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Le populo et l'aristo

4/6/05 Claude Reichman
La 5e République est morte le 29 mai 2005. Ou plus exactement le 31 quand, s'adressant aux Français, Jacques Chirac a déclaré qu'en dépit de sa déroute au référendum, il entendait " préserver notre modèle économique et social ". Or c'est précisément ce dernier qui est cause de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la France. Pratiquement tous les éditorialistes de la presse nationale ont fini par admettre cette évidence, après avoir loué ce modèle pendant des lustres, retardant la prise de conscience par l'opinion publique de l'impérieuse nécessité d'adapter notre pays au nouveau cours du monde.

Une bonne partie des électeurs qui ont voté oui ne l'ont fait que parce qu'ils attendaient de l'Europe qu'elle oblige la France à faire ces réformes. Ce raisonnement est loin d'être sans fondement, car les seuls changements positifs intervenus dans notre pays au fil des dernières décennies n'ont été accomplis que sous la pression communautaire. Mais l'influence extérieure ne peut pas tout. Il vient un moment où c'est la nation elle-même qui doit se prendre en mains et décider de son destin. Or c'est tout le contraire qu'on a fait chez nous. A bien des reprises et depuis longtemps, j'ai dit et écrit qu'en ouvrant nos frontières en 1993, conformément à l'Acte unique de 1986, mais en ne soumettant pas la Sécurité sociale à la concurrence, comme l'y obligeaient les directives européennes de 1992, la France se condamnait à la catastrophe économique et sociale. Nous y sommes.

Il fallait donc dire non à la classe politique française. C'est ce que nous avons fait et nous avons remporté la victoire, même si nous devons la partager avec des étatistes forcenés, des marxistes impénitents et des corporatistes bornés. Mais telle est la règle d'une consultation électorale de type binaire et tel était surtout l'impératif primordial pour la survie de notre pays : chasser du pouvoir tous ceux qui en ont si mal usé qu'ils sont parvenus à rendre pauvre et malheureux un pays que tout destinait à la plus grande prospérité et au bonheur.

La France va enfin pouvoir changer

Certes Chirac et ses sbires sont toujours là, mais ils n'en ont plus pour longtemps. Certes les socialistes continuent de se poser en alternative, mais ils ont sombré avec le camp du oui et perdu toute crédibilité, y compris aux yeux de leurs propres électeurs. Les " orages désirés " se sont levés, et la France va enfin pouvoir changer. Nous sommes conscients que cela peut être pour le pire. C'est pourquoi nous devons nous atteler à préparer le meilleur.

La première mission que nous nous assignons sera l'inscription dans les faits de la liberté sociale que nous avons conquise pour la France. Les obstacles que dressent encore le gouvernement et les organismes sociaux au plein exercice de nos droits vont devoir cesser rapidement. Tout d'abord parce qu'ils sont totalement illégaux, et ensuite parce qu'ils empêchent notre pays de sortir de la crise. C'est la raison pour laquelle nous venons de lancer notre " Appel à tous les Français ", invitant ceux-ci à " s'assurer librement pour tous les risques sociaux afin de sauver l'économie de notre pays ". Il ne faut pas s'y tromper : c'est désormais la seule solution pour échapper à un scénario argentin. Face à une classe politique inconsciente, cupide et indifférente à l'intérêt national, c'est aux citoyens qu'incombe le devoir de remettre le pays debout. Sans les politiciens et, s'il le faut, contre eux. Nous avons fait preuve de beaucoup de patience à leur égard. Celle-ci, comme celle de l'immense majorité des Français, est aujourd'hui épuisée. Si les politiciens devaient continuer à nier nos droits et à jouer contre la France, ils s'exposeraient aux effets d'une colère qu'on sent gronder au tréfonds de la nation et qui, si elle venait à éclater, risquerait d'aller bien au-delà du raisonnable, comme c'est toujours le cas quand survient une explosion populaire. Aucun démocrate ne peut souhaiter une telle occurrence. Mais nul ne peut en empêcher la venue quand les bornes ont été franchies par le pouvoir.

A cet égard on ne peut qu'être stupéfait de l'inconscience de Chirac. Alors que tout le monde a compris, dit et écrit que le vote du 29 mai était le dernier avertissement du peuple avant l'émeute, le président de la République nomme à Matignon le seul homme qu'il ne fallait surtout pas désigner pour ce poste, car sa seule personne est déjà une provocation. Dominique de Villepin ne connaît ni le monde du travail ni les Français. Visitant pour sa première sortie une agence de l'ANPE en Seine-et-Marne, il s'est dit " en exploration " ! Où se croit-il ? En Afrique, à la recherche d'une peuplade inconnue ? Lyrique, exalté, échevelé, Villepin ne connaît que les mots et ses idées sont aussi creuses que ses phrases sont ampoulées. Bref, face au populo, Chirac a mis un aristo. Au fou !

Tout le monde le dit : cela va mal finir. Raison de plus pour que les patriotes et les citoyens ne perdent pas une seconde. Ils doivent se libérer socialement et aider les autres à faire de même. Et se donner le plus vite possible un candidat à l'élection présidentielle de 2007, d'autant que l'échéance peut être hâtée par les évènements. Dès à présent, il faut s'assurer que des maires en nombre suffisant donneront leur signature pour permettre à cette candidature de se concrétiser. Le programme existe dans l'esprit de tous. Il doit être simple et clair et reposer sur les deux principes qui font l'unanimité chez tous les Français responsables : liberté et propriété. A partir de là, il suffira de laisser les Français faire le reste. C'est ainsi qu'à nouveau ils étonneront le monde au lieu de le désoler.

Claude Reichman


 

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