www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

6/2/10 Claude Reichman

La France est la principale responsable du cataclysme européen !

La crise mondiale fait voler l’Europe en éclats. Et c’est la France qui est la principale responsable de cette catastrophe.

La construction européenne s’est faite sur un principe simple : il s’agissait d’unir dans un marché commun, puis dans un espace sans frontières intérieures des pays qui s’étaient fait la guerre pendant des siècles afin d’en finir avec ces conflits désastreux. Le but a été atteint et seize des Etats membres de l’Union européenne ont en outre adopté une monnaie unique, l’euro.

La zone monétaire ainsi créée n’était certainement pas optimale, si l’on se fonde sur l’analyse du prix Nobel d’économie, Robert Mundell. Elle ne bénéficie ni d’un gouvernement central, capable de définir et de mener une politique économique et sociale, ni de la possibilité pour les citoyens de passer facilement d’un pays à l’autre en cas de difficultés d’emploi dans l’un d’entre eux, et ce faute d’une langue et de règles administratives et fiscales communes.

Pendant un peu plus d’une dizaine d’années, la zone euro a fonctionné convenablement, la croissance mondiale gommant les différences de situation entre ses divers Etats. Les observateurs lucides voyaient bien pourtant que les taux d’intérêts fixés par la Banque centrale européenne ne pouvaient convenir à la fois à l’Allemagne et à l’Espagne ou à l’Irlande, où se créaient de gigantesques bulles immobilières, ou encore à la France qui, incapable de diminuer ses dépenses publiques, souffrait d’une perte dramatique de compétitivité et voyait disparaître son industrie tandis que son chômage de masse, installé depuis le premier choc pétrolier, ne diminuait pas. Il était dès lors évident que la première grande crise économique sonnerait, pour la zone euro, l’heure de vérité. Nous y sommes.

Si la zone euro éclate, les conséquences seront redoutables pour tous les Etats. Obligés de revenir à une monnaie nationale, avec les graves soubresauts que la simple difficulté technique de l’exercice ne manquera pas de provoquer, ils verront surtout s’instaurer une féroce compétition entre eux pour parvenir à financer les dettes abyssales qu’ils ont créées, avec à la clé d’inévitables politiques d’austérité qui engendreront des troubles sociaux et politiques qu’on n’a pas vus en Europe depuis les années trente.

Et de tout cela, c’est la France qui est responsable. Pourquoi ? Parce qu’elle a follement refusé d’entériner les conséquences du traité sur l’Union qui obligeait les Etats à instaurer la concurrence dans leurs systèmes de protection sociale afin de faire face à la concurrence européenne et mondiale et que, se fondant sur son refus et son immobilisme, les autres membres de l’Union n’ont pas fait grand-chose non plus pour en finir avec les Etats-providence qui plombent leur compétitivité.

On le sait, la France vit sur l’idée que c’est son système social qu’il faut préserver avant tout. On en est même arrivé à dire récemment qu’il est le principal constituant de l’identité nationale de notre pays. Au fou ! Un système qui condamne un pays à la ruine doit être de toute urgence radié du cadre national et remplacé par un autre qui redonne ses chances au pays.

Telle est la raison pour laquelle nous avons mené depuis bientôt dix-neuf ans un combat acharné contre le monopole de la sécurité sociale. Nous avons contraint les pouvoirs publics français à transposer dans le droit national toutes les dispositions des directives européennes supprimant ce monopole, mais le gouvernement actuel, comme ses prédécesseurs, se refuse encore à les appliquer.

Si cela avait été fait dans les délais prévus par les textes que la France a signés avec tous ses partenaires européens, la crise actuelle n’aurait pas pris le tour cataclysmique qu’elle connaît. Pendant les quatorze ans écoulés entre la date d’application des directives communautaires et l’éclatement de la crise mondiale, l’Europe aurait assis sa prospérité sur des bases solides et durables, au lieu de végéter dans une croissance anémique ou artificielle, et son tissu économique, vivifié par l’allègement général des charges sociales pesant sur l’activité, aurait eu la capacité de résister au choc de la crise et de rebondir rapidement. Or ce que le consensus des économistes nous annonce, c’est une longue période de stagnation économique pour l’Europe, tandis que les Etats moins alourdis de dépenses publiques et ceux des pays émergents vont renouer avec une croissance soutenue.

L’histoire jugera sévèrement les personnages irresponsables qui se sont succédé à la tête de la France depuis des décennies et singulièrement depuis le début des années quatre-vingt dix. Et il restera à ceux que l’explosion actuelle va amener à la tête de l’Etat à solder les comptes du passé – ce qui sera cruel pour tout le monde – et à instaurer en France une démocratie moderne et efficace sans laquelle notre pays sombrera définitivement dans l’abîme qui en a englouti tant d’autres au fil du temps. Je récuse ce destin, tout comme les très nombreux Français qui se reconnaissent dans notre action et que nous appelons d’ores et déjà à prendre leurs responsabilités.

Claude Reichman
Président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS),
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme