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7/4/09 François Lenglet
    C’est scientifique : les antennes ne sont pas            dangereuses pour la santé, sauf si elles le sont !

Sonnez trompettes, battez tambours, voici venir un nouveau temps fort de la démocratie participative, le "Grenelle des antennes". Sous ce pompeux étendard, quatre ministres de la République, les opérateurs de téléphonie mobile et les associations de consommateurs se réuniront le 24 avril prochain pour travailler sur une question qui taraude les masses : les antennes qui relaient les ondes du téléphone mobile sont-elles néfastes à la santé ?

Le verdict des scientifiques est, comme à l'habitude, d'une clarté cristalline. On peut résumer ainsi leurs travaux, pour le lecteur qui n'aurait pas le temps de les parcourir : les antennes ne sont pas dangereuses pour la santé, sauf si elles le sont. Mais n'en tirez aucune conclusion car, à la longue, les antennes deviendront peut-être dangereuses, à moins qu'elles ne le soient jamais. On ne saurait être plus définitif.

Les pouvoirs publics ne sont pas plus cohérents. Les voici qui organisent un Grenelle, alors qu'ils s'apprêtent à attribuer une quatrième licence de téléphonie, laquelle va faire fleurir de nombreuses nouvelles pousses de métal dans nos villes. Et ils exigent des opérateurs une couverture étendue sur le territoire national, ce qui a le même effet. Quant au consommateur, s'il est "antennophobe", il n'en est pas moins "téléphonophile". Le voici qui redoute les ondes d'un relais distant sans s'inquiéter d'avoir le mobile vissé à l'oreille toute la journée. Tout comme il veut avoir une gare TGV à proximité de sa résidence, mais juge insupportable le bruit des trains qui circulent.

Le monde est cruel : il n'y a pas de train sans rail, et pas davantage de mobile sans antennes. Gageons que, devant l'écheveau de ces contradictions, la docte assemblée aura tôt fait de nommer un "médiateur" pour dénombrer les ferrailles qui hérissent nos toitures. Peut-être même un commissaire de la république. Certes, si le Grenelle permettait de renvoyer chacun à ses responsabilités, l'opération ne serait pas complètement vaine. A condition de ne pas retomber dans l'une de nos spécialités, la fabrication de peurs irrationnelles : les pouvoirs publics français, en sortant l'armada de la concertation, légitiment la crainte des populations.

Comme ils l'ont fait hier pour les OGM et peut-être demain pour les nanotechnologies, ces techniques de l'infiniment petit qui suscitent des fantasmes tout aussi délirants que ceux qu'avaient nourris l'électricité dans l'entre-deux-guerres. A quand le Grenelle des rhumes de cerveau, ou celui des cailloux dans la chaussure ?

François Lenglet
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