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16/2/09 Bernard Martoïa

Pour l'installation sur les Champs-Élysées
d'une horloge électronique affichant en temps réel la dette de l'État français

"Sur l'écran apparaissent maintenant les images des cérémonies d'indépendance des anciens DOM-TOM. En Nouvelle-Calédonie, en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion, après de graves émeutes et un exode précipité des fonctionnaires métropolitains sous la protection de l'armée, les partis indépendantistes, qui dirigeaient déjà ces collectivités, avaient dû, volens nolens, suivre leur base exaltée et quitter le navire d'une France qui ne pouvait plus les entretenir. Ils allaient s'enfoncer dans le sous-développement et la dictature. Mais qu'y faire ? Fin 2013, des référendums avaient été organisés sous l'égide de l'ONU. Début 2014, le drapeau français était abaissé pour la dernière fois sur ces confettis de l'empire. Seules Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon restaient dans la République."

Tel est le scénario envisagé par Philippe Riès et Philippe Jaffré (aujourd’hui disparu) dans leur excellent livre intitulé "Le jour où la France a fait faillite" et publié en 2006 par Grasset. Vous trouverez cet extrait aux pages 355 et 366 de leur livre, qui n'a pas connu un grand succès. L'impréparation des esprits était trop grande pour qu'il en allât autrement. On le voit avec le succès des manifestations des professeurs réclamant toujours plus d'argent et de moyens à un État exsangue.

Depuis 1995, l'année où le gouvernement a reculé devant les grévistes cheminots, il était évident que notre nation allait sombrer un jour dans le chaos et l'anarchie. Il n'y a pas un homme d'État pour sauver le Titanic. Au risque de me répéter, mais il faut marteler quelques idées simples pour faire passer un message, un homme d'État se préoccupe de l'avenir de son pays, un politicien de sa carrière.

La seule inconnue qui demeure est le déroulement des événements. Serons-nous les spectateurs et les victimes impuissantes d'un scénario libanais (guerre civile), argentin (faillite de l'État) ou des deux simultanément ? A mon humble avis, la France va sombrer dans le chaos (guerre civile larvée) lorsque l'État ne pourra plus acheter la paix sociale dans les banlieues et les confetti de l'empire. La grève en Guadeloupe est un signe avant-coureur qui ne trompe pas. Les caisses de l'État sont vides. Il n'y a plus d'argent à distribuer.

L'État providence est confronté à un choix cornélien : soit il continue à taxer davantage les forces vives de la nation pour satisfaire les revendications sociales, soit il se renie et admet qu'il faut instaurer une longue période de rigueur pour écarter la faillite de l'Etat. Il a toujours refusé de se prononcer. L'élite technocratique a toujours crû trouver un expédient pour nous sortir d'affaire. C'est la grande cavalerie mise en place par les inspecteurs des finances à Bercy. Mais cela fait trop d'années que l'on rafistole les voies d'eau dans la cale du Titanic pour éviter un naufrage alors que la tempête fait rage. Cela nous ramène invariablement à la théorie des mauvais investissements de l'école autrichienne.

S'il y avait un capitaine à bord du Titanic, il se délesterait rapidement des objets encombrants (la privatisation de tous les services publics à l'exception de son pré carré régalien) pour faire remonter la ligne de flottaison de son navire. Nul ne peut prévoir l'avenir mais il est à craindre qu'une grosse lame déferlante passera un jour sur le pont. Jusqu'à présent, les mesures annoncées par le gouvernement se limitent à changer de place les transats sur le pont. On pourrait en rire si notre survie physique (guerre civile) et matérielle (banqueroute de l'Etat) n'était en jeu dans les graves événements qui se préparent. Nous sommes dans le même cercle vicieux qu'en 1930 : déflation, recul de la production, montée inexorable du chômage, protectionnisme et envolée des partis anticapitalistes.

Contrairement à beaucoup de politiciens qui ne s'intéressent qu'à leurs maîtresses et aux attributs du pouvoir (voiture de fonction, appartement luxueux, invitation sur les plateaux de télévision, voyage en première classe sur Air France), je n'ai de cesse, de mon côté, que de sauver mon pays de la guerre civile et de la banqueroute. De mon expérience new-yorkaise, je propose l'installation sur les Champs-Élysées d'un panneau électronique affichant la dette en temps réel de l'État français. Ce serait le meilleur moyen de sensibiliser le public.

Cette expérience fut réalisée en 1989 par Seymour Durst, un patron de l'immobilier new-yorkais qui s'inquiétait de l'endettement de son pays. Il fit installer, à ses frais, l'horloge électronique sur la sixième avenue à la hauteur de la quarante-deuxième rue, juste en face de Bryant Park pour ceux qui connaissent New York. Le panneau indique la dette nationale et, pour ceux qu’elle laisserait indifférents, la dette que cela représente pour chaque famille américaine. Quand Seymour l'installa, la dette américaine était de trois trillions de dollars, elle a dépassé dix trillions de dollars en 2008.

Elle fut malheureusement enlevée entre 2000 et 2002 lorsque la dette régressa. Seymour décéda en 1995. Son fils Douglas a repris le flambeau. Le panneau a été réinstallé en 2002. Il a fallu le changer en 2008 pour faire apparaître un nouveau digit lorsque la dette a dépassé le seuil critique des dix trillions de dollars. Mais il aurait fallu installer des panneaux dans toutes les grandes villes américaines et plus particulièrement en face du Capitole. L'ancien locataire de la Maison Blanche a réussi l'exploit de faire doubler la dette : de 5 trillions de dollars à 10 trillions de dollars.

Il faudra trouver l'argent et ensuite solliciter l'autorisation du maire Bertrand Delanoe. La mairie donne beaucoup d'argent à des associations dont l'existence même est sujette à caution. Pourquoi ne pas approcher le maire sur un sujet aussi vital pour l'avenir de notre nation ? Je proposerai donc le lancement d'un collectif lors du café politique du 27 février de "La révolution bleue" à la brasserie Le François Coppée.

Bernard Martoïa

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