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23/1/09 Bernard Martoïa
  Que les apprentis sorciers se fassent hara-kiri !

Pour les Keynésiens, c'est la demande qui commande l'économie. Si, durant une récession, les ménages ne consomment pas assez, c'est le rôle du gouvernement d'intervenir et d'accroître la demande globale pour soutenir la croissance. En annonçant des chiffres mirobolants de dépenses, ils ont voulu montrer leur détermination à éviter l'erreur commise en 1929 par l'administration Hoover. Une fois de plus, les Keynésiens confondent les causes et les effets pour paraphraser Carl Menger, le fondateur de l'école autrichienne. Comme en 1929, la crise actuelle est la conséquence (effet) de la politique monétariste laxiste menée par la Fed.

Plus grave, on assiste à un emballement de l'usine à gaz. En raison de l'activisme forcené des Keynésiens pour maintenir une croissance artificielle, les bulles spéculatives se forment plus rapidement et elles sont aussi dangereusement plus grosses. Entre la bulle Internet (1999) et la bulle immobilière (2006) il s'est écoulé à peine sept années. La destruction de richesse quand une bulle explose est également plus dévastatrice. Dans l'explosion de la bulle Internet cinq trillions de dollars se sont vaporisés sur le seul marché du NASDAQ. L'explosion de la bulle immobilière a déjà détruit quinze trillions de dollars sur les marchés internationaux. Trois fois plus et ce n'est pas fini ! C'est une décennie d'épargne détruite dans cette explosion nucléaire, déclenchée le 15 septembre 2008 par la faillite de la banque d'investissement Lehman Brothers. Bernanke et Paulson avaient voulu rétablir l'aléa moral (moral hazard) pour donner un avertissement au marché. Ces deux apprentis sorciers ont détruit le système bancaire international. Il n'y a pas d'autre alternative à une nationalisation de ce secteur sinistré.

Mais cette énième leçon n'a pas été retenue par les Keynésiens. Leur nouveau plan de relance sera forcément plus destructeur que les précédents. Ce ne seront plus des sociétés (bulle Internet) des ménages spéculateurs (supbrimes) ou des banques (bulle immobilière) qui vont faire faillite mais des États. Le journal Le Monde, peu suspect d'antipathie à l'égard de la théorie de Keynes, évoque benoîtement un krach du marché obligataire dans son numéro du 13 janvier 2009. Après avoir applaudi l'intervention massive des États, il s'aperçoit, un peu tard, des conséquences sur le marché obligataire. "Comment le marché va-t-il absorber les trois trillions de dollars d'émissions obligataires envisagées pour cette seule année 2009 ?" Bonne question de ces journalistes keynésiens qui découvrent, sans le vouloir, le grand principe de causalité exprimé par Carl Menger : "Tous les évènements sont sujets à la loi de la cause et de l'effet. Ce grand principe ne connaît pas d'exception, et nous chercherions en vain dans le monde réel un exemple contraire."

Au lieu de se donner le temps de la réflexion (examiner la cause du krach immobilier et bancaire et en tirer les conséquences qui s'imposent en laissant les ménages, les entreprises et les banques reconstituer leur épargne ou leurs fonds propres) les Keynésiens qui sont aux commandes appuient à fond sur la pédale de l'accélérateur. Ils se disent : "Ca passe ou ça casse !"

Le magazine Times a élu Barack Obama coureur automobile de l'année 2008. Par son physique métissé, son charme et son esprit chevaleresque, il fait penser au grand champion brésilien Ayrton Senna da Silva (1960-1994). Barack Obama fait, cette semaine, une entrée fracassante sur le grand circuit. Il a juré à ses fans de commencer en trombe la course. Il va mettre dans son bolide hybride une batterie et sur sa coque une éolienne et des panneaux solaires qui coûtent une fortune. Qu'à cela ne tienne ! La course doit durer quatre ans (2008-2012) mais il n'est pas certain qu'il la finisse…

Ayrton Senna gagna beaucoup de grands prix au cours de sa carrière jusqu'à celui de San Marin, lorsqu'il perdit le contrôle de son bolide dans le virage de Tamburello sur le circuit d'Imola. Il percuta le mur en béton à la vitesse de 217 km/h. Une collision fatale. Nous avons tous déploré la disparition de ce champion généreux et combatif. Mais après tout n'a-t-il pas eu le destin tragique qu'il méritait en voulant être l'égal d'un Fangio ? Cela nous ramène à la loi immuable de la cause (l'ambition démesurée d'un champion) et de l'effet (le risque de mourir).

La course à la relance keynésienne est plus folle que celle de la formule 1. Dans un grand prix, les coureurs savent les risques (mort ou brûlure grave) qu'ils encourent pour gagner la course. On ne peut en dire autant des Keynésiens qui n'ont ni le bagage technique ni le courage pour assumer les conséquences de leurs actes criminels. Sur le circuit loufoque keynésien des enfants innocents sont embarqués à bord de side-cars. Les adultes ne sont pas à plaindre car ils ont voté pour leur pilote, qu'il soit maire, conseiller général, député, sénateur ou président.

Pendant la guerre du Pacifique des militaires japonais assumèrent jusqu'au bout leurs responsabilités. Avec des moyens dérisoires, le général Tadamichi Kuribayashi commandant l'île d'Iwo Jima tint tête à l'armada déployée par les Américains. Sur les 21 000 défenseurs de l'île, seulement 216 survécurent au déluge de feu. L'histoire a accordé à ces braves la reconnaissance qu'ils méritent. Même Hollywood l'a reconnu à travers l'excellent film de Clint Eastwood : Lettres d'Iwo Jima.

N'attendez pas un tel sacrifice de la part des Keynésiens ! Quand le Titanic coulera, ils s'enfuiront à bord des chaloupes en laissant derrière eux des milliers de malheureux périr dans les eaux glacées. Si un pari était organisé aujourd'hui, il ne rapporterait rien aux vainqueurs. On a autant de chance de trouver un homme courageux dans le personnel politique que de gagner un voyage sur la Lune…

Bernard Martoïa


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