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Le non au référendum est le préalable à la libération du peuple

2/10/04 Claude Reichman
L'affaire turque n'en finit pas d'empoisonner le climat politique en France. Tant mieux ! Car elle permet de mettre enfin au jour les problèmes que les dirigeants du pays se refusent obstinément à soumettre aux Français. Certes, ils s'introduisent dans le débat de façon détournée, mais ils y sont bien présents et ne pourront plus être escamotés comme ils l'ont été depuis une bonne trentaine d'années. Une fois de plus, Chirac aura joué le rôle de l'apprenti sorcier. Cet homme est décidément incorrigible : tout ce qu'il touche tourne à la catastrophe. Dans le cas présent, c'est tout simplement le régime qu'il est en train de faire imploser. S'il avait deux sous de culture et d'intelligence historique, Chirac se serait bien gardé d'en appeler au peuple par la voie référendaire sur un sujet aussi dangereux que l'organisation et l'évolution de l'Union européenne, à un moment où son élargissement éventuel à la Turquie représente un bouleversement de son assise et un saut dans l'inconnu. Mais voilà : le président de la République, tout à ses petites manœuvres politiciennes pour empêcher Sarkozy de prendre sa place, n'a pas vu que le référendum, conçu pour ligoter son rival en l'obligeant à s'aligner sur lui, allait, à peine annoncé, se transformer en tornade politique, par le même mécanisme qui fait s'engouffrer les vents dans une zone qu'un anticyclone ne protège plus.

Le régime politique français est miné par deux problèmes majeurs qu'il est incapable de résoudre. D'une part il fait coïncider une ouverture à la concurrence internationale avec un système social qui pénalise gravement la France dans cette compétition, d'autre part il ouvre largement les portes à l'immigration tout en ne parvenant pas à intégrer celle-ci. Après une trentaine d'années de ce double système, la situation nationale est devenue explosive. Les finances de l'Etat et les régimes sociaux sont au bord de la faillite et l'immigration pose de tels problèmes que la sécurité et l'indépendance du pays sont gravement compromises. N'importe quel observateur peut faire le constat de ces contradictions majeures et en tirer la conclusion qu'à moins de les résoudre rapidement, le régime court à sa perte. C'est précisément ce qui est en train de se produire. Et les Français vont saisir l'occasion du référendum pour renvoyer d'un coup d'un seul tous les politiciens qui les ont mis dans de si grandes difficultés.

La liberté en baptême

Bien entendu, la coalition du non n'aura rien de cohérent. On y retrouvera aussi bien des trotskystes que des souverainistes, des étatistes impénitents que des libéraux. C'est le propre de tous les camps du refus. Mais c'est le préalable obligé de la libération du peuple. Il faut de toute urgence chasser ceux qui conduisent la France à l'abîme. Après, on pourra songer à reconstruire. La victoire du non va permettre au corps central du pays, c'est-à-dire aux classes moyennes, de redéfinir leur place dans la société et celle de la France dans le monde. Des questions auxquelles la technocratie régnante a toujours répondu à la place du peuple, soit en refusant de lui donner la parole, soit en ne la lui concédant que par des scrutins biaisés par les manipulations électorales et la censure médiatique.

La simple annonce du référendum a suffi à faire exploser l'unité du parti socialiste, de même qu'elle a accentué les clivages dans l'actuelle majorité. C'est que les politiciens sont tout sauf inconscients de leurs intérêts personnels. Chacun d'entre eux sait que lorsque s'annonce une grande redistribution des rôles, il faut s'efforcer de choisir celui qui vous donnera chance de figurer à la nouvelle affiche. Du coup, ce qui liait entre eux, par le jeu de l'intérêt commun, tous ces personnages s'effondre brutalement et il n'y plus que des individus affolés courant d'un azimut à l'autre à la recherche du bon convoi pour l'avenir.
L'avenir, pour la France, c'est précisément de retrouver les valeurs qui lui ont permis d'exister et de se maintenir vivante en tant que nation. Au premier rang d'entre elles, il y a évidemment le patriotisme. Ce n'est rien d'autre que l'amour de son pays et la volonté de le servir. Mais il ne peut régner dans des âmes soumises. Or c'est ce qui est arrivé aux Français, à qui on a retiré le goût de la liberté et le sens de la responsabilité en les privant de leur droit de propriété. Les prélèvements fiscaux et sociaux leur ont ôté les moyens de devenir propriétaires et de le rester. C'est la raison pour laquelle nous avons mené un combat acharné contre le monopole de la Sécurité sociale, qui a été le moyen principal de l'asservissement des Français.

Il est curieux de constater combien peu nombreux ont été les libéraux à nous soutenir. Encore aujourd'hui, alors que la bataille juridique est gagnée et que chaque jour nombre de Français se libèrent de la pieuvre, certains qui se disent partisans de la liberté continuent de vaquer à leurs petites occupations, allant de colloques en colloques en pérorant inlassablement sur ce qu'il faudrait faire, alors qu'ils devraient célébrer la grande révolution que nous avons accomplie, y participer avec enthousiasme, prêcher pour elle de toute leur voix et inciter tout le monde à s'y joindre. Mais voilà : la tyrannie du statu quo que dénonçait fort justement Milton Friedman affecte aussi beaucoup de ceux qui se réclament de ses leçons. Dommage pour la France, à qui cela fait perdre du temps. Mais peu importe : le référendum va faire naître un nouveau régime politique, et celui-ci recevra en baptême la liberté que nous aurons forgée.

Claude Reichman

 

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