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28/7/12 Charles Gave
 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les
    indices boursiers sans jamais oser le demander !

Si je ne devais dire qu’une chose : Se méfier des indices et de la gestion indicielle.

Depuis des années, je peste contre la gestion indicielle et contre les faux messages qu’envoient les indices sur la réalité de la bonne ou mauvaise santé des sociétés qui les composent. Une fois de plus, je vais y revenir et pour ce faire je vais procéder en deux étapes. Je vais d’abord montrer de façon visuelle, en utilisant un graphique, l’étendue du problème. Ensuite je m’efforcerai d’expliquer pourquoi la gestion indicielle est une monstruosité économique et amène à chaque fois à de graves « bear markets ».

1 L’étendue du problème

Standard & Poors a bâti l’indice de référence pour la bourse de New-York, communément appelé le S&P 500, puisqu’il contient 500 valeurs. Cet indice est calculé en fonction de la capitalisation boursière de chaque société, c’est-à-dire que les plus « grosses » sociétés représenteront 2 % à 3 % de l’indice, alors que les moins grosses pourront ne représentera que 0,1 % ou 0,2 %, voire moins du même indice. Fort heureusement, S&P publie aussi un indice des mêmes 500 sociétés où chacune des valeurs représente à tout moment 1/500 de l’indice. Exactement les mêmes valeurs sont donc présentes dans les deux indices, la seule différence étant la prise en compte ou non de la capitalisation boursière à tout moment.

Voici le graphique des deux indices depuis 1999 :

Si l’on en croit l’indice pondéré, la bourse de New-York n’a rien gagné depuis plus de 10 ans, ce qui nous inciterait à penser que les sociétés américaines, et donc l’économie US, connaîtraient de graves problèmes.

En revanche, si nous prenons les mêmes 500 sociétés et calculons un indice où chacune des valeurs représentent 1/500 de l’indice, nous voyons que l’indice est en hausse ininterrompue depuis 1999 et à presque doublé. Il est donc tout à fait évident que la grande majorité des sociétés US vont bien, toute tentative pour m’expliquer le contraire se verra opposer le dit graphique.

Reste une question : comment expliquer une telle différence alors que les deux indices ont exactement les mêmes composantes ?

Assez simplement. A la fin d’une grande hausse « thématique » comme nous en avons connu avec la bulle Internet, les valeurs du thème à la mode représentent une part disproportionnée de l’indice, et donc celui qui l’achète perd en quelque sorte le bénéfice de la diversification. Il se met à avoir un portefeuille concentré dans les valeurs qui ont le plus monté et qui donc vont sans doute le plus baisser … Ce qui nous amène au deuxième point.

2 Le désastre intellectuel représenté par l’indexation

Les marchés financiers ont un but et un seul : mesurer la rentabilité marginale du capital qui a été confié à chaque société. Si cette rentabilité est satisfaisante et en hausse, il faut détenir la valeur, sauf si son cours est ridiculement sous évalué. Dans le cas contraire, il faut vendre.

Or ce n’est pas du tout en fonction de ce critère qu’un indice pondéré fonctionne.
Imaginons que nous soyons en France et que le gouvernement décide d’introduire en bourse la Poste. Cette affaire aurait sans nul doute une énorme capitalisation boursière et chaque gérant dont la performance relative est mesurée contre l’indice français se retrouverait obligé d’acheter la Poste et de la mettre dans son portefeuille quelle que soit la rentabilité et les perspectives du monstre en question.

En termes simples, la gestion indicielle pondérée par la capitalisation boursière dirige le capital en fonction non pas de la rentabilité et de la valorisation, mais en fonction de la taille de la capitalisation boursière, ce qui revient à dire que les « gros » ont accès au capital et pas les petits, ce qui est une forme de socialisme et rien d’autre.

Qui plus est, plus une valeur monte, plus il faut en avoir, ce qui revient à avoir une gestion basée sur le « momentum » et non pas sur le retour à la moyenne. Pour faire simple, plus une valeur s’écarte de son cours d’équilibre en montant, plus il faut en avoir, ce qui est proprement idiot, le contraire étant vrai également.

Bref, la gestion indicielle, inventée par des capitalistes dans le temple du capitalisme, Wall Street, est une incroyable stupidité garantissant une mauvaise allocation du capital sur le moyen terme et donc garantissant aussi des alternatives de marchés haussiers et baissiers qui apparaissent au non spécialiste comme n’ayant ni rime ni raison ( à juste titre).

Prenons un exemple actuel:

Cela fait quatre ans que je dis à mes fidèles lecteurs de n’avoir aucune banque ou aucune compagnie d’assurance dans leur portefeuille en raison du désastre qui s’annonçait avec l’euro. Ces valeurs représentaient il a y quatre ans plus de 30 % de l’indice français. Le gérant qui aurait eu les 70 % restants aurait très bien fait. Malheureusement, nombre de gérants ont l’interdiction formelle de s’écarter sensiblement de l’indice contre lequel ils sont mesurés et ont donc ramassé une énorme culotte, sans pouvoir rien faire.

Peut-on imaginer système plus idiot pour la gestion de ce bien rare entre tous qu’est le capital ?

Conclusion

L’économie et les sociétés américaines vont bien et il en est de même de nombre de sociétés françaises qui ont peu à voir avec toutes ces idées stupides allant de l’indexation à l’euro, en passant par la théorie moderne des portefeuilles ou celle du marché efficient, et qui sont véhiculées par une classe bancaire, administrative et politique dont la suffisance intellectuelle n’a d’équivalence que l’incompétence.

Il faut se souvenir, quand on fait de la gestion, de ce que disait Montesquieu : « J’aime les gens de mon village qui n’en savent pas assez pour raisonner de travers ». Il faut laisser tomber toutes ces théories modernes et fumeuses et gérer son argent soi même en n’achetant que ce que chaque lecteur comprend, et rien d’autre.

Les résultats suivront…

Charles Gave


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