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21/11/18 Claude Reichman
     
        La bataille de France vient de commencer !

Emmanuel Macron s’acharne à ne pas comprendre le mouvement des gilets jaunes. Il lui suffirait pourtant de se reporter à son élection pour savoir que ce soulèvement était inscrit dans les résultats du vote.

20 millions de Français avaient exprimé leur refus du système actuel, en votant Le Pen, Mélenchon ou Dupont-Aignan, en s’abstenant ou en déposant un bulletin blanc ou nul. 20 millions de personnes, c’est presque la moitié du corps électoral. On ne gouverne pas un pays quand la moitié des citoyens est en dissidence.

Au lieu de se lancer dans de menues réformes qui n’allaient en rien améliorer le niveau de vie des Français, Macron aurait dû immédiatement réformer le système social en appliquant les directives européennes et les lois françaises qui les ont transposées. Ces textes mettent la Sécurité sociale en concurrence et donc rendent les assurances moins coûteuses, ce qui dégage un pouvoir d’achat important, de l’ordre de 30 % au moins des rémunérations.

Si Macron ne s’est pas résolu à cette réforme, c’est qu’il n’est qu’un technocrate pour qui la politique se résume à la manipulation des indices, et en aucun cas à une vision ample et audacieuse de l’évolution historique. Autrement dit, Macron n’est pas un homme d’Etat.

Le président de la République a perdu la confiance des Français et il ne la retrouvera pas. Incapable de donner une réponse crédible à la révolte des citoyens, il devrait au moins se remettre en cause, soit en démissionnant, soit en procédant à la dissolution de l’Assemblée nationale. A l’heure actuelle, il n’est prêt ni à l’une ni à l’autre. La situation va donc s’aggraver et nul ne sait quand elle trouvera une issue.

Le destin des Français est désormais entre leurs mains. Ils en sont si conscients qu’en envahissant la préfecture de Troyes, les gilets jaunes criaient « on est chez nous ». Encore faut-il décider quoi faire.

L’absence de porte-paroles qualifiés des gilets jaunes doit tout aux médias, qui depuis des lustres n’accueillent qu’une petite noria d’observateurs blanchis sous le harnois ou de petits péteux ne représentant qu’eux-mêmes. La France ne manque pourtant pas d’hommes et de femmes instruits et intelligents, ayant réussi dans la vie professionnelle, et qui ont réfléchi à l’avenir de leur pays. Mais les journalistes ne se donnent pas la peine de les chercher, ni celle de les inviter, quand ils ne les mettent pas en liste noire pour « pensée non conforme ». D’où le grand désert de l’information française.

Comme dans toutes les périodes révolutionnaires, des leaders vont surgir. Pour le meilleur ou pour le pire. Attendons-nous à des jours difficiles pour les réalités économiques, qui finalement décident de tout, car dans un monde ouvert et connecté aucun pays ne peut s’abstraire du flux des échanges, même si cela ne le condamne pas à perdre son identité, autre problème qui taraude notre société.

« Laissons ces événements se dérouler dans leur pureté de cristal », disait Raymond Barre, feignant le détachement. Il y a en effet des moments dans l’histoire des peuples où l’inéluctable ne peut que se produire. Et l’inéluctable, aujourd’hui, en France, c’est l’effondrement du système politique né en 1945, à la Libération, et consolidé, en 1958, par le général de Gaulle. Ce dernier a d’ailleurs raté l’occasion de mettre en œuvre ses idées sur la Sécurité sociale (« La Sécu, c’est bon pour un million de pauvres types ») en la confiant à l’Etat par les ordonnances de 1967 plutôt que de la laisser libre et sans monopole comme tout système mutualiste, ce quelle a toujours été dans son principe et qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

La bataille de France vient de commencer. Souhaitons-la ouverte et pacifique. Et que chacun ait à cœur d’y prendre part. Oui, l’Etat nous appartient et nous y sommes chez nous. Faisons en sorte d’en prendre les commandes dans un souci de civisme, de véritable justice et d’efficacité.

Claude Reichman



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