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16/3/10 François Lenglet
     Christine veut passer la nuit en boîte, Angela à                               étudier Spinoza !

Il est des rencontres qui ne se passent pas comme prévu. En général, c'est le premier rendez-vous qui dissipe le malentendu : l'un veut passer la nuit en boîte, l'autre préfère étudier la philosophie de Spinoza. Chacun retourne alors à ses occupations. Pourtant, la France et l'Allemagne s'entêtent, malgré une longue série de soirées ratées. Faut-il y voir la marque de l'inclination du coeur ou, au contraire, le propre des amours de tête, les plus stupidement obstinées ?

Dix-sept ans après la ratification du traité de Maastricht, il faut se rendre à l'évidence : les Allemands sont restés des Allemands. Et l'observateur réaliste a toutes raisons de penser que ce n'est pas près de changer. Quant aux Français, ils n'ont pas davantage abandonné leurs tropismes et leurs travers. Les propos de Christine Lagarde, qui a critiqué lundi la stratégie allemande de désinflation compétitive en pointant le déficit de croissance qu'elle creuse chez ses partenaires, signent cette persistance inaltérable. Euro ou pas, c'est justement la formule de Spinoza qui décrit au mieux les nations européennes : chacune persévère dans son être.

Les Allemands veulent une monnaie forte et travaillent à leur compétitivité. Les autres, ne pouvant dévaluer, se sont réfugiés dans l'endettement. Si l'Union monétaire connaît sa première épreuve, ce n'est donc pas à cause de la crise de la dette. La dette n'est qu'un symptôme, celui des divergences considérables que les membres de la zone ont laissé se creuser depuis dix ans. Même pour traiter le symptôme, France et Allemagne ne sont pas d'accord.

Ce fameux Fonds monétaire européen ne verra probablement pas le jour car, pour les Allemands, il s'agirait d'un super pacte de stabilité qui renforcerait la discipline commune. Alors que pour nous, c'est un carnet de chèques en blanc portant la signature de Mme Merkel.

François Lenglet

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