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14/11/09 Bernard Martoïa
Démanteler les méga banques : l’idée progresse !

Mon idée de démanteler les méga banques, que je vous ai exposée le 31 octobre, vient d’être reprise, pas plus tard que le 6 novembre, par Bernard Sanders, le sénateur du Vermont, qui a introduit un projet de loi idoine. Bernard Sanders est un indépendant. Il n’appartient pas à l’un des deux grands partis du pays. A l’appui de son projet, il a fait la déclaration suivante qui ne manque pas de bon sens : «Si une institution est trop grande pour faire faillite, alors elle est trop grande pour exister. Nous devons la démanteler afin qu’elle ne soit plus dans une position de poser un risque systémique à l’économie. »

Son projet de démanteler les méga banques intervient alors que les démocrates à la chambre des Représentants envisagent une législation similaire. Paul Kanjorski, qui préside la commission des finances, travaille sur un amendement en faveur de la création d’une agence fédérale à qui serait confié le soin de réguler la taille des établissements qui menacent l’économie…

L’amendement de ce démocrate revient à confier la clé de la cave à un alcoolique. L’origine de la crise financière se décline en trois entités fédérales : Federal Reserve Bank (Fed), Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac) On ne dira jamais assez que c’est l’État et non le marché qui est responsable du désastre.

Sanders a ajouté : « Nous devons mettre fin à la concentration, laquelle a abouti à confier à quatre énormes institutions financières les deux tiers des cartes de crédit en circulation et à amasser 40% de tous les dépôts des particuliers. »

Le projet de loi de Sanders donne au secrétaire du Trésor Timothy Geithner un délai de 90 jours pour établir une liste des banques, des assurances et des hedge funds qui sont trop grands pour faire faillite.

Jimmy Dimon, le président de la banque JP Morgan Chase, lui a emboîté le pas. Dans une déclaration, du 13 novembre, faite au Washington Post, il a dit : « La mondialisation requiert les services de grandes institutions financières. Elle requiert aussi que ces institutions soient autorisées à faire faillite. »

Il faut prendre avec des pincettes cette déclaration de circonstance. Dimon est un excellent banquier à la tête d’une banque qui serait aussi en excellente santé. Que le meilleur de la classe se prononce en faveur de l’aléa moral n’a rien d’étonnant ! En revanche, Dimon n’explique pas comment on pourrait laisser tomber une banque rivale à la sienne et qui présente un risque systémique. Dimon défend la taille des méga banques : « Les économies d’échelle profitent aux clients, aux actionnaires et à l’économie en général par la diffusion rapide et bon marché de nouveaux produits. » Ce qui est bon pour JP Morgan Chase serait bon pour l’Amérique, en paraphrasant l’antienne de Charlie Wilson, l’ancien président de General Motors. Il a conclu en disant que « too big to fail » doit être éradiqué de notre vocabulaire.

La réponse de Dimon est insuffisante. Tant que les méga banques n’auront pas été démantelées, elles présenteront toujours un risque systémique. Dimon ne fait que défendre ses intérêts personnels dans cette affaire, tout comme d’ailleurs les inspecteurs des finances dans une France colbertiste.

Albert Einstein était non seulement un génie mais un homme rempli de ce bon sens qui fait tant défaut à nos élites. Il disait : « Si vous ne pouvez expliquer un concept à un enfant de six ans, c’est que vous ne le comprenez pas complètement. » Il disait aussi : « On ne peut pas résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. »

Bernard Martoïa

 

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