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17/1/10 Bernard Martoïa
        Comment on ruine un pays, et comment on                                     l’enrichit !

On n’a pas fini de tirer les enseignements de la crise financière. Dans le cas du Titanic, toujours revisité pour son caractère pédagogique, c’est l’accumulation d’erreurs humaines qui est à l’origine du naufrage de l’insubmersible des mers. Il en va de même pour celui de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008.

Les démagogues ont leurs boucs émissaires habituels : la dérégulation, le marché, les paradis fiscaux, le dollar, qu’il soit fort comme en 1985 ou qu’il soit faible comme en 2010 (1) ; et ceux du jour : ces salauds de banquiers avec leurs bonus indécents, et ces fumiers d’industriels pollueurs. Le peuple est plus clairvoyant qu’ils ne l’imaginent. Abraham Lincoln, qui fut le seizième président des États-Unis (1861-1865), est l’auteur d’un aphorisme toujours d’actualité : « On peut tromper certains tout le temps, on peut tromper tout le monde un certain temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. » Une fois encore, c’est l’intervention de l’État et non le marché qui a distillé le poison.

Le système fiscal néo-keynésien, mis en place de part et d’autre de l’Atlantique, pousse inexorablement à l’endettement des ménages et des entreprises.

Pour les ménages, il s’agit principalement de la déduction des intérêts sur les prêts immobiliers, alors que les dividendes d’actions sont triplement taxés. Cette distorsion a des conséquences fâcheuses, que notre économiste préféré, Frédéric Bastiat, a bien décrites en son temps.

La prime à la pierre a engendré la prolifération de résidences secondaires dans les campagnes françaises. Il y en aurait plus de trois millions qui grignotent les derniers espaces naturels du territoire. Au moins, les Corses ont su résoudre ce problème en plastiquant les propriétés, au bord de l’eau, de la gauche caviar. L’île de Beauté mérite encore son nom. Les Provençaux (j’en suis un de naissance) auraient dû faire la même chose avec les propriétés des « Parigos » et des « Estrangers » pour préserver la Côte d’Azur. Hormis quelques arpents inaccessibles dans l’Esterel et les Calanques, tout a été bétonné de Menton à Marseille. De cette splendeur révolue de la Côte d’Azur, il ne reste plus à revoir que le film d’Alfred Hitchcock de 1955, « La Main au Collet », avec l’excellent duo formé par Cary Grant et Grace Kelly.

Cette mesure démagogique visait à faciliter l’accession à la propriété des ménages modestes. Les avocats de la niche fiscale numéro un prétendent que cela accroît le nombre de propriétaires. C’est archi faux ! Dans un pays comme la Grande Bretagne, qui a eu le courage de la supprimer en 2000, le taux de propriété n’a pas baissé.

La déduction fiscale ne fait qu’alimenter la bulle immobilière. Le plafond de cette niche fiscale est d’un million de dollars aux États-Unis. On voit le résultat en Californie où des milliers de piscines abandonnées servent de terrain de jeu aux adeptes de la planche à roulette (2). La situation serait pire aujourd’hui en Amérique si le président Ronald Reagan n’avait eu la sagesse, en 1986, d’abolir la déduction des taux d’intérêt des cartes de crédit et de fixer un plafond à la niche fiscale numéro un.

Les néo-keynésiens ont également poussé à l’endettement des entreprises. Une entreprise a trois options pour financer son expansion : le réinvestissement des bénéfices, la vente d’actions au public et l’emprunt. Mais ce n’est que lorsque les entreprises recourent à l’emprunt qu’elles bénéficient d’un bouclier fiscal. Selon une étude du National Economic Council, la déduction fiscale crée une distorsion de 42 % en faveur de l’endettement au détriment de la vente d’actions. D’où il résulte une incitation à amasser des dettes pour ne pas payer d’impôt. Une entreprise surendettée est comme un navire dont la ligne de flottaison est trop basse. Arrive une grosse lame et il coule.

Le Brésil et la Belgique ont adopté une politique fiscale prudente qui ne privilégie pas l’endettement au détriment de l’autofinancement des entreprises. Obama, de son côté, veut toujours plus d’interventionnisme. Il est train de fabriquer une usine à gaz (façon ENA) pour irriguer le crédit à destination des petites et moyennes entreprises. Ce garçon fin et intelligent, et que l’on dit aussi cultivé, s’est trompé de public. C’est le pays de l’énarchie qu’il devrait présider. Rassurez-vous ! Cette erreur de casting sera peut-être corrigée en 2012, qui sait ?

Pour le public moins intelligent et moins cultivé auquel j’appartiens, l’économie fonctionne mieux lorsque les ménages et les entreprises peuvent prendre des décisions en fonction de fondamentaux et non pas de considérations fiscales tordues. Le système fiscal doit rester absolument neutre entre autofinancement et endettement des entreprises. Quant aux ménages, il faudrait supprimer toutes les niches fiscales et la progressivité de l’impôt sur le revenu.

Cette réforme porte un gros mot (pour les socialistes) : flat tax. C’est pourtant le système fiscal en vigueur en Russie. Un taux uniforme de taxation de 17 % sur tous les revenus des ménages est très bien accepté par les Russes. Pourquoi favoriser un tel, qui ne veut pas travailler, au détriment d’un autre qui veut travailler plus pour gagner plus selon le slogan du locataire de l’Elysée ? Il est piquant de constater que l’ex-empire du mal est devenu plus beaucoup libéral que le pays de Ronald Reagan. Mais il fallait, pour y parvenir, une révolution afin de se débarrasser de la nomenklatura et de ses chères usines à gaz. Avec Obama, une chose est sûre, c’est qu’il n’y aura jamais eu autant de créations d’usines à gaz. Oh pardon en cette période de fatwa verte ! Je voulais dire d’éoliennes ou de panneaux solaires. C’est la théorie des mauvais investissements de l’école autrichienne.

Une élection présidentielle au Chili sous silence

Restons dans l’international pour conclure ce papier. Quand se prépare une élection à l’étranger, nos médias s’empressent de la commenter si le candidat socialiste a de bonnes chances de l’emporter. Souvenez-vous du voyage historique de la bécassine du Poitou au Chili, en janvier 2006, pour soutenir Mme Bachelet. Pour le deuxième tour de la présidentielle 2010, c’est le silence radio de la gauche caviar. Pourquoi ce silence pesant ? Parce que Sebastian Pinera, le méchant candidat de la droite, a de fortes chances de l’emporter demain. Il est le frère cadet de José Pinera, que les téléspectateurs de www.reichmantv.com  ont eu le privilège de regarder lors de l’émission enregistrée le 9 décembre et à laquelle j’ai apporté ma modeste contribution en étant son traducteur du jour.

Il se murmure au palais de l’Elysée que la réforme des retraites serait le grand chantier de la présidence en 2010. Pourquoi ne fait-on pas appel à José Pinera ? Ce pèlerin infatigable a convaincu une trentaine de pays d’adopter sa réforme de retraite par capitalisation. Que Sebastian soit élu, demain, président du Chili, ne changera pas la donne de ce pays qui s’est engagé dans une voie vertueuse sous «l’abominable» dictature du général Augusto Pinochet (1915-2006), qui a été, on l’oublie, l’architecte de la constitution adoptée, le 11 septembre 1980, par référendum. Posez, sans ambages, la question suivante à ceux qui persistent à ne voir qu’en noir cette dictature de transition qui était indispensable pour se débarrasser des communistes (3) : que serait devenu le Chili s’il était resté sous le régime de Salvador Allende ? Ce pays serait plus pauvre et moins libre qu’il ne l’est aujourd’hui.

En vérifiant les statistiques sur le site de la Central Intelligence Agency (CIA), que je préfère à celui d’Eurostat (une usine à gaz évidemment), on constate que le Chili a une dette publique qui représente 5 % de son PIB. C’est une peccadille en comparaison de notre dette. Selon le dernier rapport de l’agence de notation Fitch, un pays perd son triple AAA si la dette dépasse 80 % de son PIB. Les énarques sont avertis. Ce n’est pas le souci du Chili, qui vient d’être accepté en tant que trente et unième État de la prestigieuse Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), dont le siège est au château de la Muette dans le XVIe arrondissement de Paris.

Bernard Martoïa

(1) Pierre-Antoine Delhommais, « Dollar : bonne chance, M.Sarkozy », Le Monde du 16 janvier 2010.

(2) Archive du 29 décembre 2008 : “Des millions de piscines individuelles transformées en patinoires par la faute des Keynésiens.”

(3) "I admire Chile and its people greatly, and became concerned when my friend Salvador Allende became its president and opened the country to hordes of armed radicals from all over the world. The result was the world´s highest inflation, universal violence and the threat of civil war. So I applauded the takeover by General Pinochet, on the orders of Parliament, and still more his success in reviving the economy and making it the soundest in Latin America. But by preventing the transformation of Chile into a Communist satellite, the general earned the furious hatred of the Soviet Union, whose propaganda machine successfully demonized him among the chattering classes all over the world. It was the last triumph of the KGB before it vanished into history´s dustbin. But Pinochet remains a hero to me because I know the facts"
Paul Johnson, historian, (" Heroes. From Alexander The Great and Julius Caesar to Churchill and De Gaulle"), Harpers Collins Publishers, New York, 2007, page 279).

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