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4/9/09 François Lenglet
Ca va mieux parce que cela a cessé d’aller plus mal !

Dire d'un banquier central qu'il est prudent n'apporte pas véritablement d'information nouvelle. Autant dire que le cerf brame ou que le renard glapit, ou encore que chaque espèce du règne animal persévère dans son être. Il y a pourtant d'infinies nuances dans la prudence de Jean-Claude Trichet, le président de l'institut d'émission européen. Tout comme les Esquimaux ont une centaine de mots pour désigner la neige, le patron de l'euro utilise d'innombrables termes différents pour traduire sa réserve.

S'exprimant hier, Trichet a déclaré : "Au niveau mondial, la prudence est absolument de rigueur." Craignant que ses paroles ne soient pas comprises, notre grand argentier s'est fait encore plus clair : "Si j'ai un message, c'est de dire que la prudence et la circonspection sont primordiales." En français normal, une telle phrase signifie : je ne vois guère de reprise de l'activité, sinon lointaine et très progressive. Sur l'échelle de Trichet qui mesure la prudence, et compte dix degrés à progression logarithmique, nous sommes ici quelque part entre 9,8 et 9,9.

Trichet serait-il atrabilaire, pour se mettre ainsi la tête sous l'oreiller alors que les signes de redémarrage se multiplient, comme la forte progression des marchés boursiers ou le retour des méga-profits dans les banques ? Les commentaires du président de la BCE rejoignent les observations de nombreux patrons français qui s'expriment en marge de l'université d'été du Medef : ça va mieux, parce que cela a cessé d'aller plus mal. En clair, l'activité ne se détériore plus, pour partie grâce aux plans de relance, pour partie grâce à la reconstitution des stocks. Et nous sommes désormais sur une sorte de tôle ondulée - "une route cahoteuse", disait Trichet hier - qui pourrait se prolonger au long de 2010.

L'activité s'est stabilisée à un niveau très faible. La production automobile américaine a retrouvé cet été l'étiage de 1989 : vingt ans de croissance effacés ! Dans de nombreux pays, la construction immobilière a fait un bond de quinze ans en arrière. Seuls les pays émergents ont repris leur course, mais pour combien de temps si la demande privée des pays développés reste anémique, singulièrement celle des consommateurs ?

Si le banquier central est celui qui "enlève la bouteille de punch lorsque la soirée s'anime", selon le mot d'un ancien patron de la Réserve fédérale pour décrire la hausse des taux d'intérêt, il y a de fortes chances pour que l'alcool reste encore un bon moment sur la table.

François Lenglet

 

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