "Wikileaks : des révélations qui ne révèlent rien !", par Guy Sorman

(2) Barron's du 4 décembre 2010 : "Volcker versus the Schills".


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme