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La France est en faillite, l'histoire va se mettre en marche

16/10/04 Claude Reichman
Pas un jour ne se passe en France sans qu'on apprenne la mise en redressement judiciaire de plusieurs entreprises ou leur liquidation, à moins que ce ne soit leur délocalisation, avec les licenciements qui les accompagnent. Et le gouvernement assiste, impuissant, à l'implacable déroulement de ce drame national. N'y a-t-il donc rien à faire ? Si, bien sûr. Les remèdes existent. Il faut baisser les dépenses publiques, réduire les impôts et les charges sociales, diminuer fortement le nombre de fonctionnaires et sabrer hardiment la jungle des formalités administratives. MM Chirac et Raffarin ne font rien de tout cela. Comme ils ne sont pas stupides, il faut chercher ailleurs la raison de leur criminelle attitude. La vérité est qu'ils ont partie liée, comme tous les politiciens du système, avec la société de prélèvements et de redistribution qui s'est progressivement imposée en France depuis un demi-siècle et qu'ils ne peuvent la bouleverser sans perdre leur pouvoir. Entre leur intérêt de politicien et celui de la France, ils ont choisi, et ce n'est pas la France qui a gagné.

Le système économique et social français est ainsi fait qu'il interdit à ceux qui gagnent leur vie en vendant leur temps, c'est-à-dire à tous les salariés et les professionnels indépendants, d'améliorer leur situation en travaillant davantage. Par le jeu de la fiscalité et des charges sociales, le compteur de leur revenu reste bloqué à un niveau qui ne correspond pas à leur compétence et à leur effort. En revanche, s'ils accèdent au statut de parlementaire, ils disposent de revenus nets trois à quatre fois plus importants. On comprend qu'ils soient prêts à tout pour n'être pas exclus de cet Eden. Ils deviennent alors les serviteurs obéissants des technocrates qui dirigent le pays et dont dépend leur investiture aux élections suivantes ou, en cas d'échec, leur reclassement dans une fonction rémunérée par l'argent public. La plupart des parlementaires battus ont un métier. Ils ne le reprennent jamais. On vient d'attribuer le prix Nobel d'économie à un universitaire américain, Edward Prescott, qui a notamment établi que l'incitation à travailler des salariés d'Outre Atlantique avait été considérablement renforcée par le fort abaissement de la tranche marginale supérieure de l'impôt sur le revenu au cours des années 80.

La scandaleuse mise à sac de la richesse française

Une telle occurrence ne risque évidemment pas de se produire en France avec la classe politique actuelle. Les technocrates doivent leur pouvoir à la mise en servitude de la classe laborieuse au profit de l'immense cohorte des paresseux et à la multiplication sans fin des organismes publics qui offrent à ces hauts fonctionnaires des postes grassement rémunérés et ne demandant aucun travail. Les députés et sénateurs issus des rangs de la classe laborieuse ne dérangent en rien cette profitable organisation de peur d'être condamnés à retourner dans l'enfer du travail. Quant aux autres, venant de la fonction publique, ils peuvent retrouver leur ancienne fonction mais en beaucoup mieux, car ils ont progressé dans la hiérarchie pendant leur mandat et ils ne manque pas de juteuses prébendes dans le somptueux édifice de l'administration française.

Nous sommes donc condamnés à une révolution si nous voulons voir disparaître cette scandaleuse mise à sac de la richesse française et sauver notre pays de la ruine. Car on n'imagine pas les politiciens du système se faire hara-kiri en réformant la France. Bien entendu, tant que les choses allaient à peu près bien, il était vain d'espérer un sursaut du peuple. Mais aujourd'hui que la France est en faillite et que chacun est touché ou va l'être bientôt, un grand mouvement populaire devient non seulement possible mais certain. Il peut toutefois tourner au profit des démagogues de l'extrême gauche qui sont parvenus à infiltrer leurs idées hostiles à l'effort et au mérite dans tous les médias et à se rendre sympathiques à beaucoup de gens qui ne partagent pourtant pas leur délire. Qu'on songe au slogan du poupin " facteur " Besancenot, porte drapeau de la Ligue communiste révolutionnaire : " Il ne faut pas perdre son temps à gagner sa vie " ! Il n'y a rien de contradictoire, dans cette formule, avec les principes et le mode d'existence de la classe politique française actuelle. C'est même exactement ce qu'elle pense. On comprend que les journalistes, jamais en peine de flatterie envers le pouvoir, offrent le relais de leur tribunes et de leur expression à de tels personnages ou reprennent pieusement les expressions d'un José Bové qui ne casse pas le bien d'autrui mais le " démonte ". Les plumitifs et les bavasseurs de la presse portent une responsabilité colossale dans l'effondrement de la mentalité française. En accréditant les insanités de l'extrême gauche et de la technocratie réunies, ils dressent un tableau désespérant aux yeux des citoyens et contribuent de façon décisive au renoncement national. Il y a certes des exceptions dans cette pitoyable cohorte. Quelques journalistes - et nous les connaissons - sauvent l'honneur de leur profession, en enquêtant sur les vrais scandales ou en s'exprimant courageusement. Mais leur voix est vite recouverte par la lâcheté et la déréliction ambiantes.

Dans le désastre français actuel, qui va hélas dérouler chaque jour un peu plus ses fastes diaboliques, nous ne pouvons compter que sur ce qu'il reste de santé morale et de lucidité au peuple. Beaucoup d'amis me disent que c'est un vain espoir. Je suis certain qu'ils se trompent. Mais nous sommes d'accord, les uns et les autres, pour trouver le temps long. C'est que le rythme de l'histoire et celui des hommes n'est pas le même. Pourtant tout indique qu'en France ils vont bientôt se rencontrer.

Claude Reichman


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