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17/9/13 Charles Gave
               L’économie s’effondre parce que les   
                  entrepreneurs sont persécutés !

                  

Choisir de devenir entrepreneur c’est répondre à une vocation. Je voudrais approfondir ici cette notion essentielle en rappelant que du succès des entrepreneurs, et de ce succès seul, dépend la croissance et donc les emplois et l’évolution du chômage.

Pour paraphraser De Gaulle : « L’emploi, l’emploi, disent-ils en sautant comme des cabris sur leurs chaises. » Les politiques depuis des lustres nous expliquent en effet, avant chaque élection, qu’ils ont des remèdes miracles pour « créer des emplois », en général en dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas. La discussion tourne toujours autour de la question du « comment ». Comment dépenser cet argent pour faire baisser le chômage et créer des emplois? Et pourtant, comme l’avait avoué piteusement le président Mitterrand : « Nous avons tout essayé, et rien n’a marché », ce qui ne les empêche cependant pas de continuer. Comme si l’Etat qui dépense de l’argent créait quoi que ce soit…

Or cet échec est parfaitement compréhensible. Pour arriver aux résultats espérés, il y a une question à poser et une seule : non pas « comment créer des emplois », la sempiternelle question qui nous mène d’échec en échec et qui laisse à penser qu’il existe une boîte à outils quelque part et que l’économie serait comme une machine à vapeur qu’il faudrait simplement mieux régler, mais plus simplement « qui » créé des emplois.

Dés que l’on fait ce glissement sémantique, tout devient simple. A la question, qui crée des emplois, la réponse est toujours la même, et ce dans tous les pays du monde : les entrepreneurs créent des emplois, et personne d’autre. Un homme, une femme reçoivent un autre homme, une autre femme dans un bureau ou sur un chantier et se mettent d’accord entre eux librement, le premier (ou la première) acceptant de payer un salaire au second (ou à la seconde) et le deuxième acceptant de mettre sa force de travail à la disposition du premier, et cela en toute bonne foi de part et d’autre. Ils se rencontrent, ils se plaisent, ils se serrent la main, et voilà un nouveau job créé.

L’économie, ce n’est pas le PIB, la balance commerciale, l’inflation, le déficit budgétaire, la dette, mais ce sont des individus qui se rencontrent et qui acceptent librement et en confiance de travailler ensemble ou de commercer l’un avec l’autre en respectant les lois existantes et le contrat passé entre eux. Aux USA, où nous disposons des chiffres, plus de 90 % des emplois nouveaux sont crées par des entreprises qui ont moins de trois ans d’âge. Les grandes entreprises par contre détruisent des emplois par solde. Il en est certainement de même en France. Et plus il y a de fonctionnaires en pourcentage de la population active, plus le chômage est élevé. La question donc se pose immédiatement : qu’est-ce qu’un entrepreneur ?

Réponse : c’est quelqu’un qui accepte de vivre avec des coûts certains (les salaires de ses employés, les loyers, les frais généraux, les impôts, les charges sociales etc.) et avec des revenus totalement incertains (il ne peut pas forcer ses clients à acheter ses produits en s’appuyant sur un monopole octroyé par l’Etat, contrairement par exemple à la Sécurité sociale ou à la SNCF). Si ses coûts sont inférieurs à ses ventes, il fera un profit, qu’il s’empressera de mettre en réserve dans le capital de sa société pour le cas où les choses tourneraient mal, non sans avoir au préalable payé des impôts. Si les ventes sont inférieures aux coûts, il fait des pertes et peut perdre tout le capital qu’il avait mis à la disposition de son entreprise, et là l’Etat ne participe pas aux pertes. Dans le cas où il fait faillite, il n’a droit ni au chômage ni à de quelconques indemnités.

 L’entrepreneur vit donc perpétuellement dans l’angoisse et l’incertitude, au point que c’est lui qui meurt le plus tôt dans toutes les statistiques démographiques. Car la réalité est que plus des deux tiers des sociétés créées à un moment donné ne sont plus là trois ans après et donc que les 2/3 des entrepreneurs échouent. Mais le tiers qui aura survécu sera à l’origine de quasiment toute la croissance économique pendant cette période. Sans entrepreneur, pas de croissance économique, pas de croissance des revenus et pas de baisse du chômage. Avec lui, tout est possible. Sans lui tout est impossible.

L’entrepreneur est de fait celui qui dans le système économique est le seul à accepter de vivre en risque perpétuellement. Il est l’intermédiaire entre le risque et la société, une sorte de métal laissant passer le courant de la croissance. Toutes les études montrent également que si les profits des entrepreneurs montent, le chômage baisse et que si les profits baissent, le chômage monte. Cette réalité est appelée « le théorème de Schmidt », du nom de l’ancien chancelier social-démocrate allemand, et s’énonce comme suit : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain. »

Vérifions cette réalité en comparant la croissance des profits réalisés par les entreprises opérant en France (rien à voir avec les profits du CAC 40), par rapport à l’évolution du PIB français, en gardant en mémoire une règle toute simple : si les profits augmentent moins vite que le PIB, cela veut dire que le chômage va monter.



La ligne verte, c’est la variation sur deux ans des profits des sociétés opérant en France (marge brute d’autofinancement) en termes nominaux. La ligne bleue, c’est la croissance du PIB sur la même période, quant à la ligne rouge (échelle de droite), elle représente l’évolution du chômage.

Analysons ces trois variables par cycle présidentiel depuis 1969.

Pendant les années Pompidou, l’entrepreneur est respecté et respectable, la croissance des profits reste supérieure à la croissance du PIB. J’ai toujours pensé que la disparition du président Pompidou avait été le vrai drame dont la France ne s’est jamais remise, car juste après vint l’effroyable présidence Giscard.

De 1974 à 1981, l’homme du libéralisme avancé accumule les erreurs. Contrôle des prix, contrôle des changes, contrôle du crédit, politique industrielle, création du SME (l’ancêtre de l’euro), alourdissement de la pression fiscale et réglementaire, rien ne manque à l’appel. Résultat : les profits s’écroulent et le chômage explose à la hausse.

Arrivent les années Mitterrand. Au début, toutes les erreurs sont commises et du coup le franc français s’écroule (trois dévaluations en deux ans), ce qui est une excellente nouvelle pour les entrepreneurs dans la mesure où une baisse du taux de change est un transfert de richesse des rentiers, les fonctionnaires, aux preneurs de risque, les entrepreneurs…Les profits montent, et le chômage baisse, aidé dans la deuxième partie du mandat par la remarquable politique d’un homme du peuple disparu trop tôt lui aussi, Bérégovoy.

Arrive le deuxième mandat de Mitterrand, marqué par la prise de pouvoir du deuxième inspecteur des Finances (après Giscard) à avoir presque tout seul ruiné l’économie française, M.Trichet, qui en quelques années a détruit plus d’entreprises que personne ne l’a jamais fait dans l’histoire avec sa politique de maintien d’une parité fixe avec le DM après la réunification allemande. Inutile de dire que la rentabilité s’écroule et que le chômage explose.

Puis viennent les présidences Chirac et Sarkozy, où rien n’est fait, mais rien d’irréparable non plus… ce qui est déjà un résultat honorable.

Et nous terminons avec la présidence Hollande (« Pour avoir un pays bas, votez Hollande. »), qui refait exactement les mêmes erreurs que M. Mitterrand, mais cette fois-ci sans l’ajustement des dévaluations répétées, et pour la première fois dans l’histoire depuis 1945, la marge brute d’autofinancement des entreprises baisse en termes absolus. C’est donc dire que le chômage explose et va continuer d’exploser dans des proportions rarement constatées, et avec lui les déficits budgétaires. 2014 et 2015 vont être chauds !

Donc, depuis Giscard, la politique française a toujours fonctionné selon le principe marxiste que l’entrepreneur est un voleur et qu’une bonne politique consiste à lui « faire rendre gorge ». On n’imagine rien de plus stupide… et on en voit le résultat tous les jours. Une politique intelligente ne cherchera cependant pas à « aider » les entrepreneurs, car un libéral ne peut en aucun cas favoriser qui que ce soit tant il croit avant tout à l’égalité de chacun devant la loi. Mais la réalité d’aujourd’hui est que les entrepreneurs français ne peuvent survivre tant ils sont écrasés par l’Etat, ses réglementations absurdes et ses impôts qui empêchent d’investir et d’embaucher.

Les entrepreneurs français sont donc complètement persécutés, comme autrefois pouvaient l’être les protestants où les israélites, et comme toujours par le clergé régissant l’église dominante (le parti socialiste aujourd’hui, l’église catholique autrefois…)

Il ne s’agit pas d’aider les entrepreneurs, mais bien de briser leurs chaînes, de libérer Atlas en quelque sorte (fine allusion à Ayn Rand). Une politique libérale s’attachera donc à libérer les entrepreneurs français de toutes les contraintes abusives auxquelles ils sont soumis pour permettre le grand retour des preneurs de risque sur la scène économique de notre pays.

Charles Gave

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