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5/1/13 Bernard Martoïa
      Deux choix radicalement opposés pour sortir
            la France de la récession économique !

Le gouvernement socialiste veut que l’année 2013 soit celle de la reprise de la croissance, de l’emploi et du rétablissement des finances publiques. Qui ne souscrirait à cette feuille de route placée sous le signe du bon sens ? Mais il ne suffit pas de le trompéter. Il faut un plan crédible pour y parvenir. Et c’est là que le bât blesse…

La croissance en attendant Godot

La croissance diminue depuis 1950 en France en raison de l’accroissement concomitant des prélèvements obligatoires. N’en déplaise aux tenants de l’Etat providence, il y a une étroite corrélation entre ces deux facteurs. L’impôt et la redistribution éperdue des richesses ont tué la croissance dans ce pays. Pour la retrouver, il faut remotiver les gens les plus entreprenants. Que fait le gouvernement socialiste ? Il punit davantage ceux qui réussissent à travers la progressivité des impôts et des taxes. Il fustige les riches qui s’exilent et ne jouent pas le jeu de la « solidarité. »

Que va-t-il se passer ? Les ménages les plus riches vont fuir en masse notre enfer fiscal, et ceux qui ne peuvent pas s’exiler vont couper net leur effort pour payer moins d’impôt ou vont recourir au travail au noir pour échapper au fisc. Résultat : la France va enregistrer une croissance négative en 2013.

Que proposons-nous ? Gérard Depardieu pourrait s’installer en Russie plutôt qu’en Belgique pour une bonne raison. Le taux d’imposition en Russie est de 13% quel que soit le revenu d’un ménage, alors qu’il est de 50% pour les ménages les plus riches en Belgique avec la progressivité de l’impôt sur le revenu. Ce n’est pas un hasard si d’autres pays d’Europe de l’Est, qui ont tant souffert du communisme, ont choisi la flat tax (impôt proportionnel sur le revenu). La Slovaquie a une flat tax de 19%, l’Ukraine de 17% et la République tchèque de 15%. L’égalité, à laquelle sont tant attachés les Français, consisterait à traiter tous les ménages de la même façon à travers un taux unique d’imposition de 13%, comme en Russie. Quant 50% des Français ne paient pas d’impôt sur le revenu et que 5% des ménages paient la moitié de l’impôt total, il ne faut pas s’étonner que les recettes soient très sensibles à un retournement de la conjoncture économique.

Il n’y a pas de fatalité du chômage mais une volonté délibérée de le maintenir à un taux élevé de la population active

Depuis des lustres, tous les gouvernements français ont clairement exprimé qu’ils faisaient de la lutte contre le chômage leur priorité, avec le résultat que l’on connaît. Depuis des lustres, les parlementaires ne font qu’exécuter ce que les Français leur réclament toujours : « Donnez-nous la garantie de l’emploi à vie ! » Ils se sont fort bien acquittés de cette tâche en bétonnant le code du travail. Il est pratiquement impossible de licencier une personne en France.

L’écueil de cette garantie, c’est que plus aucun entrepreneur ne veut embaucher une personne avec un contrat à durée indéterminée. L’économie de marché est un système qui se régule tout seul, avec un ajustement perpétuel du capital et de la force de travail disponible en fonction de la conjoncture. Contrairement aux promesses du gouvernement, on ne peut pas concilier la sécurité de l’emploi avec le plein emploi.

Conséquence : il faut supprimer le code du travail pour permettre aux chefs d’entreprise de licencier librement et d’embaucher quand la reprise se fait sentir.
En ce qui concerne le chômage endémique des jeunes (25% en moyenne), le gouvernement a recours à une recette éculée à travers une subvention publique. Tous les gouvernements français ont essayé cette grosse ficelle. Le résultat sera un accroissement du déficit des finances publiques. Pour lutter contre le chômage des jeunes, il faut tout simplement supprimer le salaire minimum de croissance interprofessionnelle (SMIC). L’embauche d’un jeune non qualifié coûte trop cher à un patron.

Enfin, le chômage pour les autres tranches d’âge de la population active ne pourra reculer qu’en réformant la protection sociale. Le salaire brut est beaucoup trop élevé en France pour faire face à la concurrence internationale. Pour cela, il faut supprimer le monopole de la sécurité sociale et permettre aux salariés de s’assurer à un moindre coût à travers des compagnies d’assurance privée et des mutuelles.

La contrainte extérieure aura le dernier mot

L’Etat providence dont jouissent les Français est financé par les marchés obligataires. Depuis 1974, la France vit à crédit. Au-delà d’un seuil d’endettement de 90% par rapport à son PIB, un pays ne peut plus honorer sa dette, comme l’ont écrit les deux spécialistes des finances publiques Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff dans leur livre au titre ironique « Ce temps est différent : huit siècles de folie financière ». Quand on abhorre le capitalisme, on se garde de commettre la faute de se placer entre ses griffes avec une dette qui vient de dépasser le seuil fatidique de 90%.

Que va-t-il se passer ? Pour l’instant, les médias incultes se félicitent que la France emprunte à un taux proche de zéro. Comme tout autre observateur, nous savons que les marchés sont versatiles et que leurs réactions sont parfois brutales. Après les PIGS, la France est la cible idéale des requins de la finance. Cela va se traduire par une envolée des taux pour les bons du trésor français. Le gouvernement socialiste n’aura d’autre choix que de tailler à la hache dans les dépenses publiques. Est-ce encore évitable ? Oui, à la condition de donner un plan détaillé et crédible de réduction des dépenses publiques. Ce n’est pas la feuille de route du gouvernement socialiste, qui ne veut renoncer à aucune dépense mais s’escrime à hausser les impôts et les taxes.

Quand la colère des marchés s’abattra sur la France, un scénario va se rejouer à l’identique, comme à l’été 1993 (1), dans les coulisses du pouvoir, avec une visite en catimini de la cigale française à la fourmi allemande pour lui demander son aide et celle-ci de lui répondre : « Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Et bien ! dansez maintenant. »

Bernard Martoïa

(1) La disparition du système monétaire européen (SME) se produisit quand les banques centrales n’eurent plus de munitions pour repousser les attaques des requins.



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