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9/5/10 François Lenglet
      Crise : apprêtons-nous à prier !

Le théorème de Trichet est encore mieux que le pari de Pascal : il y a avantage à être vertueux, car celui qui n'a jamais fait d'écart de conduite peut, en cas de nécessité, se draper dans sa réputation pour commettre un vrai péché en toute impunité.

Voilà des années que le président de la Banque centrale européenne "tympanise" l'opinion publique avec ses discours de père La Rigueur sur la désinflation compétitive. Voilà des années qu'il exhorte les gouvernements à respecter le Pacte de stabilité et ses contraintes budgétaires. A côté de lui, Antoine Pinay est un plaisantin. Raymond Barre, un comique de cirque.

c'est Trichet qui, il y a deux jours, a rompu avec l'orthodoxie, en acceptant de prendre à son bilan des obligations "pourries" du Trésor grec comme garantie. Dans le monde des banques centrales, cette opération apparemment technique est l'équivalent d'un péché capital. Il s'agissait d'éviter ainsi le retour de la panique sur les marchés interbancaires européens : la BCE a utilisé sa crédibilité pour sauver, temporairement, l'euro. Et c'est vrai que la crédibilité est faite pour servir en cas de besoin. Le seul problème du théorème de Trichet, c'est qu'il ne marche qu'une fois. Un dévot qui cède deux fois à la tentation perd sa réputation, et n'est plus d'aucune utilité.

N'en demandons donc pas trop à la Banque centrale européenne. Les emprunteurs privés ont fait défaut, ce sont les banques commerciales qui ont payé. Les banques ont fait défaut, il a fallu aller chercher les Etats. Les Etats européens commencent à faire défaut, c'est la BCE qu'on vient aujourd'hui tirer par la manche. Mais c'est notre dernière ligne de défense. Après, il ne restera guère qu'à solliciter le Ciel, et il n'est pas sûr qu'il réponde.

François Lenglet

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