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24/10/09 Richard Hanlet

Quand un chirurgien se fait casser la gueule pour cause de gratuité !

Il est un phénomène psychologique constant, à savoir que la gratuité rabaisse, que ne pas payer "comme tout le monde" humilie, et que la plupart des gens vous pardonnent difficilement le bien que vous leur faites. C'est ainsi qu'on en arrive à des histoires comme celle ci.

Le docteur X. est un chirurgien qui ne se contente pas de faire excellemment son métier : il est aussi très actif dans de nombreux domaines caritatifs et dans la défense des droits de l'Homme. On aura compris qu'il ne fait donc pas partie de la cohorte aussi innombrable que fantasmée de ceux qui refusent de soigner les Aides médicales d’Etat (AME). C'est dans ce cadre qu'il opéra une patiente étrangère, qui n'eut donc rien à débourser. Jusqu'à ce qu'il apparaisse, lors d'une visite de contrôle, que son état nécessitait une médication non prise en charge.

- Payer ? Hors de question, s'exclame la dame. Gratuit, c'est gratuit !

Et derechef, elle exige que le chirurgien paye de sa poche la médication nécessaire...

Un peu interloqué (on le comprend), notre confrère explique que pour accueillant qu'il soit, notre pays ne pratique pas encore cet usage. Mais la femme, visiblement formatée par des "associatifs" ad hoc, insiste et vitupère. Tant et si bien qu'elle finit par aller chercher son ″compagnon" dans la salle d'attente, lequel entonne le même discours revendicatif. Même refus, poli mais ferme, du chirurgien. Résultat : le "compagnon" lui porte plusieurs coups de poings !

Si elle s'arrêtait là, l'histoire mériterait déjà de figurer dans l'anthologie de la décadence européenne que les générations futures, on l'espère, ne manqueront pas de dresser.

Mais ce n'est pas fini. Bien que peu procédurier de nature, notre confrère estime quand même justifié de marquer le coup en portant plainte à la police. Là, surprise ! Il apparaît que les papiers attestant des droits aux soins des revendicateurs sont faux... "Leur compte est bon", se dirait alors toute personne sensée. Eh bien pas du tout : c'est le chirurgien qui se fait remonter les bretelles par le policier, parangon du fonctionnaire qui finit par faire exactement le contraire de ce pour quoi le contribuable le paye : « Attention Docteur, apporter son concours à un étranger en situation irrégulière, c'est un délit ! » Sans compter l'hypothèse fort recevable d'une complicité d'escroquerie à la sécu ou à l'état (je ne mets pas de majuscule : j'ai un blocage).

Pourquoi les Français respecteraient ils les lois, si les étrangers ont le privilège de s'en dispenser ? Au fait, à qui le docteur X. doit il envoyer sa note d'honoraires aujourd'hui ? A M. Saout, du si vigilant ″Collectif inter associatif sur la santé″ (C.I.S.S.) ? A M. Schweitzer, de l'inénarrable HALDE ? Ou au Fonds CMU ? Nul doute que si le chirurgien avait été pris d'un soupçon et eût refusé d'opérer, ces officines de dénonciation permanente n'auraient pas manqué de dégainer leurs foudres... Car cette nouvelle caste de brahmanes du social ne fait jamais relâche.

Pour la simple raison qu'elle n'a pas pour mission d'assurer l'accès aux soins. Le vrai rôle de ces faux nez de l'étatisme, qui en récompense les nourrit fort bien avec notre argent, c'est de faire croire vingt ans après la chute du mur de Berlin, et pour les siècles à venir que dès qu'on sort du service public, on est dans le banditisme. Et que les libéraux seront toujours des forbans. On comprend mieux ainsi pourquoi cette cléricature ne sera jamais satisfaite.

Et comme toujours, ce sera aux indépendants de pallier les ravages de ces usines à gaz sociales, premières fabricantes de misère, même si leurs derniers bigots se payent systématiquement le luxe de les convoquer devant le tribunal de la morale avant d'aller s'empiffrer à nos frais entre gens irréprochables à la garden party de l’Élysée le 14 juillet.

Il y a un siècle exactement, Bernanos définissait ainsi ce qu'il appelait ″1'oeuvre du jacobin″ : « Toujours impuissant à délivrer des contraintes réelles, il ne détruit que ce qui les rend supportables aux hommes, c'est à dire le lien social. » Amusant, non ?

Si les organismes dits ″sociaux″ payaient sans discuter le tarif conventionnel, au lieu de contraindre les professionnels à effectuer une enquête de police sur les CMU C, les médecins traitants, les dates de validité de ceci, de péremption de cela, le tout en données corrigées des variations saisonnières... on n'en serait pas là.

Mais ce serait trop simple. Et surtout, des milliers de parasites devraient se trouver un vrai travail !

Docteur Richard Hanlet

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