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30/9/09 Charles Gave

La France pratique la cavalerie financière au grand galop !

La France est en train de rentrer à toute allure dans une «trappe à dettes» pour reprendre l'expression imagée de Keynes, c'est à dire dans une période où le service de la dette commence à croître de façon exponentielle et où, pour parler brutalement, le pays pratique la cavalerie financière au grand galop. On emprunte de plus en plus pour simplement payer les intérêts sur les stocks de dettes existants, lesquels se mettent à croître de façon incontrôlable, ce qui veut dire qu'il y a de moins en moins d'argent pour le reste (Éducation nationale, défense, police, justice, service des retraites), un peu comme avant 1789... À cette aune, M. Ponzi apparaît comme un aimable amateur. Si rien n'est fait, nous avons à l'arrivée la faillite et la ruine des petits épargnants qui avaient leurs comptes d'assurance bourrés d'obligations de l’État français au prétexte que cela leur procurait des avantages fiscaux. Pour éviter la faillite, une seule solution: la décroissance de l'État.

Pour s'en sortir, il est nécessaire d'organiser une refonte fondamentale de l'État avec une diminution drastique de son rôle : diminution de son périmètre, privatisations, gestion au mérite des personnels, allongement de la durée du travail, etc. Comme c'est la seule solution possible, elle sera retenue, non sans que l'on ait essayé toutes les autres avant. J'ai tendance à penser que, de même que seul un général pouvait nous faire sortir du bourbier algérien, seul un socialiste pourra s'occuper de cette tâche. Mais je peux me tromper, ce qui, je dois le reconnaître, m'arrive souvent en politique.

Cette Révolution a t elle eu lieu ailleurs?

La réponse est oui : le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine, la Suède (les Français feraient bien d'étudier ce qui s'est passé en Suède depuis la faillite de ce pays en 1992), la Grande Bretagne sous Thatcher, et bien d'autres encore ont procédé à ce nettoyage des écuries dAugias. C'est donc faisable, mais Dieu que c'est difficile à imaginer pour notre pays, tout confit qu'il est dans sa religion étatique et sa quête éperdue de sécurité.

La conséquence inéluctable de ce qui est avéré (I'État français est en train d'arriver aux limites de ses capacités d'endettement) est donc assez simple : nous n'allons pas vers un accroissement mais vers un profond recul du rôle de l'État, et cela à relativement court terme. Voilà une première conclusion bien surprenante et qui ne semble pas partagée par grand monde. C'est la raison pour laquelle cela se produira... En attendant ce jour béni, le pauvre secteur privé, telle la petite chèvre de M. Seguin, lutte contre le loup étatique depuis des lustres. Il est fort à craindre que d'un seul coup, la pauvre bête ne décide qu'elle n'en puisse plus et se couche à l'aube pour se laisser dévorer par le loup... C'est bien entendu à ce moment là que nous saurons que l'État devra être et sera reformé et qu'il faudra acheter des actifs en France, massivement. En attendant ce moment fatidique, il est urgent de n'y rien faire.

Charles Gave

Extrait de « Libéral mais non coupable » de Charles Gave, (Bourin éditeur).

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