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Les Français ont raison de désespérer

22/1/05 Claude Reichman
Un humoriste prétendait naguère avoir trouvé un moyen simple et radical de traiter le complexe d'infériorité. Il suffisait de dire au patient : " Vous n'avez pas de complexe, vous êtes réellement inférieur. " On ne voit plus guère d'autre moyen de traiter la sinistrose des Français, puisque c'est la grande " révélation " de cette rentrée de janvier, avec la publication d'un rapport de synthèse des préfets selon lequel " les Français ne croient plus en rien, c'est même pour cela que la situation est relativement calme, car ils estiment que ce n'est même plus la peine de faire part de son point de vue ou de tenter de se faire entendre ". Et les préfets de mettre en cause " l'immigration et les délocalisations " qui " restent des thèmes ravageurs dans l'opinion ". La réponse du gouvernement est à la mesure de sa capacité de réforme : " La sinistrose sera vaincue par la psychologie ", assure un ministre, tandis que M. Raffarin, citant la jeune chanteuse Lorie s'écrie : " Nous devons jouer la positive attitude. " Débile !

Ceux qui nous lisent savent que nous avons depuis des années fait le diagnostic exact du mal français. S'il se révèle aujourd'hui au grand public, c'est parce que la situation n'a jamais cessé de s'aggraver et que les médias ne peuvent plus maintenir le couvercle sur la marmite. Oui, les Français désespèrent, et ils ont raison ! La France va mal parce qu'elle entretient trop de fonctionnaires et d'inactifs, qu'elle distribue trop d'avantages sociaux, qu'elle accueille trop d'immigrés et que l'Etat, à force de vouloir tout régenter et tout accaparer, est devenu impotent et incapable de régler le moindre problème. La classe politique accepte cette situation parce qu'elle vit très à l'aise et qu'elle se dit que cela peut encore durer un certain temps.
Au début de janvier 2003, M. Raffarin, dans un étonnant et inhabituel sursaut de lucidité s'était exclamé : " La France connaît une brutale rupture de croissance ". Il avait tout à fait raison. Ce qui s'est passé à ce moment, c'est exactement ce qui arrive quand un tissu tendu à l'extrême se rompt. Le secteur privé, qui fait vivre tout le monde dans le pays, a fini par craquer. Il est en faillite, et celle-ci va inévitablement entraîner la faillite de l'Etat.

Construire " une société de propriété ".

Depuis plusieurs décennies, le secteur privé était sollicité chaque jour un peu plus pour nourrir l'Etat, ses pompes et ses œuvres et l'hydre sociale qui engloutissent plus de la moitié de la richesse nationale. Et cela dans un contexte qui a vu notre pays s'ouvrir à l'Europe puis au monde entier. La compétition mondiale oblige toutes les nations à bander leurs muscles et à éliminer leur mauvaise graisse. La France a fait exactement le contraire. Elle s'est octroyée arbitrairement une diminution de 11 % de son temps de travail et n'a supprimé aucune des gâteries sociales qui font d'elle le paradis des paresseux. Si vous comparez la vie d'un Français et d'un Américain de 20 ans, vous constatez qu'à 65 ans, le premier aura travaillé 11 ans de moins que le second, en raison d'un moindre nombre d'heures annuelles d'activité et d'une retraite prise plus précocement. La haine de l'Amérique, qui sévit chez nous, est aussi due à cela. Ces salauds d'Américains bossent beaucoup plus que nous et ils n'ont même pas honte de leur réussite et de leur puissance !

Tout le monde, en France, sent bien que cela ne peut plus durer. La croissance est en panne et ne reviendra pas sans une réforme complète de notre organisation sociale. Et l'immigration, qui augmente chaque année notre pays d'une ville étrangère de la taille de Lyon, ne sera ramenée à des proportions acceptables que par de vigoureuses mesures politiques. Or les politiciens français, de quelque bord qu'ils soient, sont incapables de proposer ces réformes et encore plus de les réaliser. C'est la raison fondamentale du désespoir de nos compatriotes. Et ceux-ci ne voient plus qu'un grand choc pour provoquer une nouvelle donne politique qui amènera aux commandes de la France des hommes et des femmes réellement représentatifs du peuple et désireux de le servir plutôt que de se servir.

On peut évidemment craindre qu'un tel choc, loin d'améliorer la situation, l'aggrave encore en raison du risque de voir un démagogue s'emparer du pouvoir en berçant le peuple de fausses promesses et en rendant des boucs émissaires responsables des malheurs du pays. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas cessé d'appeler les plus lucides et les plus décidés de nos concitoyens à se regrouper et à s'organiser dans la perspective de la grande crise qui va emporter le régime et qu'on voit approcher à grands pas. Je renouvelle une fois de plus cet appel. Il ne sert à rien d'aller de colloques en colloques et de répéter pour la millième fois ce que tout le monde sait parfaitement, ou de publier d'intelligentes analyses qui laissent de marbre les hommes de l'Etat parce qu'ils n'ont pas la moindre envie de changer le système qui les fait vivre si bien. Il faut de l'action !

Laquelle ? La première consiste à se libérer de la Sécurité sociale, qui a fait le malheur de la France et qui l'empêche de se redresser. Nous avons mené un combat de près de quinze ans pour donner à chaque Français la liberté sociale. Qu'ils en usent maintenant, et sans modération. C'est à ce prix que s'effondrera le Moloch. On ne construira pas en France une " société de propriété ", selon l'excellente expression de George W. Bush, sans redonner aux travailleurs la propriété de leur rémunération. Car comment se sentir responsable de soi quand on se voit privé de la plus grande partie de ce qu'on gagne ? Comment croire en l'avenir et le construire quand le fruit de ses efforts disparaît dans l'incurie étatique et la prodigalité sociale ? Comment croire dans les chances de son pays quand ceux qui en ont la charge suprême l'insultent quotidiennement de leur incapacité à gouverner et de leur arrogance ? Oui, il y a vraiment de quoi se mettre en colère. La seule inconnue qui demeure est de savoir à quel moment elle éclatera !

Claude Reichman

 

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