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29/6/09 François Lenglet

Emprunt : la fabrique à éléphants blancs !

C'est un deuxième plan de relance, massif, que prépare le nouveau gouvernement avec l'emprunt national. Plusieurs dizaines de milliards d'euros vont être affectées aux "dépenses d'avenir", après une concertation destinée à identifier les priorités du pays.

Passons sur la mort définitive de Maastricht. Il n'y a plus aucun espoir de retrouver des finances publiques saines avant longtemps, en partie à cause de la crise. Et ce nouvel emprunt ne fait jamais que charger une barque qui était déjà à fleur d'eau.

Reste la question à 50 milliards : qu'est-ce qu'une dépense d'avenir ? S'agit-il de construire de nouvelles prisons, comme le voudrait le secrétaire d'Etat Bockel ? De payer des indemnités de reconversion aux licenciés économiques, ainsi que l'a indiqué Henri Guaino, le conseiller du président ? Et pourquoi pas rénover les stades, afin de faire à notre jeunesse des mollets d'avenir ? Ou encore désherber les chemins de campagne ?

L'avenir a deux avantages : quand on le maltraite, il ne se défend pas. Et quand il se transforme en présent, ceux qui l'ont hypothéqué ne sont plus là. Faire parler les enfants à naître est encore plus facile que faire parler les morts, car on n'a même pas besoin de tables qui tournent. Que le lecteur pardonne cette incongruité, alors que la planète entière vomit désormais le libéralisme et ses abominations : l'Etat n'est pas plus clairvoyant que le secteur privé lorsqu'il s'agit d'investir sur le long terme.

Pour un programme nucléaire développé avec succès par la puissance publique, il y a dix exemples de ratages coûteux, du plan câble à Iter, en passant par le catastrophique "Informatique pour tous" de Laurent Fabius, qui s'appuyait sur un micro-ordinateur français destiné à conquérir la planète, le TO7 de Thomson : la politique industrielle est un interminable cimetière d'éléphants blancs. Qui peut établir avec certitude que les nanotechnologies sont plus fécondes pour la croissance que la baignoire inclinable motorisée, sinon le marché ?

Certes, les choix de l'Etat ne sont pas déterminés par le souci de la rentabilité. Mais c'est justement le problème. Et ils ne sont pas pour autant affranchis du court terme, car ils souffrent d'un autre biais, bien plus dangereux pour le contribuable, le calcul politique. Améliorer les chances de réélection de Nicolas Sarkozy en 2012, par exemple.

François Lenglet

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