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12/11/09 François Lenglet

« Kolossal » désaccord avec l’Allemagne !

Rien de plus efficace pour nous tirer une larme qu'une cérémonie franco-allemande. Des embrassades de chefs d'Etat transis sur le marbre des tombes, des héros anonymes ressuscités le temps d'un discours, l'amitié entre les peuples exaltée : au hit-parade des commémorations, le 11Novembre de Sarkozy et Merkel méritera une place de choix.

Ce n'était pas joué d'avance. Car, victime de la succession calendaire, l'anniversaire de l'armistice de 1918 avait le tort d'arriver après les vingt ans du mur de Berlin et les soixante-cinq ans du débarquement allié en Normandie. Un vrai steeple-chase.

Fort heureusement, les Poilus ont gardé leur avance sur la célébration du traité de réconciliation de l'Élysée, qui n'interviendra qu'en janvier prochain, avec du lourd — de Gaulle et Adenauer en étaient les initiateurs et les signataires. On nous promet pour cette date force gadgets institutionnels et protestations d'amour. Préparez vos mouchoirs. Ainsi en va-t-il de l'Europe de 2009, devenue une machine à commémorer les grands événements et les grands personnages.
Quant aux sujets d'actualité, pas d'armistice en vue. Paris et Berlin, confrontés à la même crise, ont réagi de façon plus ou moins concertée. C'est le président français qui avait alors joué un rôle clé, en octobre 2008, pour élaborer une position commune sur le sauvetage des banques. Depuis, c'est la divergence totale des politiques économiques.

En Allemagne, Angela Merkel prépare de fortes baisses d'impôt, et son gouvernement s'engage néanmoins à réduire son déficit à la date souhaitée par Bruxelles. De son côté, la France ne réduit ni sensiblement les impôts, ni véritablement les dépenses : c'est le "ni-ni" à la mode Sarkozy.

Non seulement la France refuse de rentrer dans les clous de Maastricht à la date préconisée par la Commission, mais elle ponctue son refus de la mise en route de la machine à dépenser en toute impunité — le fameux "grand emprunt" et ses 35 milliards d'euros de libéralités qui font déjà saliver tous les lobbies industriels français.

Paris envisage même de modifier les usages de la comptabilité publique, pour ne pas sembler trop endetté. L'idée est excellente, mais elle est assez difficile à traduire en allemand, sinon sous le vocable peu amène de "grosse ficelle". Et il faudra bien du talent à notre président pour expliquer à "chère Angela" que, de notre côté du Rhin, deux et deux ne font pas quatre.

François Lenglet

 

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