www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

13/7/08 Bernard Martoïa
Il faut prendre au sérieux les menaces                 nucléaires de l’Iran

La tension est montée d’un cran entre Israël et le régime religieux iranien. Mojtaba Zolnour, un religieux proche de l’Ayatollah Ali Khamenei, a déclaré, samedi 12 juillet 2008, à l’agence iranienne Fars News : « Les Etats-Unis savent très bien qu’au moindre geste contre l’Iran, Israël et trente-deux bases militaires américaines de la région qui ne sont pas hors de portée de nos missiles, seront détruits. »

A ceux qui prônent toujours une politique d’apaisement avec une théocratie qui considère que la vie sur terre ne vaut pas grand chose par rapport à la promesse d’un monde meilleur dans l’au-delà, imaginons que demain (2010 au plus tard selon des experts) ce pays se dote de la bombe nucléaire et qu’il fasse la même déclaration fracassante, on se trouvera inévitablement au bord d’un holocauste nucléaire.

La lecture de « The Road » (La Route a été traduit en français) de Cormac McCarthy – l’auteur a obtenu en 2007 le prix Pulitzer pour cet ouvrage - offre une image glaciale et terrifiante d’un père et de son fils traversant une Amérique détruite après un cataclysme. Pour leur survie, ils tentent de gagner la côte Est où ils espèrent trouver un climat moins rude qu’à l’intérieur des terres. Le soleil est totalement masqué par un nuage de cendre qui circule dans la stratosphère. Compte tenu de la baisse brutale de la température du globe, il neige abondamment dans un ciel bas et glauque. Le sol est couvert d’une neige salie par la cendre. Leur périple pathétique dévoile un monde où les rares survivants s’entretuent pour une boite de conserve. L’homme est devenu l’ennemi de chaque homme. Des bandes de gueux errent sur les routes. Le père apprend à son fils à survivre dans un univers retourné à l’âge de pierre.

Même si l’auteur se garde d’évoquer la cause de ce cataclysme, il n’y a que deux hypothèses réalistes à son scénario. Soit il s’agit d’un astéroïde géant, comme celui qui a heurté la terre, il y a soixante-dix millions d’années dans la péninsule du Yucatan, et qui a entraîné la disparition de 99 % des espèces sur la planète ! Soit il s’agit d’un hiver nucléaire provoqué par une réaction en chaîne de frappes nucléaires…

Qui peut nous assurer qu’en cas d’attaque nucléaire de la part d’un Etat terroriste, il y aurait un dispositif fiable à l’échelon international pour éviter une réaction en chaîne ? Le film de Stanley Kubrick de 1964 - Doctor Strangelove or how I learned to stop worrying and love the bomb – (Docteur Folamour, ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe) montre la pantomime des dirigeants en charge du destin de la planète. Nos dirigeants seraient-ils meilleurs que ceux campés par le génial Peter Sellers ?

Autre question que devraient se poser les attentistes : pourquoi le régime iranien serait-il moins dangereux lorsqu’il aura acquis sa bombe nucléaire ? Rien ne prouve, qu’une fois doté de l’arme nucléaire, il se comporte comme un acteur responsable sur la scène internationale. Pourquoi renoncerait-il au terrorisme qu’il exporte depuis trente ans ? Tout semble, au contraire, indiquer qu’une fois qu’il disposera de l’arme nucléaire, il redoublera d’activité dans ce domaine et bénéficiera, au surplus, de l’impunité que lui assurera un parapluie nucléaire. Peut-on se permettre de courir ce risque ? Autant de questions auxquelles nos dirigeants occidentaux, et en particulier les Européens, ne veulent absolument pas répondre. « Continuons à négocier même si les Iraniens se moquent éperdument de la nouvelle ligne rouge à ne pas franchir que nous leur avons tracée ! » Le seul acquis de ces difficiles années de négociation, c’est la certitude enfin établie que le régime iranien n’avait nullement l’intention, comme il le proclamait, de se doter d’un nucléaire civil. Le masque est tombé.

Les Ayatollahs veulent la bombe et ne s’en cachent plus. En défiant les Européens, ils ne risquent aucune sanction de leur part. En revanche, leur arrogance pourrait les desservir. On ne menace pas impunément un Etat de le rayer de la carte sans que celui-ci prenne très au sérieux la menace en question. Le politiquement correct a tué le Vieux Continent. Il est dommageable que le livre d’Adolf Hitler, « Mein Kampf » (Mon Combat) soit interdit de publication. Sa lecture serait utile pour comprendre comment un illuminé est arrivé au pouvoir et qu’il a tenu son engagement en provoquant, dans son sillage, une hécatombe d’une cinquantaine de millions de morts. Le parallèle avec le régime iranien vient tout naturellement à l’esprit même si le contexte géopolitique est différent.

Avec la menace grandissante de voir un Etat voyou se doter de l’arme nucléaire, se pose inévitablement la question de savoir comment l’en empêcher. Dans un article écrit par Justin Logan, le Cato Institute prône une improbable troisième voie : ni action militaire, ni acceptation de la bombe nucléaire. Il rejoint donc la voie de garage empruntée depuis cinq ans par les Européens. Ce n’est pas en faisant la politique de l’autruche que la question se réglera. L’enlisement de l’armée américaine en Irak a si fortement frappé les esprits qu’aucune action préemptive ne parait envisageable pour ce faucon. Ce n’est pas parce que des illuminés néo-conservateurs ont prôné une action préemptive contre un Etat qui n’avait pas d’armes de destruction massive, que cette option doit être écartée.

George Bush est non seulement coupable d’avoir abusé de cette option de frappe préemptive en invoquant une menace infondée, mais il est aussi coupable d’avoir abusé de la notion de secret défense devant les tribunaux. Dans un arrêt de 1953, US versus Reynold, la Cour Suprême a reconnu que l’exécutif pouvait invoquer le secret défense dans un procès l’opposant à la veuve Reynold d’un pilote victime du crash de son bombardier B-29. Son avocat invoquait la négligence dans l’entretien de l’avion mais l’administration s’opposa à une enquête qui aurait immanquablement divulgué la présence d’un matériel électronique secret qui était embarqué à bord de cet avion militaire. Selon une enquête menée par William Weaver et Robert Pallito de l’université d’El Paso au Texas, ce privilège de l’exécutif a été invoqué 55 fois depuis cet arrêt de la Cour Suprême en 1953 jusqu’en 2001 : soit une fois par an en moyenne. En revanche, l’administration Bush a eu recours à cet artifice 24 fois en sept ans !

Israël ne peut attendre le verdict de l’histoire car c’est sa survie qui est en jeu dans cette affaire iranienne. Un peuple tout entier qui fait l’objet d’une très sérieuse menace d’anéantissement (la shoah), les arguments d’un baril de pétrole à 1000 dollars avec la fermeture du détroit d’Ormuz et d’une dépression économique aussi grave que celle que nous avons connue dans les années trente le laissent de marbre. Des aviateurs israéliens s’entraînent méthodiquement à bombarder les installations nucléaires en Iran. Ils seraient à pied d’œuvre en Irak. La probabilité que le candidat démocrate emporte l’élection américaine rend très nerveux l’état-major israélien.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes entrés dans la période de tir idéale avant l’élection présidentielle américaine de novembre. Wall Street anticipe la guerre. Le Dow Jones Industrial Average, l’indice vedette, a perdu 20 % depuis le pic d’octobre 2007. C’est officiel : nous sommes entrés dans un « bear market. » Les ours ne font pas de quartier. Il n’y a pas que la crise des « subprimes » qui inquiète les investisseurs d’Outre-Atlantique... De son côté, la France est en transe depuis la libération d’une otage. Le réveil sera terrible pour cette nation endormie par les fariboles des rois fainéants qui se sont succédé, sans interruption, depuis 1974. A bon entendeur salut !

Bernard Martoïa

 

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme